Le père Bernard Gallizia (prêtre du diocèse de Blois), membre de l’Association Universelle des Amis de Jeanne d’Arc, a réalisé une étude à l'occasion de l'anniversaire du 6ème centenaire de la naissance de la patronne secondaire de la France, dans le but de rectifier les erreurs et mensonges dont certains nous abreuvent en ce moment. La vraie figure de Jeanne en sort magnifiée. En voici l'intégralité pour les lecteurs du Salon Beige. Extraits :
"Il y a de nombreuses manières d’aborder la vie de Jeanne d’Arc. Cependant, en ce six centième anniversaire de sa naissance, choisissons de mettre l’accent, non pas sur ses succès militaires qui, bien que magnifiques, sont du passé, mais sur l’exemplarité de sa vie intérieure, qui perdure aujourd’hui, en soulignant l’héroïcité de ses vertus et ses victoires sur elle-même. Ceci oblige, au fur et à mesure du récit de sa vie remplie de l’amour de Dieu, à dénoncer les légendes qui, pour la discréditer, ont encore cours à son sujet : sa prétendue lignée de sang noble ou royal, sa supposée naissance à Paris, sa présumée entrevue avec Charles VII, la veille d’être reçue par lui dans la salle du château, son supplice apparent où une autre personne aurait été brûlée à sa place, sa survivance après Rouen en la personne de Claude-Jeanne des Armoises. De toutes ces inventions, il faut montrer la fausseté, preuves à l’appui. […]
Il était, en effet, ennuyeux pour le roi Charles VII d’avoir été sacré à Reims grâce à l’aide d’une femme qui avait été condamnée comme hérétique et schismatique. C’était une tache sur son sacre qu’il lui faudrait bien laver un jour. Charles VII se devait donc de faire réhabiliter la Pucelle, et attendait le moment propice. Or, ayant pénétré en vainqueur à Rouen, le 10 novembre 1449, il était désormais en possession de tous les documents concernant cette affaire. Le procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc pouvait être déclenché. Il commença avec une première enquête qui fut faite les 4 et 5 mars 1450. On y entendit les principaux acteurs et témoins. Puis ce fut l’Église elle-même qui ordonna une enquête officielle, laquelle fut ouverte sur ordre du légat du pape : Guillaume d’Estouville, et de l’inquisiteur de France, Jean Bréhal. Elle durera du 2 au 22 mai 1452. Après que les conclusions de cette commission aient été soumises à l’examen de théologiens et canonistes français et étrangers, le pape Calixte III, le 11 juin 1455, un mois seulement après son élection à la tête de l’Église, autorisera la révision du procès. Celui-ci s’ouvrira officiellement à Notre-Dame de Paris, le 7 novembre 1455, en présence d’Isabelle d’Arc, la mère de Jeanne, dite Romée, accompagnée de ses deux fils qui ont donc enfin accepté de reconnaître qu’ils s’étaient laissé égarer avec la fausse Pucelle, sinon ils ne seraient pas là. Le procès se terminera à Rouen, le 7 juillet 1456. Jeanne sera alors pleinement réhabilitée au cours d’une séance solennelle dans la ville même où elle est morte injustement. Le pape Callixte III aura la joie de voir l’heureuse conclusion de la révision qu’il avait acceptée. […]
Jeanne d’Arc est une très grande sainte. Par sa pureté de cœur et de corps, par son obéissance, son humilité et sa charité, elle a atteint un sommet dans la sainteté. L’Église l’a canonisée non pas parce qu’elle a accompli une grande mission guerrière et sauvé la France, mais parce que le Christ l’a rendue semblable à lui-même. Elle a été vendue pour 10.000 écus aux Anglais par le duc de Bourgogne, trahie, vilipendée, calomniée, enfermée, outragée, moquée sans jamais perdre patience et pardonnant à tous ses ennemis.
Jeanne d’Arc, du haut du ciel, a fait en France un grand nombre de guérisons inexpliquées dont certaines seront retenues à Rome, d’abord en vue de sa reconnaissance comme vénérable, qui sera annoncée, le 27 janvier 1894, par le pape Léon XIII, puis pour sa béatification, qui aura lieu en grande pompe, le 18 avril 1909, par le pape Pie X, entouré de trois évêques concernés par la vie de Jeanne : Mgr Foucaut, évêque de Saint Dié, le Cardinal Luçon, de Reims, et Mgr Touchet, évêque d’Orléans. Signalons, ce jour-là, la présence de quelques membres de la famille d’Arc, reçus en audience privée. Le pape Pie X a tenu à rappeler, à cette occasion, que « les intérêts de la France sont indissolublement unis à ceux de l’Eglise », et il baisa longuement le drapeau français qu’on lui présentait. Puis, à Orléans, ce sera trois jours de grande fête, du 6 au 8 mai 1909, pour fêter l’événement en présence de 45 évêques et au milieu d’une population en liesse.
Enfin, Rome aura encore le choix entre plusieurs miracles opérés par la bienheureuse Jeanne d’Arc pour clore le procès de sa canonisation. Celle-ci sera proclamée à Rome, le 16 mai 1920, par le pape Benoît XV, au cours d’une cérémonie grandiose et éblouissante. […] Le Pape Benoît XV fera un long éloge de Jeanne d’Arc, et annoncera enfin ce que tous attendaient : « […], Nous décrétons et définissons sainte et Nous inscrivons au catalogue des saints la bienheureuse Jeanne d’Arc, statuant que sa mémoire devra être célébrée tous les ans, le 30 mai, dans l’Église universelle […] ». Il dira aussi cette phrase toujours d’actualité : « Tous ceux qui ont tenté d’expliquer Jeanne, sans Dieu, se sont perdus dans un labyrinthe aux dédales inextricables ».
Enfin, le 2 mars 1922, moins d’un mois après son élection, le pape Pie XI a proclamé sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France, le même jour qu’il a proclamé Notre-Dame de l’Assomption « patronne principale de la France ». […] Quelle belle revanche spirituelle de Jeanne sur l’évêque Cauchon, lui qui a refusé de la faire conduire à Rome pour y être jugée par le pape, quand, le 23 mai 1431, elle lui cria par trois fois « J’en appelle au pape ! ». Finalement, ce sont cinq papes qui vont lui rendre justice, d’abord en permettant la révision de son procès du vivant de Charles VII, puis en la déclarant successivement vénérable, bienheureuse, sainte et, enfin, patronne secondaire de la France.
Une autre fête de Jeanne d’Arc a lieu chaque année, le 2ème dimanche de mai. C’est la fête nationale en France de Jeanne d’Arc, suite à une loi adoptée à l’unanimité, le 10 juillet 1920, par la chambre des députés et le Sénat. Elle a été, hélas, un peu oubliée… Pourtant, il est certain que Jeanne d’Arc continue de soutenir la France dans les heures difficiles. Comment pourrait-elle l’oublier ? Sa mission au Ciel n’est pas terminée."