Guylain Chevrier, membre de la mission laïcité du Haut Conseil à l'Intégration (2010-2013), docteur en histoire, déclare au Figarovox :
"[…] La Seine-Saint-Denis pourrait dégager comme des ondes positives pour ces fous de dieu, même si des lieux plus neutres peuvent satisfaire à leurs desseins. Ceci étant, on sait combien ce département concentre une population issue de l'immigration où le culte musulman est particulièrement présent. On a vu s'y mettre en place un communautarisme qui fonctionne comme un marqueur, avec une tendance à la désertion de la mixité sociale, où les valeurs de la République passent à l'arrière-plan d'un religieux qui tient la place. Du MacDo 100% halal au coiffeur strictement réservé aux femmes avec une salle spéciale pour les femmes voilées, à l'IUT de Saint-Denis dont le directeur a été amené à fermer une salle confiée à une association communautaire transformée en salle de prière, le décor est posé. […]
La Seine-Saint-Denis, on le sait, est un de ces départements où on peut rencontrer des mosquées où le salafisme prolifère voire, où on se réclame ouvertement de l'Etat islamique. Un cadre qui peut être ressenti par des radicaux comme un milieu particulièrement favorable comme base d'organisation et de repli, de mise à l'abri, sans attirer l'attention. D'ailleurs, on apprend que le groupe a aussi pour une part, recruté en Seine-Saint-Denis. La jeune radicalisée morte lors de l'assaut, a sa famille à Aulnay-sous-Bois. […]
Il faut être très vigilant au regard d'une délinquance des mineurs qui est marquée par le laxisme judiciaire, qui les laisse dans l'idée d'une toute-puissance qui peut les faire se rêver en caïds, prêt à porter de l'exclusion qui joue contre eux, et en fait potentiellement des futures recrues de la radicalisation. Ces jeunes délinquants déjà en conflit avec la République peuvent être une proie facile pour les endoctrineurs, qui utilisent l'argument selon lequel elle serait contre eux parce que contre leur religion et donc un ennemi légitime, transformant leur délinquance, difficulté sociale, en instrument de guerre religieuse. […]
Les 150 mosquées radicales (chiffre du ministère de l'intérieur) qui en France appellent à la haine, se rejoignent dans des exhortations qui fondent la violence djihadiste. Ils jouissent d'une écoute, sans jamais avoir provoqué des dénonciations ciblées et publiques de la part des autres religieux musulmans, montrant qu'ils jouissent d'une impunité dans leur propre champ d'action religieux et dans des quartiers, et même bien au-delà. […]
Mais où vont-ils chercher la légitimité à un tel discours et les djihadistes leur Modus vivendi? Tout simplement dans le Coran, où on trouve des appels à la violence en faveur du jihad (guerre sainte), tels que contre les idolâtres, «saisissez-les et tuez-les où que vous les trouviez» et de façon plus générale envers les apostats et les mécréants, «Ceux qui ne croient pas dans nos versets, nous les brûlerons bientôt dans le feu» (4.56) «n'appelez point à la paix alors que vous avez la supériorité» (47.35)3. L'islam y est décrit comme religion et Etat, en lien avec l'affirmation d'un nouveau pouvoir politique et religieux au VIIe siècle, que le texte sacré sert, afin qu'il domine sur la terre. Chose qui est donc à replacer dans un contexte historique qui n'a plus cours, ce qui est le sentiment d'une large partie des musulmans, mais qui ne se traduit pas par une remise en cause de ces références mais le fait de les cacher, le Conseil Français du Culte Musulman lui-même ne sachant répéter autre chose que «l'islam est une religion de paix», créant la suspicion.
A vouloir absolument nous dire que le djihadisme n'aurait rien à voir avec l'islam, cela ne permet pas de désamorcer, de déjouer ce risque, cette entrée vers le terrorisme. Tant qu'un travail de désacralisation de ces références ne sera pas fait et assumé, il y aura danger. […]"