Tribune de Louis de Bourbon, duc d’Anjou et prétendant au trône de France, dans le JDD :
L’état politique, institutionnel et social de notre pays ne cesse d’empirer. J’estime être dans mon rôle de chef de la Maison de Bourbon et d’héritier de la dynastie qui a fait la France, en prenant la parole sur le sujet. C’est avec douleur que je vois mon pays s’enfoncer dans une crise politique chaque jour un peu plus insoluble où, une fois de plus, les partis et les politiciens, loin d’agir pour l’intérêt supérieur de la France et donc des Français, préfèrent mener leur propre jeu. La République, fidèle à son histoire, est soumise aux logiques partisanes. Si la constitution voulue par le général de Gaulle semblait vouloir corriger ce travers, force est de constater que, cinquante ans plus tard, ce fléau qui a tant fait souffrir la France, ressurgit avec force.
Alors que les tensions sociales, tant pour des raisons économiques qu’identitaires, traversent le pays de manière de plus en plus violente, et que des menaces extérieures s’accumulent, l’État est à l’arrêt. Comme à de nombreuses reprises par le passé, les institutions républicaines et la classe politique ne sont pas à la hauteur des défis du temps. La Vᵉ République, comme ses sœurs avant elle, semble être au bord de l’effondrement. Les gouvernements se succèdent et se ressemblent. Ils appliquent les mêmes méthodes et les mêmes mesures. Inlassablement. Je constate une absence totale de remise en question et une absence de réelle volonté réformatrice. Alors que la politique est souvent décrite comme étant le champ de tous les possibles, aujourd’hui en France, elle est devenue un espace d’immobilisme, d’impuissance et d’incapacité.
À la croisée des chemins
Notre pays, à nouveau, va se retrouver à la croisée des chemins de son histoire. À nouveau un choix va peut-être se poser. Et même si ces temps sont nécessairement source d’inquiétudes voire de souffrances, ils sont également porteurs d’espoir. En effet, c’est dans ces moments que, grâce aux hommes de bien, grâce à ceux qui sont animés d’un réel souci du bien commun, de grands et bons changements peuvent advenir. Qui connaît l’histoire de France sait que, plusieurs fois, nous avons connu des situations similaires. Il n’appartient donc qu’à nous de saisir ces opportunités pour que la France retrouve le chemin de sa destinée glorieuse et de son heureuse prospérité, si nécessaire à l’épanouissement des peuples.
Ainsi, j’invite les Français à bien considérer la situation actuelle de nos institutions et de la classe dirigeante dont la grande incurie rend insupportable sa pratique de la cooptation. À l’heure des choix, j’espère que l’héritage monarchique dont je suis le dépositaire soit encore suffisamment vivace dans le cœur de mes compatriotes, pour être une source d’inspiration et, je le dis, d’espérance. La stabilité, le temps long, la vision sur plusieurs générations, et des chefs d’État soucieux de ne pas transmettre le chaos à leur successeur : autant de points qui seraient à remettre au centre de la vie politique française. Je ne parle pas que de données institutionnelles.
Je parle également de tout un système de pensée et de valeurs. Une réflexion intégrale à faire sur notre mode de vie et de gouvernement. Français, n’oublions pas que c’est à l’ombre des lys que vos libertés se sont épanouies et que la France a connu son apogée. Il nous faut des gouvernants qui sachent que le bonheur des peuples est leur ultime mission. Que Saint Louis, modèle des chefs d’État, protège la France et les Français en ces heures d’incertitude grandissante.