Mgr Tony Anatrella est interrogé par Zenit au sujet de l'idéologie du genre :
"une idéologie qui laisse entendre que l'homme n'est que le résultat
de la culture et qu'il se construit indépendamment de la nature humaine
et de lois universelles inhérentes à sa condition. La théorie du genre est le signe le plus problématique des idées actuelles sur l'homme.Dans
les pays occidentaux, nous sommes justement dans cette déstabilisation
anthropologique et donc morale qui déséquilibre le lien social
puisqu'on s'attaque au cadre porteur de la société. Elle se réalise
dans la dérégulation financière au nom du libéralisme et de l'économie
de marché, et dans la dérégulation anthropologique et morale en
laissant croire que les normes se créent uniquement dans le consensus.
Or ce n'est pas la discussion démocratique qui fait la valeur d'une
loi, mais ce qui la fonde. Il y a ainsi des lois qui sont contestables
du point de vue anthropologique. Son vote ne lui donne pas
nécessairement une valeur morale. Il est du devoir de l'Église de le
dire.Ainsi s'installent un relativisme et un négationnisme des
repères objectifs d'une anthropologie. Comment ne pas voir que l'on
crée ici une nouvelle forme de violence ? Elle s'exprime à commencer
chez les plus jeunes qui ont des difficultés à accéder aux dimensions
objectives et symboliques de la relation aux autres et à la société.
Chacun s'installe dans le désir d'inventer ses propres codes dans la
volonté de les imposer aux autres. C'est le drame et le symptôme de
certaines de nos cités. Nous ne sommes plus dans la recherche de normes
transcendantes, des principes d'humanité, dans le sens où elles ne
dépendent pas du sujet, mais du libre arbitre de l'interprétation aléatoire. Une anthropologie qui a le sens du développement humain,
nous dit Benoît XVI, s'inscrit dans la perspective du bien commun qui
rend compte de la dimension politique et de la dimension religieuse de
l'existence."
Robert Marchenoir
Il est évêque, Tony Anatrella ? J’ai toujours entendu parler de “Tony Anatrella”, jamais de “Monseigneur Tony Anatrella”. Ca fait longtemps qu’il est évêque ? Ou prêtre ? Quel est son diocèse ? Pourquoi ne l’appelle-t-on pas toujours Monseigneur ? Et comment le métier de psychanalyste est-il compatible avec la fonction de prêtre ?
Mutatis mutandis et sans avoir l’intention de manquer de respect à quiconque, c’est un peu comme si un médecin était aussi photographe érotique.
J’aimerais simplement comprendre.
[Il est prêtre et Consulteur pour le Conseil pontifical pour la Santé et la famille, ce qui lui vaut le titre de Mgr. MJ]
RL
Je ne vois pas le rapport avec le médecin photographe érotique…
Robert Marchenoir
Je vous explique le rapport.
La psychanalyse ressemble beaucoup à la confession. L’une et l’autre sont censées sonder et soulager l’âme humaine. Plus exactement, on parlera d’inconscient chez le psychanalyste, et d’âme chez le prêtre.
Quand vous allez chez un psychanalyste ou quand vous vous confessez, vous livrez à quelqu’un d’autre ce que vous avez de plus intime sur le plan spirituel.
Cela crée en contrepartie des obligations exceptionnelles pour celui qui reçoit la confession, religieuse ou laïque.
Des obligations qui sont inscrites dans un ensemble de règles, dans une doctrine. Or cette doctrine n’est pas la même pour le psychanalyste et pour le prêtre.
Le psychanalyste est censé obéir à une déontologie (d’ailleurs plutôt floue, contrôlée par personne dans les faits, et soumise à des écoles rivales). L’échange d’argent est fortement impliqué dans la relation. Dans les faits, la relation psychanalytique dépend uniquement du libre accord de deux personnes (ce qui crée d’ailleurs un risque de manipulation).
Le prêtre est censé obéir à la hiérarchie de l’Eglise, à l’Evangile, au droit canon. La confession est gratuite. Malgré le denier du culte, l’argent a un rapport lointain, voire inexistant, avec cette relation. L’Eglise toute entière, pour ne pas parler de Dieu, est impliquée dans la confession. Le prêtre n’est qu’un instrument.
Le psychanalyste croit à l’inconscient (il s’agit d’une véritable croyance, puisque certains récusent la psychanalyse toute entière, affirmant qu’il s’agit d’une charlatanerie) ; le prêtre croit en Dieu.
Cela me paraît fondamentalement différent.
Comment Tony Anatrella peut-il, à la fois, faire des psychanalyses et recevoir la confession ?
De même, chez un médecin, vous livrez ce que vous avez de plus intime du côté du corps. C’est pourquoi vous devez avoir la garantie morale, absolue, que le regard du médecin sur votre corps ne sera pas un regard érotique.
Les personnes qui servent de sujets à un auteur de photographies érotiques le font volontairement et en pleine connaissance de cause. Mais le rapport entre photographié et photographe n’est pas le même que celui entre patient et médecin. Pourtant l’un comme l’autre sont des spécialistes du corps.
Vou seriez une jolie femme, iriez-vous vous faire examiner par un médecin dont vous sauriez qu’il est, par ailleurs, un photographe érotique renommé ? Je ne pense pas.
Un juge a été sanctionné, il y a un certain temps, pour avoir pris des photos érotiques dans le cadre d’un tribunal. Il n’y avait là a priori rien d’illégal. Tout le monde était consentant. Mais il a été jugé que cela créait une confusion inadmissible, que cela portait atteinte à son rôle de juge et à la dignité de la justice en général.
Patulacci
Ça ne vous pose pas un petit problème de cohérence de publier cet entretien de Mgr Anatrella qui parle de la déstabilisation anthropologique due, notamment, au libéralisme économique et de publier un peu plus haut une vague étude sur le système de santé capitaliste de Singapour, censé incarner la panacée ?
[Je vous reconnais bien là…
Il ne faut pas confondre la responsabilisation et la liberté économique telle qu’elle semble pratiquée à Singapour avec “la dérégulation financière au nom du libéralisme” dénoncée par Tony Anatrella. La dérégulation telle que nous la connaissons en Occident se manifeste notamment par la déresponsabilisation des acteurs économiques.
La déresponsabilisation, n’est-ce pas refuser de voir le réel tel qu’il est ? Ce qui est justement un aspect de l’idéologie du gender. MJ]
Nathalie
ha bon ? ha bon ? la confession et la séance de psychanalyse c’est pareil ? On confie ce qu’on a de plus intime sur le plan spirituel au psychanalyste ??? heu, je n’ai pas cette impression, de mon expérience, mais bon… Et il me semblait qu’il s’agissait de péchés dans le cadre de la confession…heu, je cours réviser mon CEC et en ce qui concerne ma vie spirituelle, je vais en référer à mon directeur spirituel, qui n’est pas forcément mon confesseur, et encore moins mon psychanalyste, mais bon…Je me trompe peut-être, n’est-ce pas ?
Soit vous n’avez pas pratiqué l’un, soit vous n’avez pas pratiqué l’autre pour affirmer cela.
Ha ? l’âme et l’inconscient seraient équivalent ? soit vous ne savez ce qu’est l’âme soit vous n’avez pas compris le concept d’inconscient.
Si j’entends bien votre propos également, le psychanalyste, contrairement au prêtre, porterait un regard “érotique” (genre voyeur alors ?) sur les propos qu’il est censé entendre, comme un photographe porno ?
Et donc, la croyance en Dieu et celle en l’inconscient serait du même registre alors aussi ? Hééé bé, je n’ai rien compris à la foi.
Et ceux qui croient aux tables qui tournent ou bien ceux qui croient au père noël aussi alors, c’est ce que vous êtes en train de nous dire.
Bref, ceux qui croient en dieu sont des zozos pour le dire franchement.
Dites, ça fait pas mal d’amalgames, de raccourcis et de confusions, ainsi que d’ignorance, ce que vous dites Robert Marchenoir – surtout en ce qui concerne la question de la foi.
Mais, je sais ce que c’est, les adeptes de la psychanalyse étalent facilement leur ignorance et leur arrogance vis à vis des autres (ceux qui ne sont pas du sérail bien sur) , et se font volontiers les ayatollah de ce qu’ils imaginent être leur “saint Graal”, censé devenir panacée universelle, équation ultime de la compréhension de l’univers.