Entretien avec Bernard Monot à propos de son colloque du 4 octobre prochain :
Vous organisez prochainement un colloque sur la révolution numérique. Le politique a-t-il quelque chose à dire sur cette question qui dépasse manifestement les frontières?
Non seulement le politique a “quelque chose à dire”, mais il est vital que le politique se saisisse résolument de ces questions avant qu’il ne soit trop tard.
Nous sommes aujourd’hui dans une situation difficilement imaginable où des sociétés multinationales à but lucratif, qui cumulent après après année des chiffres d’affaires annuels de plusieurs centaines de milliards de dollars (et qui se débrouillent pour ne payer d’impôt nulle part) mais qui veulent toujours plus de profits pour leurs actionnaires, ces sociétés ont décidé de transformer l’humain, par exemple modifier les capacités physiques des individus par des implants électroniques divers, y compris la connection des cerveaux avec des ordinateurs. Voire, comme le veut le projet “kill the death” de Alphabet, la maison mère de Google, d’apporter la vie éternelle aux individus. Les GAFAs se prendraient-ils pour Dieu ? Les révolutions industrielles précédentes ont modifié l’environnement dans lequel évoluaient les hommes : la révolution de l’économie digitale transforme l’homme lui-même. Et tout cela se fait sans absolument aucun débat démocratique, sans que les élus des nations ne se saisissent de ces activités pour les réguler. Il faut que le débat démocratique et les législateurs se saisissent de ces sujets avant qu’il ne soit trop tard.
Comme simples citoyens (et comme blogueurs), nous sommes tour à tour fascinés par les possibilités qu’offre la révolution numérique, notamment pour contourner le monopole idéologique de la technocratie, et par les risques qu’elles font courir aux libertés publiques. Quels vous semblent les principaux enjeux de cette révolution?
Je pense que nous avons déjà répondu à cette question en soulignant les raisons de la nécessité de l’intervention des législateurs.
Vous soulignez bien la dialectique que présente la révolution de l’économie digitale pour les individus. Mais, si le débat politique n’érige pas des garde-fous à l’activité des multinationales du numérique, sociétés qui savent absolument tout de plusieurs milliards d’individus sur cette planète, et bien nous allons directement vers une société totalitaire mondiale, où les individus rivés sur leur téléphone “travailleraient” en permanence pour accroître les profits des actionnaires de ces multinationales. Etc
Pensez-vous que les géants du net constituent un nouveau pouvoir, un simple avatar du politiquement correct ou des plateformes pour qu’en application du principe de subsidiarité, les citoyens puissent reprendre les libertés qui leur ont été confisquées?
Nous ne traitons pas dans ce colloque de la question des “fake news” et de la censure que les propriétaires des plate-formes appliquent à leurs utilisateurs. En revanche nous traitons de cette situation extraordinaire qui fait que les consommateurs sont également les producteurs. Les utilisateurs des “contenus” déposés sur les réseaux sociaux en sont également les producteurs, ce qu’il font gratuitement. Nous traitons aussi de l’anticipation de la disparition du travail humain que laisse présager le développement de l’intelligence artificielle et des robots. Tous sujets de sociétés qui nous impacteront profondément. Sur le sujet des fake news et de la censure facebook etc, c’est une situation habituelle d’abus de position dominante. Il est triste que les mouvements politiques en faveur de l’indépendance de leur nation se livrent pieds et poings liés à des plateformes américaines.
Comment peut-on participer à ce colloque?
En envoyant un mail exprimant le souhait de participer à [email protected]
Prévoyez-vous de publier des compte-rendus des interventions?
Oui, certainement. Nous publierons des actes du colloque.