Cyril Farret d’Astiès, auteur d'une rocambolesque Balade buissonnière pour un maréchal défunt, publiée sous pseudonyme en 2011, récidive avec un recueil de nouvelles plus ou moins (et surtout plus que moins) inspirées de l'actualité : Zosime aux liens (du titre de l'une de ces nouvelles, racontant l'élection d'un cardinal africain au Siège de Pierre…). Une autre de ces nouvelles, Le dernier avion, raconte la rupture des relations entre la France de Sarkozy et la Libye de Khadafi, avec la menace de ce dernier de révéler le financement occulte de la campagne du président français. On y trouve ce dialogue empreint de réalité :
"Vous savez très bien comment fonctionne la presse, notre presse, notre chère presse ! Elle s'en fout de vos révélations ! Elle sait déjà tout ! […] L'accord est tacite et personne entre le monde politique et le monde de la presse ne le transgressera en somme, c'est bien le même, nous buvons aux mêmes points d'eau, nous passons nos vacances dans les même hôtels, nous sortons des mêmes écoles, nous faisons l'hiver du ski dans les mêmes stations, nous partageons parfois les mêmes maîtresses. Il est des secrets de famille que l'on ne divulgue pas, même lorsqu'on est très fâché. Ce serait bien trop dangereux pour tout le monde si nous commencions à nous entredévorer. Ces questions sont bien trop graves. Voyez-vous, amuser la galerie avec des petites peaux de banane, faire le jeu d'un candidat, d'une famille, d'un camp ou de l'autre, c'est le coeur de notre métier. Nous aimons les histoires de luttes de personnes, de querelles de clans, c'est un peu voyeur, ça donne le change et cela fait vendre. Mais mordre la main qui nous nourrit et que l'on nourrit en retour, cela jamais, non, ce serait trop dangereux, nous chuterions tous. De l'alternance, oui ! Mais surtout pas de changements. Et voyez-vous, nous sommes tous très contents de notre petit système, il est très nourricier, très moelleux, il y fait bien chaud. Vous êtes bien gentil, mon bon Monsieur, bien gentil. Je vais vous faire une fleur, car vous m'êtes sympathique, demain je passerai un entrefilet : Khadafi menace de révéler sa participation financière dans la campagne présidentielle de 2007. Bon courage par les semaines qui s'annoncent, il va faire vilain temps par chez vous."