Intervention de Mgr Lucio Andrice Muandula, Évêque de Xai-Xai, Président de la Conférence Épiscopale du Mozambique, samedi au cours du Synode :
"Au
cours de cette assemblée synodale, à différentes occasions, on a
fréquemment dit que les fidèles laïcs engagés activement dans la vie
politique de nos pays finissent par avoir des comportements et des
attitudes nuisibles concernant les principes fondamentaux de la foi et
de la morale chrétiennes. En effet, dans la vie quotidienne, les
fidèles laïcs sont souvent écartelés entre la foi chrétienne et une
option politique, comme si la foi chrétienne et l'activité politique
étaient deux réalités incompatibles a priori.Pour remédier à une
telle situation, cette assemblée synodale devrait examiner avec
attention les raisons profondes d'une telle dichotomie, afin de
permettre qu'à l'avenir les fidèles puissent vivre sereinement leur
vocation chrétienne sans devoir nécessairement renoncer à une
participation active à la vie politique.En réalité, sans négliger
le fait que le désir effréné de pouvoir et de grandeur offusque souvent
cette lumière de la foi avec laquelle les fidèles laïcs devraient
illuminer le monde de la politique, je trouve que les chrétiens
catholiques engagés dans l'activité politique en Afrique ressentent une
grande solitude et un certain abandon de la part de la hiérarchie de
leurs Églises particulières. N'étant pas suffisamment assistés et
encouragés par leurs pasteurs et devant œuvrer dans un monde rempli
d'intrigues et d'ambitions sans fin, ils finissent par se perdre,
causant parfois des dommages irréparables à l'Église dont ils sont les
fils. Bien que certains d'entre eux se soient formés dans nos
universités catholiques et soient des chrétiens (qui se mettent) au
premier rang lors des messes dominicales dans nos cathédrales, il n'est
pas rare que nous les voyions impliqués dans l'approbation de lois
contraires à la foi catholique, comme dans le cas de la libéralisation
de l'avortement. Malheureusement, ils vivent la foi chrétienne comme
quelque chose qui est sans rapport avec la vie quotidienne et de
l'activité sociale à travers laquelle ils doivent contribuer à la
construction du bien commun."
Pour la France, nous aurons l'occasion d'en reparler.
VD
C’est la même chose en France et pour ceux qui n’ont pas de vocation politique particulière, il y a une tentation d’abstention tant est grand le sentiment (réalité) d’impuissance.
PK
Pourquoi en Afrique seulement ?
Quels sont les (rares) évêques français – pour ne parler que d’eux – qui rappellent résolument la voie du Christ pour la vie de tous les jours ?
À force de ne pas vouloir empiéter sur le temporel, ils ont fini par lâcher même le spirituel.
Tonio
Il m’est souvenir que des missionnaires constataient – devisant un soir dans une capitale africaine, dépités et n’y comprenant rien – que la plupart des dictateurs et élites corrompues des pays africains avaient pourtant fait leurs études dans des écoles/instituts tenus par l’Eglise, missionnaire ou locale.
C’est un sacré constat d’échec quant à l’évangélisation en profondeur de ces pays. Mais cela n’allait pas jusqu’à un questionnement ou une vague remise en cause.