Extraits de l'éditorial de Mgr Aillet dans la revue diocésaine "Notre Eglise" de novembre :
"Le projet de loi sur le « mariage » entre personnes de même sexe avec le
droit d’adopter des enfants rencontre de plus en plus d’opposition :
l’Eglise catholique, par la voix de nombreux évêques, mais aussi des
responsables des grandes religions et des autres confessions
chrétiennes, des maires et des députés y compris dans les rangs
socialistes, des pédopsychiatres, psychanalystes et psychologues
s’élèvent contre ce qu’il convient d’appeler une « dénaturation » du
mariage. Ne faut-il pas reconnaître ici, n’en déplaise aux incrédules,
la puissance de la prière proposée à toutes les paroisses catholiques de
France par le Cardinal André Vingt-Trois pour la fête de l’Assomption
de Notre-Dame et qui a largement ouvert le débat dans l’opinion
publique ? A tel point que désormais, une majorité de Français
interrogés s’oppose à l’adoption des enfants par des couples de même
sexe, et que le gouvernement a préféré reporter l’examen parlementaire
du projet de loi.Comme le Pape Benoît XVI l’affirmait devant le premier groupe
d’évêques français en visite ad limina, le 21 septembre dernier :
« Défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien
rétrograde, mais plutôt prophétique […] Nous avons là un véritable défi à
relever » ; et d’ajouter, en nous rejoignant dans notre actualité
présente : « Mariage et famille sont des institutions qui doivent être
promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité,
parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure
pour la convivialité humaine comme telle ». De nombreuses associations,
d’inspiration chrétienne ou non, se mobilisent actuellement pour exiger
un débat public et faire barrage à ce projet de loi. Il est de mon
devoir d’évêque de les soutenir dans leur bon combat, comme d’encourager
les fidèles de mon diocèse à s’engager à leur côté. Le Saint-Père ne
nous rappelait-il pas, lors de la même visite ad limina, que « la tâche
spécifique des fidèles laïcs est l’animation chrétienne des réalités
temporelles au sein desquelles ils agissent de leur propre initiative et
de façon autonome, à la lumière de la foi et de l’enseignement de
l’Eglise » ?[…] Le bon sens suffit à réprouver
l’adoption d’enfants par des couples de même sexe et c’est sur ce
« droit de l’enfant », le grand oublié des revendications actuelles, que
se concentre précisément l’opposition au projet de loi. Il faut
cependant aller plus loin et s’opposer fermement au mariage lui-même
entre personnes de même sexe que la majorité des personnes homosexuelles
ne demandent pas et qui est revendiqué par des lobbies
ultra-minoritaires, exerçant un véritable terrorisme sur l’opinion
publique. Ce n’est pas être « homophobe » que d’affirmer que le droit au
mariage nécessite l’altérité des sexes qui seule peut structurer et
garantir des relations harmonieuses et apaisées au sein de la société,
dont la famille est assurément la cellule de base ; ni de continuer à
dire que les relations homosexuelles sont désordonnées et contreviennent
gravement au dessein de Dieu sur le mariage et la famille (cf.
Catéchisme de l’Eglise Catholique 2357-2359). Dénier ce « droit au
mariage » aux personnes de même sexe ne relève aucunement de la
discrimination : toute personne mérite d’être reconnue et respectée dans
sa dignité, mais cette dignité précède l’orientation sexuelle d’une
personne et repose fondamentalement sur son identité qui est toujours,
quelles que soient ses tendances ou ses modes de vie, d’être un homme ou
une femme. Il y aurait en revanche une discrimination injuste pour la
grande majorité des couples et pour les enfants à qui l’on dénierait
institutionnellement le droit d’être élevés par un père et une mère, à
redéfinir le mariage et la filiation dans le code civil, sous la
pression, somme toute, d’une poignée de militants.En nous proposant Jeanne d’Arc, dont nous célébrons cette année le
sixième centenaire de la naissance, comme « un modèle de sainteté laïque
au service du bien commun », le Pape Benoît XVI a souligné que « l’un
des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est
précisément ce lien entre l’expérience mystique et la mission
politique ». Comme le disait autrement Marthe Robin, la stigmatisée de
Chateauneuf de Galaure : « l’action politique déborde de la prière ».
Face au pouvoir absolu de l’actuelle majorité parlementaire et aux
puissants moyens médiatiques déployés, ce combat n’est certes pas à
armes égales, comme celui de David contre Goliath. Mais il s’agit d’un
combat spirituel, dans lequel nous devons nous engager avec des armes
spirituelles : la charité envers les personnes, dont nous ne saurions
jamais nous départir, et la prière, par laquelle nous confierons au
Seigneur un combat qui n’est pas le nôtre mais le sien, car il en va de
l’accomplissement de son dessein créateur. Forts de ces moyens
spirituels, nous ne négligerons pas pour autant les moyens politiques
qu’une démocratie participative met à la disposition des citoyens."