Cet article de Riposte catholique fait froid dans le dos :
"Après la lamentable affaire Krzysztof Charamsa, ce Monsignore polonais, secrétaire adjoint de la Commission théologique internationale, qui annonça publiquement son homosexualité, en 2015, à la veille du Synode sur la Famille, la Curie croyait avoir bu le calice de fiel jusqu’à la lie. Que nenni !
Orgie dans les palais apostoliques…
Voici que Monsignore Luigi Capozzi, du diocèse de Palestrina, secrétaire du cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pour les textes législatifs, soutien fervent du pape François, a été arrêté en flagrant délit, lors d’une opération éclair de la gendarmerie vaticane qui est “tombée” sur une orgie homosexuelle. C’était il y a deux mois environ, mais l’affaire fut tenue très secrète. Et cela se passa dans l’austère palais du Saint-Office ! Car c’est là que se trouvait l’appartement de fonction de don Luigi, qui lui servait à organiser des soirées gays à base de drogue. Cependant qu’il utilisait sa BMW, préservée des contrôles policiers par son immatriculation SCV de l’État du Vatican, pour transporter de la poudre blanche. Et pour faire bonne mesure, on apprend que ce Monsignore, fort bien en cour à Santa Marta, était à la veille d’être nommé évêque sur la recommandation de Coccopalmerio. Du coup, les déclarations de Coccopalmerio, à propos des « aspects positifs » de couples homosexuels (site Rossoporpora, 23 octobre 2014) acquièrent aujourd’hui une étrange résonnance. On croit rêver : en plus minable, la Rome d’aujourd’hui semble être tombée plus bas que la Rome des Borgia.
Pell en Australie, pagaille à Rome…
Même si cette affaire alourdit considérablement le climat curial, on se gardera de mettre sur le même plan l’affaire du cardinal Pell (voir ici et là), mis en examen en Australie sur des accusations de pédophilie, dont il nie farouchement la véracité. Selon les usages désormais en vigueur dans les bureaux de l’administration pontificale, avec règlements de compte où tout est permis, la défenestration morale du cardinal Pell, chargé de la remise aux normes des finances des diverses instances financières vaticanes, peu de temps après la démission de Libero Milone, auditeur général des finances, est pour le moins étrange. À vrai dire, les enjeux, les mécanismes, les manœuvres, concernant l’IOR (la banque vaticane), l’APSA (Administration du Patrimoine du Siège Apostolique), et autres, sont devenus incompréhensibles depuis 2013 aux meilleurs observateurs. D’où il résulte que la fameuse réforme de la Curie du pape François n’était en réalité qu’une modification du mode de gouvernement, qui s’est personnalisé à l’extrême, usant, pour mieux régner, des divisions de coteries et des oppositions personnelles, court-circuitant en permanence les voies hiérarchiques ordinaires, méprisant les procédures juridiques au bénéfice des décisions arbitraires et de faveur. C’est une sorte d’administration par le chaos, où les hommes du pouvoir – quelli a Santa Marta – se comportent comme des chefs de clans à la barre d’une institution à la dérive, où les affaires de mœurs, contenues sous les pontificats précédents, se manifestent au grand jour.
Humanæ vitæ : vers une révision ?
Mais là n’est pas le pire. Le pire aujourd’hui concerne la doctrine. Quelli a Santa Marta organisent l’alignement sur la ligne d’Amoris lætitia de tous les organismes représentant la voix morale de l’Église : le Conseil pour la Famille, l’Institut Jean-Paul II pour la Famille, l’Académie Pontificale pour la Vie. Avec une opération très bien organisée, malgré tous les démentis jusqu’au plus haut niveau, d’une « réinterprétation » de l’encyclique Humanæ vitæ, sous la houlette du cardinal Lorenzo Baldisseri, un des hommes de toute confiance du pontificat, organisateur des synodes qui ont préparé la révolution d’Amoris lætitia, et de l’incontournable Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie Pontificale pour la Vie et grand-chancelier de l’Institut Jean-Paul II (le même Paglia qui, évêque de Terni, avait fait réaliser dans sa cathédrale, par un Michel Ange de pacotille, une immense fresque aux motifs masculins malsains, dans laquelle il s’était fait représenter). Le « groupe de travail » qu’ils ont constitué, et dont les principaux membres sont connus, s’est déjà mis à l’œuvre. Nous y reviendrons.
La concélébration “obligatoire” ?
Le pire touche aussi à la liturgie. Un autre « groupe de travail », dépendant de la Congrégation pour le clergé, dirigé par cet autre potentat qu’est le cardinal Beniamino Stella, a envoyé sur un document à en-tête de la Congrégation destiné à tous les collèges romains accueillant des séminaristes ou des prêtres qui résident à Rome pour études. Faisant fi du canon 902, qui laisse pleine liberté à tout prêtre de ne pas concélébrer (comme le faisait d’ailleurs le n. 47 de l’Instruction de 1967, Eucharisticum mysterium, pour les « communautés de prêtres »), le document demande aux recteurs de ces collèges que la concélébration soit toujours préférée à la célébration individuelle. Ce n’est pas une obligation formelle – qui serait impossible à formuler – mais une lourde pression morale, en fait un ordre pour qui connaît le langage de l’actuelle Curie ou aucun débat n’est toléré, en direction des supérieurs de maison, pour qu’à leur tour ces derniers fassent une intense pression morale sur leurs sujets. En clair, comme le cas s’est déjà produit, si tel prêtre ne concélèbre pas, il sera dénoncé à son évêque et prié d’aller chercher un logis ailleurs.
Ce document fait dire au canon 902 et aux nn. 199-201 de la dernière version de l’Instruction Générale du Missel Romain de 2000-2004 ce qu’ils ne disent pas. Jamais le canon 902 n’empêche les célébrations individuelles, même simultanées dans la même église ou le même oratoire. Jamais l’Instruction générale, nn. 200-201, ne recommande la concélébration pour les collèges, se limitant à dire qu’elle ne doit pas être empêchée. On est en plein régime idéologique. Quelli a Santa Marta visent ces jeunes prêtres classiques, nombreux à Rome, qui répugnent à concélébrer, certains préférant même – horresco referens – dire la messe traditionnelle. Esprits aliénés, ils doivent être contraints pour leur bien de se « libérer ». Air connu…
« Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! », s’écriait le cardinal Ratzinger, peu de temps avant de devenir pape, lors du chemin de Croix au Colisée du Vendredi Saint de 2005. Dans la suite du propos, il faisait allusion à l’eucharistie que ces prêtres continuaient à célébrer et à la confession, que sans doute ils ne fréquentaient plus. « La crainte de Dieu a disparu », disait encore le cardinal. Les mœurs infâmes de certains prélats ne sont que le symptôme d’une bien plus grave dérive : ce sont des parties entières d’une administration qui semble désormais avoir perdu toute boussole doctrinale."