Située dans le sud des Pays-Bas, l’abbaye trappiste de Notre-Dame de Koningshoeven est connue pour ses bières. En effet, l’abbaye en brasse depuis 1884, soit à peine 4 ans après l’installation des moines ! Mais l’histoire mouvementée de ces trappistes mérite aussi votre attention… Divine Box vous raconte tout en trois minutes, c’est parti !
Un moine trappiste de Koningshoeven dans la boutique de l’abbaye
Un peu d’histoire…
Tout commence en France (cocorico !) en 1880, quand l’abbaye du Mont des Cats, inquiète des lois anticléricales qui sévissent dans le pays, décide de préparer une éventuelle fuite. En deux temps trois mouvements, un moine arrive alors aux Pays-Bas, à Tilburg. Il s’installe au lieu Koningshoeven, c’est-à-dire “Les fermes du Roi”.
Au départ, cette fondation est pensée pour n’être que provisoire, le temps que le contexte politique français devienne plus serein. D’ailleurs, son premier nom est “Refuge Notre-Dame de Saint-Bernard”, et les moines s’installent dans la bergerie. Peu de chance de rester longtemps, donc !
En 1881 cependant, 8 autres moines arrivent du Mont des Cats, et se mettent au travail pour convertir la bergerie en monastère de fortune. Le projet prend alors plus d’ampleur, et devient officiellement le monastère Notre-Dame de Koningshoeven ! Les premières années sont difficiles pour les moines, qui ont notamment des sols infertiles, malgré tous les efforts et toute la technique trappiste connue à l’époque. Mais cela ne les gêne pas : “l’aspect pauvre nous arrange pour y envisager les mystères de Nazareth avec plus de piété” lit-on alors !
Prévue pour être un simple refuge, Koningshoeven est devenue une véritable abbaye !
Et pourtant, malgré l’impossibilité parfois de nourrir toutes les bouches, la communauté grandit beaucoup ! La brasserie est lancée en 1884, la ferme est agrandie, l’agriculture se développe etc… Le monastère est ainsi érigé en abbaye en 1891, et reconstruit dans la foulée pour rehausser le prestige du catholicisme aux Pays-Bas, largement protestant.
Un peu plus tard, l’abbaye peut créer des fondations, dont l’abbaye de Zundert en 1900 (qui brasse la bière du même nom) !
La Seconde Guerre mondiale ternit cependant le tableau, puisque trois moines d’origine juive sont arrêtés et tués à Auschwitz. Mais l’abbaye reprend vite des forces : après la Seconde Guerre mondiale, ils sont cent cinquante-trois moines sur place !
L’abbaye de Koningshoeven n’échappe pas aux idées libertaires des années 60 : les vocations monastiques sont plus rares, et certains moines quittent l’abbaye. Les finances de la communauté sont alors problématiques (notamment en raison des aléas de la brasserie), et la communauté vieillit doucement.
De nombreuses jeunes vocations arrivent depuis les années 2000, soutenant ainsi les activités de l’abbaye, située en pleine campagne et entourée de champs et de forêts. Aujourd’hui, les moines y cherchent toujours Dieu dans la prière (sept offices par jour, le premier à 4h15 !) et le travail manuel, qui accomplit le moine en tant que tel, et donne du sens aux nouvelles vocations.
Et la brasserie dans tout ça ?
L’abbaye de Koningshoeven brasse de la bière depuis 1884 !
En 1884, trois ans après leur installation, les moines de l’abbaye de Koningshoeven décident d’installer une brasserie. Inspirés par les exemples de l’abbaye de Westmalle, de celle de Westvleteren, d’Achel et de l’abbaye de Scourmont, les moines suivent ainsi la vieille tradition brassicole monastique. Les revenus supplémentaires leur permettent alors d’être autonomes et d’assurer la charité, deux valeurs fondamentales chez les trappistes.
Hasard ou non, le père du prieur de Koningshoeven est brasseur à Munich ! Il finance alors les premières installations, et forme un moine, frère Isidorus, au brassage. Les deux premiers brassins sont un échec, mais le troisième est le bon : en 1886, sort des cuves de l’abbaye une bière brune de fermentation basse, qui fait tout de suite un carton dans la région, puis dans le pays, puis dans le monde entier !
La brasserie alterne ensuite pendant longtemps des périodes de croissance et de crise. Elle frôle ainsi la faillite à la fin du XIXe siècle, principalement à cause d’un directeur trop “expérimental”, dont certains brassins étaient imbuvables. En 1895, l’abbaye de Koningshoeven avait pu fournir ses bières pour l’Exposition Universelle d’Anvers. Mais le directeur, très téméraire, avait voulu tester une toute nouvelle recette jamais brassée avant. Le résultat ? Une bière imbuvable … Dommage !
L’arrivée du frère Séraphin renverse ensuite la tendance, mais à la suite d’un incident diplomatique en 1909, la brasserie sombre à nouveau : elle est vidée et le malt est donné aux poules…
Quelques mois plus tard, l’activité reprend et les ventes décollent ! Mais la pénurie de matières premières lors du premier conflit mondial paralyse la brasserie de Koningshoeven. Finalement, la production reprend peu à peu et atteint un record historique pendant la Seconde Guerre mondiale : la brasserie est même fermée pendant six mois à cause de sa surexploitation ! Que d’aventures pour cette brasserie …
Brassée depuis 2000, la Trappe Blond est rapidement devenue une des bières les plus appréciées de Koningshoeven !
La situation de la brasserie de l’abbaye de Koningshoeven semble s’être stabilisée depuis 1998 et sa collaboration avec le grand groupe Bavaria. Cela lui a quand même valu la perte du logo « Authentic Trappist Product » en 1999 car l’authenticité monastique des bières était devenue trop floue ! Mais l’abbaye a retrouvé le logo ATP en 2005, car l’implication et la surveillance des moines était rétablie. Ouf !
Aujourd’hui, la brasserie de Koningshoeven se porte bien ! La qualité de ses bières ne fait plus aucun doute, et la notoriété de sa marque grandit, sous la supervision de frère Isaac. La brasserie emploie ainsi une cinquantaine de personnes, dont certaines en situation de réinsertion ou de handicap, et soutient, par ses 3.500.000 de litres annuels, une fondation en Ouganda qui a de grands besoins financiers.
De plus, soucieux des enjeux environnementaux, les moines se sont équipés de panneaux solaire et ont produit une nouvelle bière, la Trappe Puur, utilisant 100% des ingrédients issus de l’agriculture biologique, pour ne citer que deux exemples ! C’est pas bio ça ?
Et pour goûter les bières “La Trappe” de l’abbaye de Koningshoeven ?
Cliquez ici pour découvrir les bières de l’abbaye de Koningshoeven. Ou sinon, rendez-vous sur place directement : Abbaye Notre-Dame de Koningshoeven, Eindhovenseweg 3, 5056 RP Berkel-Enschot, Pays-Bas. Sinon sur internet, cliquez ici pour acheter des bières trappistes, et retrouvez ainsi La Trappe Quadrupel ou encore La Trappe Witte 😇