D’Antoine Bordier :
Il a fallu l’annonce de son empêchement, due à une sciatique, à présider les célébrations de la Saint-Sylvestre et la Messe du Nouvel An, pour que la question de sa santé soit posée. Le pape François est-il en bonne santé ? Dans la continuité du lancement récent de l’année de Saint Joseph, et, de l’année de la famille, il semblait terminer l’année 2020 en forme. Il aurait été préservé de la pandémie de Covid-19. Immersion-flash dans la vie du pape François, marquée par quelques maladies.
Vers l’âge de 21 ans, en 1957, le pape François, qui est alors étudiant à Buenos Aires, en Argentine, dans une école industrielle où il obtiendra son diplôme de technicien en chimie, subit une opération aux poumons à la suite d’une pneumonie aiguë. Depuis, sa santé est réputée fragile. En 2015, des journalistes italiens s’interrogeaient et écrivaient qu’il souffrait d’une tumeur au cerveau. Le Vatican avait alors, très fermement, démenti.
Une santé fragile ?
Ces-derniers mois la plupart des observateurs l’avaient vu « boîtant », se tenant la hanche, et, montant péniblement les quelques marches qui le séparaient du maître-autel où il célébrait la Messe. C’était en octobre 2015, et, plus récemment, à plusieurs reprises en 2019 et 2020. Il y a quelques jours, lors de la célébration de la Messe de Minuit, le pape est apparu très fatigué et lent. Le père Lombardi, qui est le porte-parole du Vatican, a toujours démenti que « sa santé était un sujet ». Avec le souffle court, dû à l’ablation d’un poumon, avec son problème de hanche et ses séances de physiothérapie, le pape ne peut pas courir le 100 m comme tout le monde. Et, encore moins à l’âge de 84 ans. D’ailleurs ne l’avait-il pas déjà annoncé lui-même ? Lors de son élection, en mars 2013, il y faisait déjà allusion, en disant qu’il ne serait pas éternel. Mais peut-être qu’il faudrait regarder de plus près dans l’annulation de ses visites et de ses voyages. Chaque année, dans un agenda surchargé, le pape annule des rendez-vous. En 2014, il avait annulé une visite pourtant simple : celle de l’hôpital Gemelli de Rome, qui fêtait ses 50 ans. C’est dans cet hôpital que saint Jean-Paul II avait été soigné et sauvé en 1981, après l’attentat d’Ali Agça, qui a lieu le 13 mai, Place Saint-Pierre. Par la suite, le pape avait, d’ailleurs, annulé toutes ses audiences générales du mois de juillet. La raison évoquée était une « indisposition imprévue ». En juillet et en août 2017, il avait annulé son voyage en République Démocratique du Congo. La raison évoquée, cette fois-ci, était l’instabilité politique du pays. Le 27 février dernier, le pape a annulé sa présence à la Messe pénitentielle de Saint-Jean-de-Latran à Rome. « En raison d’une légère indisposition, il a préféré rester dans les environs de Sainte-Marthe » sa résidence au Vatican, avait expliqué le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.
Une année 2021 surchargée
Nous l’avons vu trébucher, blême. Mais le père Federico Lombardi reste confiant. Lors d’une conférence de presse il s’était exprimé ainsi : « Il a quelques problèmes aux jambes, mais la tête me semble fonctionner absolument parfaitement ». Aujourd’hui, après l’annonce d’annulation de la Messe de la Saint-Sylvestre, et, de celle du Nouvel An, où il prononce, habituellement, une bénédiction et un discours de paix attendu dans le monde entier, l’année 2021 semble se dessiner avec quelques craintes. Ce qui est certain, c’est qu’elle sera très chargée. Le pape va accélérer ses réformes, nommer de nouveaux cardinaux, rajeunir sa base. Il va continuer sa réforme de la Banque du Vatican (l’IOR) mise à mal lors des derniers scandales de 2018 et 2019. En mars 2021, il se rendra en Irak. C’est un voyage à haut-risque. Il a profité de l’année 2020 où il était confiné pour le préparer avec minutie. Mais l’instabilité règne partout. Ce sera, néanmoins, un voyage historique, car il sera le premier pape à poser les pieds sur cette « terre sainte » du Proche-Orient, devenue en quelques années « le Golgotha du 3è millénaire ». Rappelons que les chrétiens, qui y vivaient, étaient 1 300 000, au début de la guerre, et, qu’ils ne sont plus que 200 000. Le cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, est une des personnalités qui accueilleront le pape, début mars. Il attend beaucoup de cette venue :
« Comme chacun sait, notre Église chaldéenne irakienne et les autres Églises sœurs subissent différentes pressions et défis, politiques, économiques et sociaux, en raison des conflits, de l’extrémisme, de l’émigration, et, des conséquences de la pandémie du coronavirus. Nous devons faire de cette visite l’occasion d’un grand retournement, pour que la foi et l’espérance en nous deviennent un engagement. »
2021 : année de Saint Joseph et de la famille
Le pape devrait aussi se rendre dans d’autres pays, comme Malte et le Soudan. Mais, ce qui retient l’attention ce sont ses deux dernières annonces importantes : celle du 8 décembre et celle du 27 décembre. Du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021, le pape François qui aime tout particulièrement Saint Joseph (son père s’appelait Mario José – Marie Joseph) a décrété une année spéciale en son honneur. Dans sa lettre apostolique du 8 décembre, il écrivait :
« Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés. Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en “deuxième ligne” jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. »
Lors de sa dernière rencontre avec Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, le pape avait exprimé son attachement pour le sanctuaire de Cotignac, dans le Var, où est apparu la Sainte Famille. Visiblement inspiré, il fait le lien, et, déclare le 27 décembre, lors de la fête de la Sainte Famille, l’Année de la Famille ! Il veut remettre la famille et le mariage au centre de l’Eglise. Elle commencera, après son voyage en Irak, le 19 mars en la fête de Saint Joseph. Et, se terminera le 26 juin 2022, lors de la 10è rencontre mondiale des familles à Rome. Dans son homélie, il rappelle que « dans une famille, il y a trois mots qu’il faut toujours chérir : s’il te plaît, merci, pardon ». En cette fin d’année, le pape qui a une santé fragile et qui marque le pas, serait en pleine forme en 2021. Souhaitons-lui nos meilleurs vœux de santé et de sainteté !
Texte et photos réalisés par Antoine BORDIER