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Pays : Israël

La stratégie du chaos

La stratégie du chaos

Roger Brands, entrepreneur et ancien diplomate, est interrogé dans L’Homme nouveau sur le conflit israélo-palestinien. Extrait :

[…] Quel pouvait être l’intérêt du Hamas à lancer une offensive d’une telle brutalité ?

Les deux questions qui devraient retenir notre attention sont : pourquoi une telle ampleur (en comparaison avec les pratiques terroristes du Hamas observées depuis le départ de Tsahal de la bande de Gaza en 2005) ? Et pourquoi à ce moment-ci ? Outre l’horreur, l’ampleur dit quelque chose de l’intention. Comme si le Hamas et ses funestes soutiens et affidés avaient choisi de pulvériser « toutes les limites », d’atteindre un point de non-retour, pour rompre avec toute forme imaginable de négociation. Alain Juillet, ex-directeur de la DGSE, expliquait en septembre dernier que la rivalité entre les grandes puissances sunnites et chiites – l’Arabie Saoudite et l’Iran – semblait avoir trouvé une voie de coopération opportune au travers de discussions discrètes mais possiblement efficientes avec l’État hébreux. Était-ce une forme de prolongement des accords d’Abraham de 2020 (signés à la Maison Blanche sous l’administration Trump entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn) ? Étaient-ils en bonne voie pour parvenir à une solution acceptable pour les Palestiniens ? Récupérer par la même occasion la gestion de l’esplanade et de la mosquée du Dôme du Rocher aujourd’hui dévolue à la Jordanie ? Toutes perspectives de normalisation et de résolution que le Hamas ne saurait approuver, au risque de voir s’évanouir son « prétexte » politique (pour autant bien réel, celui de la situation improbable des Palestiniens) et demeurer avec sa seule et originelle idéologie : l’antisémitisme à tout prix. Plausible ou non, l’attaque du Hamas interdit – et pour un temps très long – le début du frémissement d’un espoir de paix.

Quel aurait donc été l’objectif d’une telle opération ?

Depuis que les urnes palestiniennes de la bande de Gaza l’ont porté au pouvoir en 2007, le Hamas a méthodiquement éradiqué toute forme d’opposition politique palestinienne, structurée ou non. Enlèvements, assassinats, menaces, harcèlements, violences, chantages et autres joyeusetés auxquelles il convient d’ajouter l’enrichissement de ses dirigeants, la corruption à tous
les étages et la mise en coupe réglée de la moindre initiative. On est bien loin de la pureté radicale recherchée et promue par les Frères musulmans, inventeurs et pilotes du Hamas. Des terroristes doublés de bandits de grand chemin. Ce dernier aura donc réduit à néant ses concurrents, pris soin, le 7 octobre, de devenir définitivement infréquentable aux yeux du monde, à l’exception de ses soutiens salafistes et/ou islamo-gauchistes, poussé Israël dans ses retranchements de sorte qu’il lance des représailles et partant s’affaiblisse politiquement, anéanti durablement les manœuvres diplomatiques en cours. En forme de résumé, il n’est pas exagéré de dire que l’objectif recherché est le chaos. […]

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