Cyril Brun résume le principe de subsidiarité, si ignoré, même par des catholiques qui s'en remettent souvent un peu trop à l'Etat :
"On a souvent tendance à réserver la subsidiarité au strict domaine du gouvernement, alors que ce n’est qu’une expression de ce principe. Depuis quelques années, les familles chrétiennes insistent à leur tour sur l’application de ce principe dans le domaine de l’éducation. Pour aller plus loin, nous pouvons dire que la subsidiarité concerne la totalité de la vie humaine. Les relations humaines de groupe sont essentiellement subsidiaires. C’est ici que nous pouvons saisir dans toute son acuité la solidarité humaine. Car il y a une véritable solidarité humaine. Entendons ‘solidaires’ dans son acception technique, c’est-à-dire tellement ‘liés entre eux’ que la contagion atteint nécessairement les différents corps.
La subsidiarité ne tirerait-elle pas son origine de cette nécessaire et naturelle complémentarité entre les hommes ? Par nature, l’homme est limité ; par nature, il a besoin des autres pour avancer et grandir, pour vivre, tout simplement. Naturellement, l’homme est social, mais l’homme préexiste à toute société ; aussi, convient-il de lui redonner la première place. Partir de l’homme comme source, centre et sommet de la subsidiarité, c’est peut-être une évidence, mais n’oublions pas de regarder tout corps social comme un moyen au service de la personne humaine prise individuellement et organiquement unie aux autres par un lien social nécessaire, mais second.
Ainsi la famille est-elle une communauté de personnes, la plus petite cellule sociale, et, comme telle, elle est une institution fondamentale pour la vie de toute société. Se pose alors la question de la vérité de la famille comme réalité sociale. Est-elle un échelon intermédiaire parmi d’autres, une invention humaine, ou est-elle conaturelle à l’homme ? De même, la nature de la famille type la subsidiarité, car les besoins ne sont pas les mêmes pour une famille dite classique et une famille monoparentale. Cette évidence risque bien de compliquer l’application de la notion de subsidiarité. Si en effet, celle-ci consiste « à répartir les compétences entre les différents niveaux d'organisation (…) en ne transférant aux niveaux supérieurs que celles auxquelles les niveaux inférieurs ne sont pas en mesure de faire face », il risque d’être difficile, à niveau d’organisation égal, de donner une réponse subsidiaire identique. Cette difficulté a le mérite de mettre en évidence l’application nécessairement individuelle de la subsidiarité. Il ne s’agit donc pas d’imposer un système collectif et anonyme, mais de proposer à chaque personne et à chaque organisation intermédiaire ce qui lui est nécessaire pour son plein épanouissement. Voilà pourquoi « la socialisation présente aussi des dangers. Une intervention trop poussée de l'État peut menacer la liberté et l'initiative personnelles. [Aussi] la doctrine de l'Église a [-t-elle] élaboré le principe dit de subsidiarité. Selon celui-ci, "une société d'ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d'une société d'ordre inférieur en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l'aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun" » (CA 48 cf. Pie XI, enc. "Quadragesimo anno"). Allant plus loin dans le refus d’une uniformisation anonyme, le Catéchisme de l’Église catholique insiste : « Le principe de subsidiarité s'oppose à toutes les formes de collectivisme. Il trace les limites de l'intervention de l'État. Il vise à harmoniser les rapports entre les individus et les sociétés. Il tend à instaurer un véritable ordre international. » Toutefois, sans demeurer dans l’ordre de l’État, il faut tenir qu’ « aucune société plus vaste ne doit se substituer à l'initiative et à la responsabilité des personnes et des corps intermédiaires ». Il s’agit bien d’une aide et d’un soutien apportés en premier lieu à l’individu et à la cellule sociale naturelle qu’est la famille. Les corps supérieurs sont au service de l’homme et de la famille qui « doit être aidée et défendue par les mesures sociales appropriées. Là où les familles ne sont pas en mesure de remplir leurs fonctions, les autres corps sociaux ont le devoir de les aider et de soutenir l'institution familiale. Suivant le principe de subsidiarité, les communautés plus vastes se garderont d'usurper ses pouvoirs ou de s'immiscer dans sa vie ».
raphael charles
Vive la subsidiarité ! Vive le Salon Beige !
http://cril17.info/
PG
C’est en cela que la politique familiale à la française ne donne pas aux familles les moyens de leur autonomie, mais les fragilise en faisant dépendre leur bien être, et la natalité, de subventions et allocations diverses : on a fait de la nécessité de certaines périodes une règle d’assistanat. Les familles françaises se sont vues retirer autonomie et indépendance dans tous les domaines en échange d’une politique sociale qui a lié natalité à montant d’allocations diverses, tandis que le travail, les revenus et le patrimoine de 80 % des Français ont été de plus en plus taxés, jusqu’à une forme de confiscation à 100 % par génération.
Voilà pourquoi la famille en France est de moins en moins française et de plus en plus étrangère, et musulmane : cela n’a rien à voir avec la préférence nationale en matière sociale, dont l’absence a aggravé la situation, mais ne l’a pas créée. La paupérisation des familles (et la dénatalité peu de temps ensuite) a été parallèle avec celle des classes moyennes, et elle a commencé dès le milieu des années 60, bien avant l’immigration.