Certains s’étonnaient que le général Burkhard, alors chef d’état major des armées, affirme que la Russie pourrait connaître une victoire tactique mais une défaite stratégique. Après 3 années et demi de combats, le journaliste Jean-Dominique Merchet, généralement bien informé dans les milieux militaires, affirme dans L’Opinion que selon les dirigeants russes :
l’invasion de l’Ukraine en 2022 a été « une énorme connerie » dont ils ne savent pas comment s’en sortir. L’opération militaire spéciale de Vladimir Poutine a échoué dès les premiers jours et a plongé la Russie dans une vraie guerre. Or, on ne voit, pour l’heure, aucune issue, malgré les ofres de paix de Donald Trump.
Selon une source très informée sur la réalité russe, qui souhaite rester anonyme, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aurait même récemment avoué, lors d’une réunion à huis clos dans la région de Moscou, qu’« on a créé en Ukraine un monstre pire que la Pologne [l’ennemi héréditaire de la Russie] dont on ne sait plus quoi faire ». Au-delà des slogans sur la « dénazification » et l’affirmation de Vladimir Poutine selon laquelle Russes et Ukrainiens forment « un seul peuple », la direction russe constate que les Ukrainiens résistent à leur domination les armes à la main.
Sur la longue durée, la perspective d’une Ukraine nationaliste et anti-russe, puissante militairement et alliée de l’Occident, inquiète les cercles dirigeants à Moscou. Ils envisagent même une Ukraine dotée de missiles à longue portée et d’armes nucléaires. Un cauchemar pour les Russes. « Ils sont coincés » constate notre source. Le déploiement d’un contingent militaire européen, proposé notamment par la France, est une « ligne rouge » pour Moscou: « Pas question pour eux d’accepter des troupes de l’Otan » que Moscou considère comme la menace principale.
Méconnue en Occident, cette inquiétude pourrait expliquer le refus du Kremlin d’accepter les propositions de cessez-le-feu et de paix de Donald Trump. « Ils veulent la capitulation [de l’Ukraine] ou rien », assure notre source, selon laquelle le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov défend cette ligne dure, contrairement aux élites économiques ou au SVR, le service de renseignement extérieur, plus modéré. « L’offre de paix de Trump a fait l’objet de débats internes. Ils ont beaucoup hésité avant de refuser finalement. Pour Vladimir Poutine, le gel de la situation n’est pas une victoire. » Or, le Kremlin la veut, cette victoire. « Il estime que ce n’est pas le moment d’arrêter » alors que la dynamique militaire sur le terrain lui est plutôt favorable […]