Extraits de l'homélie de Mgr Centène, le jour de Pâques :
"Frères et Sœurs, dans la phase de l’histoire de l’humanité à laquelle nous sommes rendus et dans laquelle nous vivons, il me semble que chacun d’entre nous devrait faire sienne, en conscience, la problématique soulevée par le philosophe-paysan Gustave Thibon, dans l’avant-propos de sa pièce : «Vous serez comme des dieux». Ecoutons-le :
«Dieu est-il pour moi une promesse authentique de vie éternelle ou bien une assurance imaginaire contre les maux qui affligent la vie d’ici-bas et contre la mort qui l’abolit ? Dans la première hypothèse, le fondement essentiel de la religion reste intact quoi qu’il arrive ; dans la seconde, chaque victoire de la créature marque une défaite du Créateur, et le triomphe sur la mort, à supposer qu’il soit possible, éliminera définitivement Dieu de l’histoire, car le temps aura pris la place de l’éternité. A tant de chrétiens qui acclament sans réserve, dans tous les progrès temporels, comme les effets et les preuves de la vocation divine de l’homme, je voudrais poser cette question-limite qui départage à jamais les hommes de l’avenir et les hommes de l’éternité : si du jour au lendemain, la science supprimait la mort, que penseriez-vous de ce « plan de Dieu sur l’histoire » qui perpétuerait indéfiniment la séparation entre l’homme et Dieu ? Et surtout que choisiriez-vous ? De profiter d’une découverte qui vous priverait à jamais de la vision de Celui que vous appelez : votre Dieu ou bien de vous précipiter dans l’inconnu pour le rejoindre ? Si vous optez pour la première branche de l’alternative, vous avouez que votre patrie est dans le temps et que votre Dieu n’est qu’une chanson de route dont se berce la fatigue d’une humanité en marche vers le paradis terrestre. Et ce Dieu-là se rapproche singulièrement de la « dernière auberge » de Baudelaire, du « bouche-trou » de Nietzsche ou de « l’opium du peuple » de Marx… Mais si, gorgés de tous les biens et de toutes les sécurités d’ici-bas, vous pouvez dire avec saint Paul : « Je désire être détruit pour être avec le Christ », si vous désirez du fond de votre être voir Dieu, non plus dans le miroir de la création mais face à face, alors vous êtes vraiment les disciples de Celui dont le Royaume n’est pas de ce monde et qui ne donne pas comme le monde donne ».
C’est ce saut qualitatif que les apôtres ont accompli devant le tombeau vide : le saut dans la foi. Frères et Sœurs, si la rédemption opérée par le Christ dans son mystère pascal nous libère du péché originel, c'est-à-dire de la tentation suggérée par le serpent de la Genèse : «Vous serez comme des dieux», c’est précisément parce qu’elle permet aux apôtres, et après eux, à tous ceux qui vivent dans la foi une communion existentielle d’amour avec le Christ, d’accomplir ce saut qualitatif, et de rechercher désormais, comme saint Paul nous y exhortait dans la deuxième lecture, « les réalités d’en haut et non pas celles de la terre » ! Or, jamais comme aujourd’hui, l’humanité n’avait été tentée de limiter son horizon aux réalités de la terre. Jamais comme aujourd’hui, les hommes n’avaient été tentés d’être « comme des dieux ». Jamais comme aujourd’hui ils n’avaient été proches d’y parvenir, par la mainmise sur l’arbre de la connaissance du bien et du mal et sur l’arbre de la vie. Cela pourrait bien expliquer le mystère de cette hostilité implacable que l’on sent monter autour de nous contre l’Eglise du Christ. Seul le Christ nous dit que l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’est pas réductible au relativisme moral. Seul le Christ nous dit que l’arbre de la vie ne se limite pas au paradis terrestre mais qu’il plonge ses racines dans le tombeau vide. Et cela pourrait bien expliquer la christianophobie ambiante ! L’imputation à l’Eglise toute entière des graves fautes d’une infime minorité de ses ministres apparaît, dès lors, comme un prétexte. La dénonciation médiatique de chaque manquement, la généralisation de chaque culpabilité que la mondialisation de l’information rend plus oppressante, reflètent une volonté de décrédibiliser l’Eglise toute entière. A travers cette mise en accusation de l’Eglise, dont nous mesurons combien elle dépasse le légitime désir de rendre justice aux victimes, nous voyons se prolonger, comme en filigrane, le procès et la Passion du Christ. Mais aujourd’hui, le Christ ressuscité sort vainqueur de son tombeau ! Son mystère pascal est le crible qui départage l’optimisme de l’Espérance, l’avenir de l’Eternité."
roland
l’ont taxera toujours ce genre de raisonnements “d’obscurantisme”
l’homme moderne déteste le Mystère. quand à moi, c’est tout l’inverse.
DAUGAN Bernard
C’est le triomphe de la philosophie des dites Lumières.Ce fut l’oeuvre de la révolution française.Mettre l’homme à la place de Dieu pour le faire disparaître.Le peuple déifié est souverain.Il faut écraser l’infâme…Devant nos monuments aux morts nous faisons des minutes de silence :des minutes de néant.Nous avons abandonné Dieu.Il nous a abandonné, momentanément,il faut l’espérer.C’est son plus grand châtiment.Le règne de Satan.Nous en sommes les témoins aujourd’hui.
Bernard du Peyroux
Combien Mgr Centène a raison ! En outre, je suis persuadé que les médias en général, reflet de tous ceux qui s’opposent au Christ ressuscité, ont la prescience , consciente ou non, de ce que les pontificats de Jean-Paul II puis de Benoit XVI portent d’Espérance et de renouveau d’une Église catholique (“l’infâme”) qu’ils croyaient enfin sur ses fins !
Puissent les catholiques se persuader eux aussi, qui sont parfois gagnés par le découragement, de “voir” combien le printemps de la Résurrection est là qui nous appelle à la Joie et au témoignage.
pmc
Merci au S.B. de relayer une telle homélie !
pmc
“Or, jamais comme aujourd’hui, l’humanité n’avait été tentée de limiter son horizon aux réalités de la terre…”
Pensons à la prochaine ostension du Saint Suaire : Et si, précisément, la Providence nous avait réservé ce miracle de la promesse de l’éternité pour notre temps qui en a tant besoin !
Nicolas
“Vous êtes tous des Dieux”
Psaume 82,6 ; Jean 10,33-35