Dans Le Monde d’aujourd’hui, le Premier ministre turc Erdogan affirme ne pas concevoir que les négociations avec l’UE aboutissent à autre chose qu’à l’adhésion et certainement pas à un partenariat stratégique créé sur mesure. Cela ne l’empêche pas de refuser de reconnaître ni la République de Chypre (dont son adhésion dans l’UE constitue selon lui une faute grave !) ni le génocide arménien. Bref, il n’y a pas de dialogue possible, l’UE n’a qu’à obéir.
Ce qu’ont commencé à faire certains chefs d’Etat européen, parmi lesquels évidemment Jacques Chirac, toujours à la pointe de la décadence, et son fidèle homologue Schröder (voir ici)…
Selon diploweb, l’élargissement de l’Union européenne à la Turquie, sous couvert d’ouverture et de volonté pluraliste des pays du vieux continent, fait en réalité partie de la stratégie géopolitique américaine, jouant comme d’habitude à l’apprenti-sorcier. Celle-ci vise à travers l’Occident déjà structuré en grandes entités, soit confédérale (Europe), soit fédérale (États Unis) à entraver l’organisation du Moyen-Orient, en engendrant directement ou indirectement des scissions dans cette région pour la maintenir dépendante.
"L’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, c’est l’assurance pour les Etats-Unis, que celle-ci, diluée dans un trop large espace, ne sera jamais une Europe-puissance qui pourrait un jour leur tenir tête, tout comme l’intégration de l’Ukraine dans celle-ci ruinerait pour toujours l’espoir de la Russie, privée d’ancrage au centre de l’Europe, de redevenir une grande puissance régionale a fortiori mondiale" (Pierre Biarnès, "Pour l’empire du monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003).
Michel Janva