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France : Société

L’affaire de l’Arche de Zoé ou le délire compassionnel

Neuf Français accusés d’enlèvement et trafic d’enfants au Tchad, ainsi que les sept membres espagnols de l’équipage de l’avion sont en garde à vue samedi à Abéché, dans l’est du pays. L’association française Arche de Zoé s’apprêtait à faire embarquer dans un avion à destination de la France 103 enfants de cette région à cheval entre le Tchad et le Soudan. Les autorités tchadiennes ont accusé les responsables de l’opération d’"enlèvement" et "trafic" d’enfants. Les responsables affirment avoir monté l’ opération pour "sauver de la mort" des "orphelins". Les enfants devaient être "accueillis" par des familles en France, moyennant finances.

Au-delà des faits, une chose est certaine selon Gérard Gachet :

"Un tel événement n’a pu avoir lieu […] qu’en raison de l’immense délire compassionnel dans lequel nous sommes plongés depuis des années. La culpabilisation et la repentance dans lesquelles nous baignons vis-à-vis du tiers-monde a convaincu beaucoup d’entre nous – généralement des gens d’une totale bonne foi – que nous sommes responsables des malheurs des pays pauvres […].

Alors, stars du show-biz en tête, c’est à qui ira chercher des enfants à recueillir ou à adopter dans les pays les plus "exotiques", de l’Afrique subsaharienne à l’Asie en passant par l’Amérique latine. Une démarche où se mêlent désir de publicité chez les "people", charité réelle chez les anonymes, et égoïsme inconscient chez presque tous. Qui se soucie vraiment, au fond, de l’intérêt réel de ces enfants que l’on arrache à leur pays, à leur milieu et à leur culture ? Qui s’interroge sur leur avenir, lorsqu’ils réaliseront à partir de l’adolescence que leurs racines sont ailleurs et qu’ils voudront légitimement les retrouver ? Qui osera reconnaître que, même si certains réussiront à s’intégrer harmonieusement dans la société française, beaucoup se retrouveront dans une position de "no land’s man" bien difficile à vivre ?

Bien sûr, dire cela, c’est […] ne pas se soumettre au dogme sacré du "droit d’ingérence" […]. Poussé à l’extrême, ce dogme conduit à ignorer la souveraineté des Etats et à ne pas respecter leurs lois, comme l’a fait "L’Arche de Zoé" au Tchad. En France aussi d’ailleurs, si l’on en croit un des parents d’accueil ; interrogée à la radio, cette femme, faisant allusion à l’expulsion des enfants scolarisés d’immigrés clandestins, s’exclamait : "Nous, on veut accueillir des enfants africains alors que la France les rejette !" Comme quoi une compassion mal maîtrisée peut conduire à de regrettables dérives politiques."

Michel Janva

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