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L'Eglise : L'Eglise en France / Valeurs chrétiennes : Education

La vocation de l’université catholique

Le 30 septembre, Mgr Centène a béni l'extension à Vannes de l'Université Catholique de l'Ouest. Extrait de son allocution :

"Tout institut, toute institution même, qui croît et progresse, doit systématiquement cette croissance et cette progression à la fidélité aux principes qui ont présidé à sa création. Une oeuvre, quelle qu’elle soit, qui délaisserait ces principes, tomberait inéluctablement en décadence, pour périr, après une agonie plus ou moins longue, sans autre motif que sa propre défaillance.

Quels sont les principes qui président à l’existence d’une université catholique ? Est-il nécessaire de rappeler que la première université naquit à Paris, au début du XIIIe siècle, lorsque les maîtres et les étudiants des écoles de Paris, l’école cathédrale de Notre-Dame et l’école de la Montagne Sainte-Geneviève, s’organisèrent en une corporation qui prit le nom d’Université de Paris, reconnue par deux bulles du Pape Innocent III ? Cette corporation comprenait quatre facultés, de théologie, de droit canon, de médecine et des arts libéraux. L’on y acquérait déjà les grades de bachelier, licencié, maître et docteur. L’université est née catholique. Vous remarquerez que la théologie, devenue non plus seulement l’apanage de la cellule monastique, mais entrée désormais dans le cabinet universitaire, y est une science parmi d’autres, et même bien plus importante puisque considérée comme la reine des sciences, assistée de sa nécessaire servante, la philosophie, qui appuie sur la raison la crédibilité de la Révélation.

A cette époque, le divorce de la foi et de la raison et celui de la nature et de la grâce ne sont pas encore consommés, pas plus que celui des différentes disciplines qui composent le vaste monde de la connaissance. Nul n’est mathématicien s’il n’est également philosophe et théologien, le médecin sait encore écrire, et le juriste observe les étoiles pour scruter dans l’immensité de la Création, les lois universelles que l’unique législateur a disposées dans un sublime ordonnancement pour sa plus grande gloire et le bien des hommes, ses créatures dont il a fait des fils. La législation positive trouve son assise dans le droit naturel. La gloire de Dieu et le bien des hommes, voilà la question cruciale qui se posait aux origines de l’Université catholique et qui se posera continuellement jusqu’à la fin des temps. Le péché des origines, cette rupture d’alliance avec le Créateur, a marqué d’une profonde blessure la nature de l’homme. Notre coeur, fait pour aimer et notre intelligence faite pour connaître, sont voilés par l’orgueil qui nous pousse à nous considérer comme nos propres dieux.

La mission de l’Université et particulièrement de l’Université catholique est ici fondamentale, puisque sa finalité est d’accroître la connaissance dans des domaines divers et variés. Cette connaissance est liée à la notion de vérité, en ce sens qu’elle constitue l’adéquation entre le réel, ce qui est, indépendamment de nous, et notre intelligence. En effet, dans n’importe quelle discipline, un enseignement qui se baserait sur des principes faux, ne ferait pas accéder à la connaissance mais à l’erreur. C’est pourquoi cette notion de vérité, qui éclaire authentiquement l’intellect, est essentielle à tout enseignement qui se respecte. Le Christ, dans l’évangile selon saint Jean, affirme : « La vérité vous rendra libre » (Jn 8 ;32). Nous devons absolument avoir conscience que ce n’est pas notre esprit qui crée le réel, mais qu’il existe indépendamment de nos propres conceptions, et qu’il s’agit pour nous de le découvrir, pour être véritablement en mesure de poser des actes d’autant plus libres qu’ils sont fondés sur une connaissance plus vaste et plus consistante. L’actualité illustre tristement notre propos : la théorie du « gender » […] apparaît comme l’exemple type de cette inadéquation entre la nature et les spéculations d’apprentis sorciers qui refusent de se soumettre à la réalité. […]

Cette unité et cette unicité de la vérité doit se retrouver dans l’unité de nos vies. Bien souvent, nous compartimentons nos existences entre notre profession, notre foi, nos engagements humanistes, notre vie familiale, amicale et morale. Mais la véritable réalisation de l’être humain se fait dans l’unification de tous ces domaines, certes distincts, mais complémentaires. Or, je crois fermement que l’Université catholique est fidèle à sa mission, qu’elle remplit en tant que membre enseignant du corps ecclésial, si elle permet aux étudiants, qui se forment sous sa bienveillante tutelle, non seulement de développer chez eux de solides compétences professionnelles, mais de leur faire découvrir en quoi et comment ces compétences peuvent être mises au service de leur vie quotidienne dans son intégralité, par l’acquisition d’une solide assise intérieure qui fera d’eux des hommes et des femmes complets, armés d’un « humanisme intégral », pour reprendre l’expression du philosophe Jacques Maritain, c’est-à-dire des hommes et des femmes libres.

[…] L’urgence, pour l’Université catholique est donc bien de former des hommes et des femmes libres, qui mettent leurs connaissances au service du progrès moral et du bien commun. Cette tâche, ô combien importante, l’Université catholique ne peut la mener à bien qu’en développant un humanisme théocentrique, c’est-à-dire en mettant Dieu au centre et à la tête de son être même.[…] Que l’étape de l’Université soit toujours ce lieu de formation intégrale pour la croissance de la personne et la construction d’une civilisation qui devienne, par sa science et sa puissance morale, non seulement l’antichambre de la cité céleste, mais aussi, par son équilibre, un lieu d’épanouissement et de bonheur pour l’homme."

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