Extrait de l'analyse de l'affaire norvégienne par le commentateur conservateur du New York Times, Ross Douhat :
"Comment les conservateurs européens doivent-ils réagir ? Pas en prétendant qu'il n'y aurait aucun lien que ce soit entre l'extrémisme de Breivik et la droite européenne dans son ensemble. Ses crimes doivent être dénoncés et répudiés, mais leur pédigrée intellectuel doit être reconnu.
Mais cela ne veut pas dire que les conservateurs doivent pour autant abandonner leurs convictions. L’horreur qui a eu lieu en Norvège ne discrédite pas plus la vision de l’assimilation musulmane professée par Angela Merkel que les bombes de Ted Kackynski [voir ici] n’ont discrédité les opinions d’Al Gore sur la face sombre de l’industrialisation. Sur les grands enjeux, les conservateurs culturels européens ont raison : l’immigration de masse a en effet laissé leur continent plus divisé qu’enrichi ; l’Islam et la démocratie libérale ne se sont pas encore montrés naturellement compatibles ; et le rêve d’une Union européenne postnationale et postpatriotique gouvernée par une élite politique bienveillante paraît chaque jour plus insensé.
Depuis des décennies, les classes gouvernantes européennes ont maintenu que seuls des racistes s’inquiétaient de l’immigration, que seuls des chauvins doutaient du succès du multiculturalisme, et que seuls des fascistes se préoccupaient d’identité nationale. Maintenant qu’un véritable extrémiste de droite a perpétré un massacre terrible, il leur sera aisé de revenir à ces illusions confortables.
Mais quand un système politique nie l’existence de problèmes réels, les extrémistes se renforcent. Les conservateurs des deux côtés de l’Atlantique ont le devoir de reconnaître que Anders Behring Breivik est sans ambiguïté un monstre de droite. Mais ils ont aussi des obligations envers les réalités que la terrible atrocité de ce monstre menacent d’obscurcir."
Ce n'est pas parce qu'un type se comporte comme un fou criminel que tout ce à quoi il a cru est de facto discrédité, car à ce petit jeu là, il ne faudrait plus défendre aucune idée. Ceux qui ne cessent de le prétendre devraient se souvenir de l'affaire Richard Durn, cet assassin ancien membre du PS, militant écologiste et adhérent de la Ligue des Droits de l'Homme.