C'est l'avis de Thibaud Collin, interrogé dans Présent. Extrait :
"Peut-on parler d’une nouvelle religion républicaine, le « charlisme », dont la grand-messe aurait été célébrée le 11 janvier dernier ?
C’est l’interprétation dominante que les médias et de nombreux politiques veulent imposer dans une sorte d’autocélébration. Je pense que de nombreux compatriotes qui ont marché le 11 janvier l’ont fait par sursaut national, pour dire leur attachement à la France, plus profond que toutes les divisions qui traversent notre peuple, et Dieu sait si elles sont nombreuses ! La religion républicaine est morte depuis fort longtemps ; elle ne me semble pas prête à ressusciter.
Vous sentez vous menacé par ceux qui, de Valls à Sarkozy en passant par Belkacem, souhaitent traquer ceux qui « ne sont pas Charlie » ?
Personnellement, pas du tout. Il faut contester cette identification de la France à un hebdomadaire satirique, très souvent abject. La liberté critique ne passe pas par l’insulte ou l’injure. Elle passe par un débat argumenté. La critique des religions en général et de l’islam en particulier doit être intelligente. Le laïcisme n’est pas une réponse aux défis religieux de notre siècle. Il ne fait que renforcer le vide spirituel créant un appel d’air favorable à l’islam radical. Le débat sur l’islam est muselé depuis les attentats sous l’argument spécieux qu’un tel débat raviverait « l’islamophobie » et augmenterait l’exclusion de nos compatriotes musulmans. Il me semble que c’est surtout en braillant « je suis Charlie » qu’on les pousse à se radicaliser !
Craignez-vous pour la jeunesse de France, dont l’endoctrinement scolaire va se renforcer, notamment avec la journée de la laïcité ?
On commence à être habitué ! J’enseigne depuis vingt ans ; à chaque fois qu’il y a un drame « national », les belles âmes appellent à un sursaut républicain et à un réarmement laïque. On voit ce que cela donne. C’est cosmétique et contre-productif. Un des éléments de réponse au défi de l’islam radical est d’avoir enfin une école qui joue pleinement son rôle de transmission des savoirs : la langue française, l’histoire, la littérature etc. C’est cela qui forme une personnalité capable de s’orienter dans la vie et de participer à la vie nationale. Croire que c’est en faisant quelques heures supplémentaires de morale laïque sur le « vivre ensemble » ou l’antiracisme que l’on va répondre à la soif existentielle de la jeunesse est une grave erreur. C’est bien le signe de l’aveuglement de notre classe politique, et surtout la manifestation de la crise de civilisation dans laquelle nous nous trouvons."