L’Assemblée régionale sicilienne (Ars), qui se targue d’être le plus ancien parlement du monde, a approuvé un texte de loi composé de sept articles et intitulé « « Règlement en matière de santé », dont l’article 3 stipule que les autorités sanitaires régionales et les hôpitaux doivent annoncer des concours réservés exclusivement au personnel non objecteur de conscience dans le domaine de l’avortement.
Que se passerait-il si le personnel lauréat du concours changeait d’avis sur la pratique des avortements ? Pour le législateur, il faudra chercher un autre emploi. L’article 3, troisième alinéa, précise en effet :
« Les avis de concours, dans ce cas, prévoient la résiliation du contrat de travail si le personnel non objecteur recruté se déclare par la suite objecteur ».
L’ensemble du texte de loi a été voté à bulletin secret, à la demande du député régional Carmelo Pace (Démocratie chrétienne). Il y avait 55 présents (sur un total de 70 membres) et seulement 48 votants : 27 pour, 21 contre. La Sicile est gouvernée par le centre-droit, qui jouit d’une large majorité au sein de l’Ars (44 contre 26).
L’article 3 est le résultat d’une initiative de longue date portée par le parti démocrate et en particulier par le député régional Dario Safina, qui chante aujourd’hui victoire en parlant de « bataille de civilisation » car « trop de femmes siciliennes se sont heurtées jusqu’à présent à un mur fait de carences organisationnelles et d’un nombre très élevé d’opposants ».
En 2022, la Sicile comptait 81,5% de gynécologues, 62% d’anesthésistes et 64,9% de personnel non médical parmi les objecteurs, dans les trois cas plutôt au-dessus de la moyenne nationale (60,7%, 37,2% et 32,1% respectivement). Parmi les 55 établissements disposant d’un service d’obstétrique et de gynécologie pris en compte dans le rapport, 26 pratiquaient des avortements en 2022 (47,3 %). Toutefois, ces pourcentages d’objection de conscience n’ont pas empêché un grand nombre d’avortements en Sicile : 4 374 en 2022.
Si l’on examine le pourcentage de femmes qui ont émigré dans une région autre que la Sicile pour avorter, on constate qu’il n’est que de 5,5 % : moins que la moyenne nationale (6,9 %).
Le centre-droit sicilien a donc favorisé la campagne de propagande habituelle de la gauche, visant – au nom d’une prétendue « urgence » – à étendre la pratique et la mentalité de l’avortement et à comprimer la liberté de ceux qui veulent protéger la vie humaine dès la conception.
La nouvelle loi sicilienne est en contradiction avec plusieurs articles de la Constitution qui traitent de diverses manières du travail et de la conscience, ainsi qu’avec la jurisprudence en matière d’objection. Pour réparer les dommages causés par l’Assemblée régionale sicilienne, il existe au moins deux voies complémentaires : la contestation de la loi par le gouvernement national, comme il l’a déjà fait pour la loi toscane sur le suicide assisté ; et l’annulation par les juges administratifs siciliens de tout appel d’offres fondé sur l’article 3 de la même loi qui vient d’être approuvée.
Garde67
L’avortement est devenu une cause mondiale, la “Causa Nostra”. La mafia a encore frappé.