Charles-Henri Sanson, ‘exécuteur des hautes oeuvres’ de Paris (bourreau), a retracé les circonstances de la mort, le 21 janvier 1793, de Louis XVI, dans un manuscrit, qui vient d’être confié à la salle de King Street par un vendeur anonyme. Tout le monde connaît les rumeurs à propos de la lâcheté du roi : d’après le Thermomètre du jour, le roi aurait été conduit de force à la guillotine, un pistolet pointé sur la tempe. Ce journal, qui avait compris tout l’intérêt qu’il y avait de désinformer ses lecteurs, affirme que pris de panique sous la lunette, il aurait poussé un cri affreux et se serait débattu.
Choqué par cette description de l’événement, Charles-Henri Sanson attend un mois avant d’envoyer au directeur de la revue, Jacques Antoine Dulaure, une mise au point datée du 20 février 1793, sur "l’exacte vérité de ce qui s’est passé". Dans ce texte, le bourreau fait part de son admiration pour la calme assurance de Louis XVI face à la mort :
"Il a soutenu tout cela avec un sang-froid et une fermeté qui nous ont tous étonnés. Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé."
Loin d’avoir été un poltron, Louis XVI avait aidé Sanson à ôter son habit, après quoi il avait donné spontanément ses mains à lier au bourreau. Un chef d’Etat qui n’a pas reculé face à la haine de la rue…
de Riedmatten
“Le Roy ordonne aux Suisses de poser les armes et de se retirer aux casernes”.
S’ensuivit le massacre des Tuileries où plus de 800 Suisses désarmés seront assassinés pour avoir engagé leur honneur jusqu’à la mort. Bourbon a trahi les Suisses qui tenaient toutes les places et le remettaient sur le trône sur simple demande, et ce par pure lâcheté; pas d’autre explication. Son stoïcisme face à la mort était-il autre chose qu’une ultime expression de son incroyable incapacité à percevoir la réalité des choses? Il est peut-être mort comme un saint mais il a vécu comme un idiot et un traître. Il reste pour moi responsable de la Révolution et de ses conséquences, toutes ses conséquences.
Foi de Suisse, nous ne servirons plus jamais un Bourbon !
Français, si tu passes à Genève, rends-toi au château de Penthes, nous avons conservé le billet de Louis. Salut France, ceux qui sont morts te saluent!
Un descendant
oxbridge
Un souverain qui n’a pas reculé ? Physiquement, c’est indéniable : son attitude face à l’assaut des Tuileries le 20 juin, qu’il fit échouer en allant au-devant des émeutiers et en leur tenant tête avec un sang-froid qui impressionna tout le monde, en fait foi. Parler de lâcheté à son propos est impossible. En revanche, il est certain qu’il n’a cessé de reculer devant le necéssaire rétablissement de l’ordre, de peur de “faire couler le sang des Français” – moyennant quoi il a permis que coulât, trés largement, le sang de ceux qui lui étaient fidèles, à commencer par la reine.
Dès Varennes, le roi n’a plus qu’une idée : mourir de façon chrétienne, modeler son attitude sur le sacrifice du Christ. Il ne voulait pas qu’on lui liât les mains pour aller à l’échafaud, le prêtre qui l’assistait lui fit changer d’avis en lui disant que le Christ, lui, l’avait accepté. Qu’il soit mort en roi-martyr de façon très chrétienne, c’est certain. De là à faire un grand roi de celui qui, très vite, a renoncé à contrer politiquement la Révolution… Cela reviendrait à dire que la Révolution était inévitable. Elle était très évitable au contraire, et Louis XVI n’a pas su, ou pas voulu,s’y opposer efficacement.
Michel Janva
Le comparer au sacrifice du Christ est osé, mais non moins réaliste.
Le roi Louis XVI a été trahi par les siens, y compris ses propres frères. Face à la Révolution, qu’il ne pouvait pas faire échouer seul, il ne doit sa chute qu’à la division du ‘camp’ royaliste.
Lire à ce propos l’excellent ouvrage de Paul et Pierrette Girault de Coursac, Sur le route de Varennes, laquelle fuite devait être le début de la reconquête de son Royaume et de son pouvoir dont il avait été dépossédé dès 1789.
Lors de cette fuite, il a été trahi (en 1791 !) par ses propres fidèles et ce sont ces derniers les responsables de l’impuissance du roi à rétablir l’ordre.
A noter justement que la désinformation sur l’image de Louis XVI ne vient pas uniquement de révolutionnaires peu scrupuleux, mais aussi d’images et de légendes fabriquées sous le règne de Louis XVIII…
Martes in Deo
@ de Riedmatten:
sans esprit de polémique, je comprends que vous en ayez “gros sur la patate”, étant dans un cas similaire.
Cependant, insulter un chef d’Etat n’est pas fait pour apaiser les passions, ce que vous recherchiez je pense intérieurement pour vous-même en écrivant votre commentaire.
Que vous teniez L XVI pour unique responsable de la Révolution revient à dire que vous niez de facto l’implication des loges maçonniques et l’impact de l’idéologie des “L”umières, ce qui historiquement prête le flanc…
Si les qualités humaines du roi ne sont pas parfaites, en revanche, l’idée de Royauté n’avait de sens que par la Royauté du Christ. Et c’est bien cet aspect qu’il faut souligner : en décapitant le roi, les révolutionnaires ont symboliquement et concrêtement supprimé ce qui fait la tête (“vous êtes les membres…”), inspirés qu’ils étaient d’une société sans Dieu et sans hiérarchie.
J’arrête là car je pourrais en parler des heures et des heures.
bien amicalement
@+
claire
En tranchant la tête du Roi, une certaine France a provoqué la mort violentissime et symbolique du “Père”,acte de défi dont nous sommes encore héritiers; trangesseurs et affranchis contre tenants d’un ordre et d’une vision large de notre nation. Tant que nous n’aurons pas posé un acte symbolique de réparation (comme les Russes l’ont fait en enterrant solennellement les restes de la famille impériale) nous irons mal…
FRL
Je conseille vivement la biographie de Jean de Viguerie: “Louis XVI le roi bienfaisant” (éd du Rocher) dont l’extrait ci-dessous donne le ton:
“Nourri de Fénélon, ouvert aux Lumières, croyant que gouverner était faire le bien, Louis XVI, roi singulier, prince attachant, ne pouvait qu’être sensible à l’aspect généreux de 1789, puis choqué, voire révolté, par les dérives révolutionnaires. Roi bienfaisant, il fut emporté par une tourmente imprévisible, presque imparable.”
http://www.capetiens.com/couverture37.htm
JBP
Vive le Roi!
oxbridge
Réponse à Michel Janva : que les divisions et les lâchetés du camp royaliste n’aient pas aidé Louis XVI, ce n’est que trop certain. Mais encore aurait-il fallu qu’il donne aux royalistes envie de l’aider, par une opposition un tant soit peu ferme et consistante à la Révolution. Certes, il fallait l’aider de toute façon parce qu’il était le roi (et ils ne furent pas si rares, ceux qui le firent, avec plus ou moins de talent), mais le fait est que Louis XVI a découragé beaucoup de ses partisans. D’ailleurs, s’il s’est retrouvé si seul, n’est-ce pas en partie parce qu’il avait lui-même, dès juillet 1789, encouragé beaucoup de nobles à l’émigration, pour se débarrasser de figures de la réaction aristocratique qui l’embarassaient ?
A Varennes, si beaucoup d’incompétences compromirent l’entreprise (mais en premier lieu la sienne), Louis ne fut pas abandonné de tous, loin s’en faut. Quand Damas et Choiseul lui font remarquer qu’il n’a qu’un ordre à donner pour qu’on le dégage avec facilité, il refuse de donner cet ordre. C’est lui le principal responsable de l’échec, ne serait-ce que parce qu’il était le roi, et qu’on ne peut pas reprocher aux autres de n’avoir pas su suivre une politique qu’il n’a pas su insuffler.
La théorie d’un Louis XVI “zéro défaut” des Girault de Coursac ne tient pas la route une seconde. Semblant accepter, à la De Maistre, la révolution comme une fatalité (conception tout de même plus musulmane que chrétienne, parce qu’alors où est la liberté humaine ?), elle oublie tout simplement qu’en définitive, ce sont les hommes qui font l’Histoire.
de Riedmatten
@Martes
Les francs-maçons n’étaient pas rois de France
Anonyme
” Semblant accepter, à la De Maistre, la révolution comme une fatalité (conception tout de même plus MUSULMANE que chrétienne, parce qu’alors où est la liberté humaine ?”
Ouh là là exbridge,que vient faire l’Islam dans cette affaire ?!?
claire
N’oublions pas deux choses :
– Louis XVI avait un tempérament de médiateur, dont la force principale est le soutien aux autres, etl’action juste. Ce caractère cherche avant tout à éviter l’inconfort, le conflit le fait se recroqueviler en lui, il préfère céder; fier de sa capacité à être facile à vivre, il est aussi paresseux à moins d’être stimulé en permanece, notamment par des “carottes” affectives. C ‘est un casanier qui aime ses petites habitudes…
– ensuite et c’est ce qui a fait son malheur : il n’a pas été préparé à régner, souvenons-nous de ses paroles à Marie Antoinettele le jour de la mort de Louis XV “Ah, mon amie! que nous advient t’il? Nous régnons bien jeunes!”
le Partisan Breton
Il est indéniable que la France est entrée en état de péché mortel lorsqu’elle a guillotiné Louis XVI (je pense que le terme n’est pas trop fort car c’est un symbol extrémement fort auquel les révolutionnaires s’attaquèrent).
Mais malheureusement pour la Fille Ainée de l’Eglise, Louis XVI ne fut pas un Roi à poigne qui aurait dû rétablir l’ordre. Il n’en eu tout simplement pas le tempérament.
Reste pour nous à prier pour notre vieille France. Et pourquoi pas organiser une Messe à La Concorde pour demander pardon : quel symbôle ça serait de bloquer la circulation sur les principaux artères parisiens pour cette Messe, quel magnifique témoignage!!!
oxbridge
Le partisan breton est sans doute trop jeune pour s’en souvenir, mais une telle messe a été célébrée place de la Concorde le 21 janvier 1993. Il y avait du monde, c’était très émouvant. Mais rien n’interdit de le refaire pour un autre anniversaire.
le Partisan Breton
En effet, j’étais trop jeune à l’époque… Mais pouvez-vous me donner quelques renseignements sur l’organisation de cette Messe (circulation bloquée?, quels célébrants, nombre de personnes présentes, …), éventuellement un site web sur lequel je puisse prendre de plus amples informations (photos, …).
Vous remerciant par avance
Martes in Deo
@ Riedmatten:
les responsables de la Révolution sont les FM qui ont instillé les idées que l’on connaît. Dire que L XVI est responsable, c’est faire une confusion.
voilà le sens de mon commentaire précédent.
@+