Réflexions de Jeanne Smits sur la réforme du lycée :
"on notera que le Président devait s’exprimer – à l’Elysée, bien sûr ! – devant un parterre de plusieurs centaines de professeurs et responsables de l’Education, et des lycéens, dont l’approbation, comme nous allons le voir, est cruciale. En revanche, les parents d’élèves n’étaient pas invités ès qualités. On en arriverait presque à oublier combien cet «oubli» est scandaleux et aberrant : ce sont pourtant les parents qui sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants et c’est d’abord à eux que les établissements scolaires devraient rendre des comptes. […]
Le contenu de la réforme, nous disait-on avant le discours présidentiel, a pour objet d’apporter des réponses concrètes aux dysfonctionnements d’une institution qui accueille une proportion croissante des jeunes et qui les prépare insuffisamment aux études supérieures […].
Il ne sert de rien de vouloir retarder la date de l’orientation définitive en filière littéraire, scientifique ou technologique jusque après la classe de seconde, même si ce n’est pas en soi une mauvaise idée, si les fondements de l’apprentissage du français et des mathématiques ne sont pas réellement enseignés dans le primaire et au collège. […] D’autant que souvent, ce n’est pas de leur faute, mais la simple conséquence du « pédagogisme » qui empêche les jeunes de comprendre ce qu’on leur fait faire.
Une nouveauté […] mériterait à elle seule une longue critique : celle d’internationaliser les filières aujourd’hui dévalorisées en les centrant sur l’apprentissage, surtout oral, des langues et des cultures étrangères. Cela présente un intérêt technique et commercial évident, mais pourrait achever ce qui reste de culture humaniste au lycée. Les lycéens sont très nombreux à ne pas maîtriser le français, ils sont très nombreux à ne pas savoir exprimer leur pensée, y compris pour eux-mêmes. Si on voulait délibérément aggraver la situation, on ne s’y prendrait pas autrement."
Béatrice
Il est question au lycée de remplacer le Français par la Communication.
…
Béatrice
Quant au français au collège, les professeurs ne peuvent plus interroger les élèves sur les livres à lire car lire doit être un plaisir…
Ce sont les nouvelles directives.
Jean Theis
Michel Janva, merci. Je n’avais pas pensé à ce que vous dites dans votre dernier paragraphe.
Ce président est encore pire que je le pense !
ema
Extrait …
[Alors, d’une chose à l’autre, M. Hamel se mit à nous parler de la langue française, disant que c’était la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide : qu’il fallait la garder entre nous et ne jamais l’oublier, parce que, quand un peuple tombe esclave, tant qu’il tient bien sa langue, c’est comme s’il tenait la clé de sa prison… Puis, il prit une grammaire et nous lut notre leçon. J’étais étonné de voir comme je comprenais. Tout ce qu’il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n’avais jamais si bien écouté, et que lui non plus n’avait jamais autant mis de patience à ses explications. On aurait dit qu’avant de s’en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la tête d’un seul coup.]
Alphonse Daudet, La dernière classe. Récit d’un petit Alsacien,
Contes du Lundi, 1873, A. Lemerre.
Quand on a oublié cette dernière classe, tout le reste est du vent…Bravo encore aux idéologues.