Interrogé dans le JDD, Bernard Lugan déclare :
[…] l’Algérie est en guerre contre la France et cela, depuis 1962. Il suffit d’écouter les paroles de son hymne national… Le ministre Retailleau n’a pas la tâche facile car il doit se battre en France même, et jusqu’au sein du gouvernement, contre les groupes de pression de cette gauche française gardienne vigilante du mensonge national algérien. Si nous voulons dépasser le simple descriptif de la situation actuelle, il nous faut revenir à l’histoire qui explique tout en Algérie. La cause immédiate de l’accélération de la guerre que nous mène l’Algérie est que, habituée à voir satisfaites toutes ses exigences mémorielles, elle n’a pas accepté la reconnaissance par Paris de la marocanité du Sahara occidental qui remonte pourtant au XIe siècle.
À ce sujet, vous prônez un retour du réel, en citant Mohammed Harbi « pour que l’histoire cesse enfin d’être l’enfer et le paradis des Algériens ». Il y a donc un espoir de réconciliation ?
Cette phrase de Mohammed Harbi est d’une grande profondeur. « Enfer » effectivement, car l’histoire montre que l’Algérie n’existait pas avant 1962, d’où ce complexe existentiel qui habite ses dirigeants et qui interdit chez eux toute analyse rationnelle. Mais, paradoxe, pour eux, cette histoire est en même temps « paradis », parce que, pour oublier qu’elle est un « enfer », ils ont fabriqué une artificielle épopée valorisante à laquelle ils sont condamnés à faire semblant de croire et sur laquelle repose la « légitimité » du régime. Comme cette histoire officielle présente la France comme étant à l’origine de tous les problèmes de l’Algérie, tant que la génération qui la dirige actuellement ne sera pas arrivée au terme de son horloge biologique, toute « réconciliation » sera impossible.
Vous dites sur l’affaire Boualem Sensal qu’« une simple attitude virile du président Macron suffirait ». Qu’entendez-vous par là ?
Revenons d’abord sur les raisons de la prise en otage de Boualam Sansal car nous sommes là au cœur de la fausse histoire algérienne fabriquée par le FLN depuis 1962. Avec l’Algérie, nous en revenons, en effet, toujours à l’histoire, et c’est pour cela que j’ai écrit ce livre. Sansal a, en effet, osé faire connaître au grand public une vérité connue des historiens sérieux, mais interdite de publicité, à savoir qu’avant la colonisation française, l’ouest de l’Algérie (Béchar, Tindouf, Tidikelt, Gourara, Saoura, Tabelbala etc.) faisait partie intégrante du Maroc et que ce fut la France qui, pour créer l’Algérie française les en détacha. Pour encore aggraver son cas, Boualem Sansal ajouta que, durant la guerre d’indépendance, hébergés et aidés diplomatiquement, financièrement et militairement par Rabat, les dirigeants algériens s’étaient engagés à ce que, une fois l’indépendance obtenue, soient restitués au Maroc des territoires qui lui avaient été arrachés par la colonisation.
Or, après 1962, non seulement Alger n’a pas respecté sa parole, mais, plus encore, a déclenché contre le Maroc la guerre des Sables de 1963… C’est donc pour avoir osé toucher au mythe fondateur d’une Algérie historiquement prétendument une et indivisible, crime très sévèrement puni par le Code pénal algérien, que Boualem Sansal a été emprisonné. Le « système » qui l’a pris en otage et qui dirige l’Algérie, ne peut, en effet, tolérer la moindre atteinte au dogme historique national, toute remise en cause représentant, en effet, une menace existentielle pour lui. […]
Meltoisan
Il y a quelque décennies, j’ai passé de longs mois dans une Algérie “sous domination soviétique”. Malgré la propagande nous n’étions pas dupes ! Mélangée à l’Islam, cette idéologie importée de l’Est n’a malheureusement pas disparu.