L’abbaye Saint-Joseph de Clairval, à Flavigny, a fondé en 2021 le prieuré Saint-Joseph qui a été accueilli par l’évêque de Limoges dans la prestigieuse abbaye de Solignac, vacante depuis 17 ans. Le prieur, le Père Benoît-Joseph Marie, a été interrogé dans le numéro de La Nef de septembre. Extraits:
[…] La volonté de fonder était surtout liée au fait que la communauté avait atteint un certain seuil qui engendrait des difficultés, entre autres quant aux locaux de l’abbaye, c’est-à-dire quant à la capacité d’accueil de nouveaux frères, ou même de retraitants. Le choix s’est porté sur Solignac, principalement pour deux raisons. La première vient du fait que Solignac est une très ancienne fondation monastique (en 638 par saint Éloi), comme d’ailleurs Flavigny (en 720). En ce lieu, se sont succédé des générations de moines, excellent terreau monastique sur lequel va « pousser » une nouvelle résurgence du vieux tronc bénédictin: plus de 1150 années de présence monastique nous relient à une grande tradition, renouant ainsi avec une chaîne de prière. Par ailleurs, la commune est bien desservie par le train et la route, sa position est centrale. Avec Flavigny, ces deux lieux sont géographiquement complémentaires pour pouvoir accueillir des retraitants.
Le cadre de Solignac est-il propice à une vie monastique authentique? Comment s’est passée votre arrivée et qu’en est-il aujourd’hui ? Où en est la communauté aujourd’hui ?
Voilà trois ans que les premiers frères sont arrivés à Solignac. Nous avons suffisamment de recul pour apprécier le cadre et les bâtiments construits en grande partie dans la première moitié du XVIIIe siècle par les moines de la congrégation de saint Maur. Et surtout c’est une joie immense de chanter l’office divin et de célébrer la messe conventuelle dans la splendide abbatiale du XIIe siècle. Depuis notre installation officielle le 28 novembre 2021, mis à part l’opposition due à un petit groupe de libres-penseurs, nous pouvons dire que nous sommes bien accueillis par la population locale, même si la grande majorité est éloignée de l’Église. À ce jour la communauté compte onze moines (huit prêtres et trois frères) et un postulant qui suit sa formation à Flavigny. D’autres prétendants frappent à la porte du prieuré. […]
Chacun sait l’importance de la liturgie dans la tradition bénédictine. Nous chantons tous les offices dans l’abbatiale dès 5h30 avec les Vigiles jusqu’aux Complies le soir. La messe conventuelle, à 9h30 en semaine et 10h30 les dimanches et fêtes d’obligation, est célébrée suivant le missel de Paul VI avec l’autel ad orientem et chantée en grégorien. Après les Vigiles ou les Laudes les fidèles peuvent assister chaque jour à une messe basse suivant le missel de saint Pie V. […]
En presque trois ans, avez-vous déjà entrepris de gros travaux pour remettre en état les bâtiments, et si oui, lesquels ? Quels sont actuellement vos projets ?
Les débuts de notre installation à Solignac n’ont pas été faciles. Des bâtiments inoccupés pendant presque vingt ans, sans eau chaude, un réseau électrique ancien et défectueux, peu de chauffage, beaucoup d’humidité à l’intérieur des bâtiments, c’est dans ces conditions précaires qu’il a fallu lancer la vie communautaire et affronter le premier hiver. Aujourd’hui on peut dire que les choses vont bien. La fondation a pris son envol. Les premiers aménagements pour vivre sainement ont été réalisés. Les bâtiments vastes de l’abbaye de Solignac ont besoin de retrouver une nouvelle jeunesse, et certaines parties nécessitent une restauration importante avec des mises aux normes coûteuses… Déjà certains travaux ont été réalisés, dont le plus important a été la rénovation d’une toiture de 300 m2. Les projets de restauration pour redonner vie à ce lieu emblématique et l’adapter à nos besoins d’aujourd’hui sont nombreux. Une hôtellerie, un réfectoire suffisamment vaste, des cuisines, le bâtiment de la porterie, l’aménagement de cellules monastiques, l’aménagement d’un parc pour nos retraitants ! Tout cela a un coût. Le prochain chantier que nous envisageons est la création d’une hôtellerie pour accueillir dignement nos hôtes, dont le coût est évalué à 1,8 million d’euros. Il y a aussi l’aménagement d’un magasin monastique sur la place de l’abbatiale. […]