Analysée par Jean-Marie Guénois :
"Les évolutions profondes, historiques, ne sont pas toujours les plus spectaculaires. Ce qui vient de se passer cette semaine à Rome ressemble à une révolution de palais sans importance mais elle est hautement significative. Parce qu'elle confirme la direction prise par le pontificat de Benoît XVI et par toute l'Eglise catholique. En un mot, Rome a "repris en main" un secteur entier de l'activité de l'Eglise catholique. Celui de l'assistance humanitaire et de ses milliers d'ONG catholiques. Techniquement, les "Caritas" (pour la France, le Secours catholique et le CCFD). Elles étaient toutes réunies en assemblée générale mondiale, du 22 au 27mai, pour le 60° anniversaire de leur fondation. […] A l'occasion de cette réunion le Saint-Siège a non seulement décidé de ne pas renouveller le mandat de Lesley-Ann Knight, la secrétaire générale de Caritas Internationalis (l'organisation centrale basée à Rome), une femme jugée trop indépendante. Mais, en plus, le Vatican a "recadré" la politique générale de l'organisation. Il lui a demandé de ne pas considérer, dans l'action humanitaire, l'Eglise catholique comme une sorte de partenaire, privilégié mais parmi d'autres, mais comme son être essentiel. Le sens même, la raison de son engagement social. Autrement dit : l'action sociale de l'Eglise catholique ne peut pas être techniquement déconnectée du corps central de la foi catholique. Cette action doit être clairement identifiée catholique.
[…] Benoît XVI continue son action de réforme interne de l'Eglise catholique selon le cap qu'il s'est fixé en 2005 : redonner son "identité catholique" à une Eglise qui finissait par douter d'elle même après le Concile Vatican II en renouant avec la tradition ancienne. Il l'a fait, de façon visible, sur le plan de la liturgie en autorisant le rite de la messe en latin selon le missel de 1962, forme "extraordinaire" du rite romain. Il l'a fait de façon moins visible par la nomination d'évêques de profil plutôt classique et sans doute moins engagés socialement que certains de leurs prédécesseurs. Il s'attaque aujourd'hui au bastion de l'action sociale de l'Eglise où sont effectivement et admirablement engagés – il faut le dire et le saluer car il y a souvent carence de volontaires - bon nombre de catholiques qui ne se reconnaissent pas forcémenent dans cette ligne de Benoît XVI."