Dans Présent, Maroun Charbel évoque les graves évènements de Syrie :
"Découverte d’un charnier à Deraa. […] La nouvelle a été relayée par toutes les chaînes libanaises avec film vidéo et photos à l’appui. Il a bien fallu enterrer les centaines de morts. On a parlé de liquidation et d’exécution sommaire. […] Le régime syrien poursuit un seul but : se maintenir en place quel que soit le prix. Et ce prix est d’abord la réduction totale des soulèvements des villes. L’une après l’autre, elles sont assiégées et réduites à merci par la faim, la soif et les bombardements. Les centaines de kilomètres de frontière avec le Liban sont bouclées. Du petit millier de réfugiés qui réussissait à fuir l’enfer syrien les semaines précédentes, on est passé à quelques centaines puis à quelques dizaines au fur et à mesure du bouclage de la frontière. […] Sont-ils chrétiens ou musulmans, ces réfugiés ? Pour l’instant il semblerait que la très grande majorité d’entre eux soient des musulmans sunnites. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas parmi eux des Chrétiens. […] Nos uniques points de comparaison possibles sont l’Irak, par la similarité du régime de Saddam avec celui des Assad, et l’Egypte, par sa révolution populaire. Et les deux schémas sont apocalyptiques.
Est-ce cela qui explique les propos des différents dignitaires religieux de Syrie entendus ces derniers jours ? Quel que soit leur propos, leur ton… il y a chez tous une trame de peur révérencieuse. Ils ont peur, très peur et continuent à marquer leur révérence au régime. Parce qu’ils ont peur et que pour l’instant ils n’ont aucun autre choix. Le régime continue à alimenter cette peur en disant que l’alternative est simple : la Syrie des Assad ou les Frères musulmans. Et cette alternative risque fort d’être la réalité. La poigne de fer du régime pendant tant de décennies a laminé tous les corps intermédiaires et il n’y a aucun parti politique libre en Syrie. Pour ce qui est des affaires chrétiennes, des droits des Chrétiens de Syrie, le régime traite directement avec les dignitaires religieux. Ce qui risque bien de les desservir auprès des maîtres de la Syrie de demain."