Après John Roberts, qui est entré dans ses fonctions de président de la Cour suprême américaine jeudi, Bush devait désigner le remplaçant de Sandra O’Connor, juge démissionnaire.
Il a choisi de la remplacer par une autre femme, Harriet Miers.
Bien que son nom fût parmi les plus mentionnés ces derniers jours, les premières réactions à la désignation de Miers sont plutôt mauvaises, y compris de la part de conservateurs.
Miers a été avocate d’affaires et est actuellement conseiller juridique à la Maison Blanche, mais n’a jamais été juge. Les adversaires démocrates de Bush pourront aisément l’accuser d’inexpérience, voire accuser Bush de népotisme, pour voter contre Miers lors de son passage devant le Sénat.
Les conservateurs pro-vie sont pour la plupart inquiets : rien n’indique qu’en matière judiciaire Miers ait, comme Roberts, développé une philosophie conservatrice cohérente.
Outre sa longue collaboration avec George Bush, plusieurs éléments de sa biographie sembleraient certes indiquer une telle philosophie : par exemple, alors qu’elle était bâtonnier au Texas, elle aurait plaidé pour que l’association des avocats (l’American Bar Association) cesse de soutenir l’avortement.
Mais, même si l’ACLJ (organisation de juristes solidement pro-vie) la soutient déjà, la plupart des conservateurs sont inquiets. Ils savent que les juges de la Cour suprême baignent dans un milieu qui tendra à les entraîner vers la gauche si leurs opinions conservatrices ne sont pas solides. Et ils sont inquiets de contributions qu’elle a versées en 1988 à deux Démocrates centristes, Al Gore (oui, il était centriste à ses débuts – pro-vie, même) et Lloyd Bentsen.
Sandra O’Connor ayant été avec le juge Kennedy une des deux voix
centristes
à la Cour (contre 4 juges "à gauche" et 3 "à droite"), l’occasion était
historique de changer le centre de gravité de la Cour sur des certaines
questions, et de passer de 3 à 4 voix présumées en faveur de casser Roe
vs Wade. Les observateurs pro-vie réservent pour la plupart leur jugement, mais se demandent si cette occasion historique n’a pas été manquée.