Partager cet article

France : Politique en France / Pays : Russie

“La supériorité aérienne demeure la condition première de la victoire”

“La supériorité aérienne demeure la condition première de la victoire”

Extrait d’un entretien donné à Conflits par le général (2S) Bruno Clermont :

La Russie, malgré une armée de l’air puissante sur le papier, a subi un échec crucial en ne sachant pas la mobiliser efficacement dès les premières semaines de la guerre, ce qui lui aurait permis une supériorité aérienne pour appuyer les troupes au sol. Les Russes ne savent pas mener de campagne aérienne massive, comme le “Mass raid” de l’OTAN, et ses chefs ne maîtrisent pas ces doctrines. Pour l’Ukraine, c’est l’inverse, avec des avions datant de l’époque soviétique, des vieux MiG, des vieux Sukhoï , elle a pu tenir grâce à l’appui massif de l’OTAN en matière de défense anti-aérienne. Ce n’est qu’en utilisant des bombes planantes que l’aviation russe a pu frapper efficacement les rangs ukrainiens. Cela confirme une vérité : « qui tient le ciel tient la terre comme la mer ». Pour pouvoir avoir la liberté d’action, y compris pour les forces marines et éventuellement les forces terrestres, il faut tenir le ciel, après quoi les avions viennent en appui des forces terrestres et permettent de gagner la bataille. Les exemples ne manquent pas : la coalition dans la guerre du Golfe en 1991, la guerre du Kosovo en 1999, la Libye en 2011, et même la démonstration éclatante des frappes israéliennes en Iran. La supériorité aérienne demeure la condition première de la victoire.

Quant à la France, elle possède de beaux outils mais en nombre insuffisants :

[…] nous aurions besoin du double de Rafale. Il manque aussi des capacités de guerre électronique : les Falcon 6 Archange doivent remplacer les Transall Gabriel et nous devons examiner le remplacement des AWACS. Aujourd’hui, la France dispose de quatre AWACS E-3F; on se tourne vers Saab pour deux GlobalEye, alors qu’il en faudrait six à huit. Ces avions sont clefs pour la détection et le C2 (command & control). Par ailleurs, il faut allonger la portée de nos armes : des bombes de 80 km de portée, voire des missiles sol-sol de 500 à 2000 km de portée pour frapper dans la profondeur, loin de nos frontières européennes. Il faut comprendre que l’enjeu se trouve dans nos capacités de projections de nos forces aux frontières de l’Europe, aux frontières du Pacifique, non sur le territoire national. Cela veut dire qu’une fois arrivés sur le théâtre, nous avons besoin de capacités de frappe dans la profondeur. Vous avez évoqué l’artillerie, ce n’est pas seulement des CAESAR dont l’Armée de terre a besoin, ce sont aussi des HIMARS, des capacités de frappe dans la profondeur du dispositif ennemi.  La guerre en Ukraine a tourné en guerre de tranchées, mais il faut faire attention, parce que ce n’est pas forcément le modèle de la guerre de demain. Une guerre en particulier contre la Chine serait une guerre de frappe dans la profondeur, lancée par le sol, par la mer, par les airs.

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services