Hanaa Edwar, secrétaire générale d'»Al-Amal», une organisation de défense des droits humains basée à Bagdad, est venue présenter à Genève son rapport au Comité de la «Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes» (CEDAW). Elle déclare à l'agence Apic :
"Il faut d'abord rappeler que l'Irak a été longtemps le pays le plus progressiste de toute la région en ce qui concerne les droits des femmes. La «loi du statut personnel» de 1959, qui s’appliquait de manière uniforme à tous les Irakiens musulmans, était considérée comme l’une des lois sur la famille les plus progressistes du Moyen-Orient. L'Irak connaissait alors l’interdiction du mariage des fillettes, et rendait la polygamie plus difficile, alors que c'est une pratique autorisée par la charia, la loi islamique.
Selon des chiffres non officiels, il y a actuellement en Irak 1,5 million de veuves – en raison notamment des diverses guerres, violences et attentats – sans parler des femmes abandonnées ou divorcées. Près de 11% des ménages sont tenus par des femmes seules. Il leur est très difficile de trouver du travail pour nourrir leur famille – 71% sont sans travail – et seule une minorité reçoit une rente de veuve de guerre. Alors qu’en 1970 la quasi-totalité des Irakiennes étaient alphabétisées, seules 40 % fréquentent aujourd’hui les salles de classe. […]
L'invasion américaine de 2003 a renforcé les divisions sectaires et ethniques, ainsi que la domination des partis islamiques. Ni les responsables américains ni les nouveaux gouvernants irakiens n'ont voulu imposer les principes d'égalité fondamentale entre hommes et femmes. Ils ont plutôt permis aux éléments extrémistes de promouvoir leurs traditions tribales et leurs coutumes religieuses et d'exploiter la loi pour renforcer leurs positions conservatrices en ce qui concerne le droit des femmes. C'est ainsi que les femmes ne sont plus vues que dans leur fonction reproductrice, au service de la famille, et dans la subordination aux hommes. […]"