Dans France catholique, Philippe Pichot-Bravard revient sur l’encyclique Quanta cura et le Syllabus publiés par Pie IX. Extraits :
[…] L’encyclique Quanta cura et le Syllabus condamnaient les différents aspects de la modernité philosophique, à savoir le rationalisme hérité de Descartes et de Kant, qui, notamment, conduit à nier la nature divine du Christ; l’étatisme, qui ambitionne le monopole de l’enseignement; le régalisme qui soumet l’Église dans l’accomplissement de sa mission spirituelle au contrôle de l’État; la franc-maçonnerie, société secrète maintes fois condamnée par le Magistère depuis 1738; le socialisme, qui assure l’emprise de l’État sur la famille; les doctrines économistes, qui ne recherchent que l’accumulation des richesses matérielles sans souci du bien commun; le naturalisme, qui considère comme un progrès que la société humaine soit gouvernée sans tenir compte de la religion; le panthéisme; l’indifférentisme et le libéralisme moderne, qui promeut une conception relativiste de la liberté mettant sur un pied d’égalité la vérité et l’erreur.
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Le Syllabus s’attaquait également aux institutions des États de l’époque, et notamment à celles de l’Empire napoléonien. Certes, l’Empire n’y était jamais explicitement cité, néanmoins nombre des articles du Syllabus s’appliquaient à lui, épinglant, notamment, les articles organiques complétant le Concordat de 1801, la définition donnée par le Code Napoléon du mariage, le contrôle exercé par l’Université impériale et le Conseil supérieur de l’instruction publique sur l’enseignement, ou encore le positivisme juridique. Le Syllabus reprochait implicitement aux États, et notamment à l’Empire français, héritier des principes de 1789, de ne plus reconnaître ce que Mgr Pie appelait « la royauté sociale » du Christ.
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Dès lors, le Syllabus ne pouvait que se heurter à l’hostilité du gouvernement impérial. Sur les conseils de Mgr Darboy, archevêque de Paris, et de Mgr Maret, Napoléon III signa le 5 janvier 1865, un décret interdisant la publication de l’encyclique Quanta cura et du Syllabus au motif qu’elles « conten[aient] des propositions contraires aux principes sur lesquels repose la Constitution de l’Empire ». Dès lors, le Syllabus risquait fort de n’être connu du public que par les commentaires malveillants de la presse anticléricale… […]