Grégoire Boucher a accompagné un groupe de Français en Syrie avec Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Il raconte à Anne Le Pape dans Présent :
"[…] L’année dernière, les chrétiens d’Orient avaient le sentiment d’être totalement abandonnés. Il est important de les soutenir, financièrement et moralement. Certaines villes comme Qussayr sont détruites à 80 %. Nous avons néanmoins assisté à une messe magnifique dans la cathédrale Notre-Dame de Homs… avec un toit éventré au-dessus de nos têtes !
Il s’agit donc d’aider ces Syriens à rester et à vivre chez eux ?
Parfaitement, mais aussi à faire revenir ceux qui ont fui. Il y a six mois, il ne restait à Homs qu’une dizaine de familles chrétiennes. Aujourd’hui, 600 sont présentes, revenues de Damas ou des villages environnants où elles s’étaient réfugiées.
Mais ceux qui sont partis pour l’Occident ?
Ceux-là ne sont pas revenus, et l’un des messages que nous ont confiés les chrétiens sur place consiste à leur transmettre que leur pays a besoin d’eux. Beaucoup de jeunes gens ont fui : le taux de désertion au sein de l’armée a parfois atteint 65 %. Ces hommes doivent revenir aider à relever leur pays. A ce titre, un village m’a beaucoup marqué : Seydnaya. Contrairement à Maaloula, les habitants de Seydnaya ont refusé de fuir et ont défendu leur village et le sublime couvent orthodoxe. Le village a été sauvé et les rebelles se sont enfuis ! Un bel exemple à méditer.
Vous parlez de plusieurs messages…
L’autre message important, donné par Sa Béatitude le patriarche Grégoire III comme par la plupart des Syriens rencontrés, est : « Vous êtes fous, en Occident ! Il va vous arriver demain ce qui nous est arrivé. »
Nous avons rencontré par exemple le père Georges, prêtre catholique melkite, à Yabroud. Il a refusé de quitter son village et a organisé la résistance sur place. Les gens qui l’entourent vivent au milieu des débris, mais quand on lui demande ce dont il a besoin, il répond tranquillement : « Mais rien ! C’est pour vous qu’il va falloir prier. C’est vous qui avez besoin d’aide, aveugles que vous êtes. Maintenant, la guerre est chez vous ! » […]"