Extrait de l'éditorial du dernier numéro de Politique Magazine :
"[…] Politique magazine l’a dit et redit : la vie politique française est désormais entièrement focalisée sur le Front national. Et pour longtemps. La bouffonne et consternante alternative laissée aux électeurs entre « front républicain » et « ni-ni » – une question de « morale » paraît-il –, contribue évidemment à nourrir le vote FN et à détourner un peu plus les citoyens des partis institutionnels. Comme si ces derniers n’avaient pas d’autre programme que celui de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Comme si cette obsession – non dénuée, comme on le sait, de cyniques calculs politiciens – cachait le vide de leurs propres idées.
A les entendre, ce n’est pas compliqué : il s’agit de sauver la République. Ce qui est aussi, exactement, le programme de Marine Le Pen ! Cherchez l’erreur.
La vérité, c’est que le décalage entre les préoccupations du pays réel et celles de la classe politique, déconnectées des réalités concrètes, est de plus en plus flagrant. Comme l’explique Eric Zemmour dans le grand entretien qu’il nous a accordé (p. 10), nos « élites » se caractérisent par leur souci d’évacuer, ou de transformer, la réalité. Ainsi, pérorent-elles sur des avatars et taisent-elles ce qui fâche. Ainsi camouflent-elles les chiffres. Or, le succès du FN vient précisément du fait que ses propositions – quoi qu’on en pense par ailleurs, en gros ou dans le détail – sont étayées par une réalité qu’il n’hésite pas à nommer. Pour lui, un chat est un chat.
Nos hommes politiques seraient bien inspirés de revenir au réel. En commençant par parler un peu plus de la France et un peu moins de la « République ». Une République qui exhale, comme pourrait le dire le pape François, de très mauvaises odeurs d’arrière-cuisine électorale."