Sur Claves, l’abbé Roy évoque le film Vaincre ou mourir, qui sort en salles le 25 janvier :
[…] « Vaincre ou mourir » est ainsi une production courageuse, qui aborde de front les complexités d’une période troublée de notre histoire. Le film présente un résumé historique rapide des événements de la révolution et de la Vendée militaire, des premiers tressaillements à la grande aventure de l’Armée Catholique et Royale, qui échoue devant Nantes et dans la terrible virée de Galernes, ou au traité de la Jaunaye, et jusqu’aux terribles épisodes des Colonnes Infernales et de la trahison des princes – terrible image de Charles X envoyant à Charette son épée plutôt que de venir combattre lui-même sur le sol national. Il montre dans toute son horreur la violence de l’oppression révolutionnaire, le terrorisme d’État du régime de Robespierre en ses conséquences réelles sur les populations locales. Vaincre ou mourir nous plonge aussi dans le contexte des Vendéens de 1793, montrant la proximité comme la distinction nette entre les différentes catégories de la société, la société française à son point de basculement après la période de l’Ancien Régime… Les esprits trop endormis par l’histoire officielle seront sans doute surpris, voire choqués, par la relation sans concession des terreurs révolutionnaires, mais il faut cependant reconnaître que l’aperçu donné par « Vaincre ou mourir » ne manque pas de nuance : les deux camps sont clairement délimités, mais sans manichéisme. Le personnage du général Travot, alter ego bleu de Charette, avec lequel il n’est pas sans partager une certaine complicité et qui lui accorde sa dernière volonté de condamné, est particulièrement riche à cet égard. Du point de vue historique, on est interpellé par l’hypothèse avancée par la production : le traité de la Jaunaye aurait contenu une clause secrète, dont la rupture aurait motivé la reprise du combat par Charette. L’objet de cette condition aurait été la libération de Louis XVII, l’enfant du temple. L’hypothèse sera difficile à prouver absolument, mais elle est séduisante du point de vue historique et cohérente au vu du personnage et du comportement du général vendéen. […]
Vaincre ou Mourir puise très largement dans l’historiographie la plus récente. Le film puise également dans les sources d’époque et les témoignages des contemporains de Charette. De Charette on a beaucoup écrit, notamment des romans, mais aucune biographie d’historiens ne fait encore consensus. La difficulté de l’exercice a été de discerner, dans les récits de Vendéens, une vérité historique reconstituée plusieurs années après les événements. Le film s’est inspiré en grande partie des mémoires de Lucas de la Championnière, ancien combattant des armées royalistes et secrétaire de Charette pendant une partie de la guerre, dont la narration est marquée par une forme de sobriété et de distance critique. Les mémoires plus fournies de Victoire de La Rochejaquelein ont été également une source importante pour comprendre la place des femmes, mais aussi le quotidien des armées vendéennes. A la lumière de ces sources, Charette, principal protagoniste du film, est dépeint comme un personnage complexe et sombre, loin du romanesque et de la légèreté que la geste catholique et romantique lui attribue souvent. En ceci, le film prend ses distances avec les clichés habituels sur la Révolution et en particulier sur la Vendée révolutionnaire.