Nous avons interrogé Benoît Perrin, nouveau directeur général de Contribuables Associés :
Selon vous la réforme des retraites va-t-elle dans le bon sens ?
Aujourd’hui, 1,7 actif cotise pour un retraité. Compte tenu d’une natalité en berne, ce système n’est pas tenable à court terme, sauf à baisser drastiquement le montant des pensions (ce qui serait injuste) ou à augmenter encore davantage les cotisations sociales des actifs (ce qui serait tout aussi injuste). Pour autant, la réforme proposée par le gouvernement comporte au moins X angles morts ou plutôt X injustices flagrantes.
La première concerne la base de calcul des retraites : un fonctionnaire verra sa retraite calculée sur les 6 derniers mois, alors que ce sont les 25 dernières années qui sont prises en compte dans le privé.
La seconde repose sur le fait que les fonctionnaires doivent depuis 2005 adhérer à la RAFP (retraite additionnelle de la fonction publique). Ce fonds de pension par capitalisation est réservé aux trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière) et aux militaires. Depuis sa création, le régime a délivré un taux de rendement interne annualisé de 5,6% avec une pointe à 7,9% en 2021, année où l’inflation patinait encore sous les 2%. Pourquoi priver le privé de telles performances ? Dans de nombreux pays où la capitalisation a été introduite, on observe que la rentabilité annuelle moyenne des placements en actions est supérieure au « rendement » de la répartition, conditionné par la croissance de la population active et la productivité du travail. En faisant le choix de la seule répartition pour le privé, le gouvernement fait celui de continuer à voir la performance des retraites tricolores décliner par rapport aux pays de l’OCDE équipés d’un système mixte.
Enfin, troisième injustice majeure, si les principaux régimes spéciaux sont enfin supprimés, la réforme ne s’appliquera pas avant 2025 pour les agents concernés. Et ce, alors que la réforme pour le régime général démarre dès le 1er septembre prochain. Pourquoi ce traitement de faveur ?
Bruno Le Maire a récemment déclaré que le gouvernement était déterminé à faire baisser la dette publique. Faut-il le croire ?
On aimerait bien, mais notre ministre des Finances ne nous a que trop habitué au retournement de veste. Le ministre de l’Économie positionne le rétablissement des finances publiques au centre du débat après avoir pratiqué une politique inverse depuis 2017. Mais nos problèmes ne datent pas d’hier. Je rappelle que depuis 1975, pas un seul budget n’a été voté en équilibre par le Parlement français. Aujourd’hui, la dette publique officielle (sans compter la dette « hors bilan » qui tient compte notamment des paiements futurs des retraites des agents publics) atteint 2 956,8 milliards d’euros. Malgré des impôts et des taxes maintenus à des taux exorbitants, l’État dépense plus qu’il ne prélève sur les contribuables, renvoyant sur le dos des générations futures le règlement des dépenses du moment. Contribuables Associés réclame l’abandon de cette politique égoïste et dévastatrice que les dirigeants politiques de tout bord poursuivent depuis des décennies. L’État vit nettement au-dessus de nos moyens, il doit couper dans ses dépenses, traquer les gaspillages et réduire son train de vie. Le Parlement doit exiger l’équilibre budgétaire et le Gouvernement doit concrétiser les bonnes intentions affichées et lancer, sans délai, une campagne de désendettement.
Quelle réforme entreprendre sans délai ?
Il faut revoir les effectifs d’une fonction publique pléthorique. Selon les chiffres fournis par le gouvernement, les effectifs des agents publics ont progressé de 22% depuis 1997. La France compte aujourd’hui 5,7 millions agents publics, Les effectifs du secteur public – plus d’un employé sur cinq en France – sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE ; c’est le double de l’Allemagne (11 %) et de la Suisse, où les emplois administrés représentent à peine plus de… 10 % des salariés. Et ce ne sont pas pour autant des pays du Tiers-Monde, bien au contraire… Il existe des solutions : geler les embauches de fonctionnaires et supprimer le statut général de la fonction publique, à l’exception des fonctions régaliennes. C’est l’option choisie par la plupart des grands pays européens – Espagne, Italie, Suisse, Allemagne, Royaume-Uni – qui n’accordent un statut spécial qu’à leurs fonctionnaires régaliens, ceux dont dépend la souveraineté de l’État : diplomates, militaires, policiers, et magistrats. Compte tenu de la sur-administration française, le basculement vers des contrats de droit privé et le gel de l’embauche d’agents publics, hors missions régaliennes, aurait un impact positif sur les finances de la Nation, sans dégrader la qualité du service au public.
Chouan85
Petite précisions sur les retraites de fonctionnaires (eh oui, nul n’est parfait!!!)
Le revenu d’un fonctionnaire est basé sur un salaire (la fameuse grille indiciaire) et des primes qui peuvent représenter jusqu’à 40 % et plus du revenu. C’était le moyen utilisé par l’Etat et les collectivités pour être attractif par rapport au privé, notamment dans les années fastes. Ces primes provenaient de la maîtrise d’oeuvre que les services techniques de l’Etat et autres collectivités assuraient.
Si ces primes sont prises en compte pour le calcul de l’impôt, elle ne pas prises en compte pour le calcul du montant de la retraite et par conséquent les 75% des 6 derniers mois correspondent en réalité à 75% de 60%, soit 45% du revenus total. On est donc loin d’un ultra privilège par rapport au privé.
Pour ma part, compte tenu que j’élève une famille nombreuse, ce recul de l’âge de la retraite ne me concerne pas car je vais aller jusqu’à la limite qu’autorise actuellement la loi pour les cadres, soit 67 ans. Et si cette limite s’allonge je l’utiliserai.
Mais le fonds du problème est la dénatalité. Sans enfants pas de retraite par répartition. A noter également que le RAPF est une telle usine à gaz et ne concerne qu’une très faible partie des revenus, qu’elle n’est pas intéressante. Il vaut mieux se constituer un “bas de laine” indépendant.
Cosaque
Capitalisations, capitalisations… je ne suis pas un spécialiste en ce domaine mais visiblement de gros fonds de pension comme Blackrock sont visiblement très intéressés par ces énormes sommes. Le capitalisme a du bon mais pas le libéralisme qui sans limite tue au sens propre les PME et TPE.
Pour ce qui est de la dette, stop à la culpabilisation. Certes, il y a d’énorme gabegies mais n’oublions jamais que cette dette est en très grande majorité illégitime et… mathématiquement irremboursable. Je m’explique la plus grosse partie de la dette n’est dû qu’à cause de taux d’intérêts que la Bible dénonce comme usuriers. Et une question demeure à qui doit-on ces sommes colossales ? Officiellement, c’est un secret d’État.
Ce n’est pas pour rien que les papes n’ont cesser de promouvoir l’abolition de la dette des pays pauvres et non leur reduction qui ne sert à rien. Tous les 20 ans, environ une dette double…
Cosaque
Et comme rapporté par M.Blachier dans la vidéo précédente, la crise Covid nous a coûté la bagatelle de… 400 milliards. Voilà, voilà.