"Un avertissement émis depuis 2008 " : ils ont laissé des femmes s’empoisonner pendant 10 ans pour ne pas s'opposer à la l'idéologie des contraceptifs…
Après les pilules de 3e et de 4e génération, le Médiator ou le Dépakine, c’est au tour de l’Androcur de faire l’objet d’une nouvelle crise du médicament. Prescrit depuis les années 80 par les laboratoires Bayer comme contraceptif ou traitement contre l’acné, l’Androcur présenterait des risques sérieux pour la santé en cas d'utilisation prolongée. L’l’Agence nationale de sécurité du médicament vient de créer un comité scientifique afin de réviser les recommandations relatives à sa prescription.
Ce progestatif prescrit pendant des années à des milliers de femmes est aujourd’hui accusé d’augmenter fortement le risque de méningiome, une tumeur cérébrale généralement bénigne mais qui peut occasionner de graves séquelles comme des troubles de la mémoire, de l’épilepsie ou une perte du goût et de l’odorat. Appartenant à la classe des antiandrogènes stéroïdiens, l’Androcur est notamment utilisé pour traiter le cancer de la prostate à un niveau avancé. L’Androcur et ses génériques bloquent les effets de la testostérone et sont régulièrement prescrits aux femmes souffrant d’un développement extrême de la pilosité, contre l’acné, l’endométriose ou en guise de contraception.
Prescrit à 80% des femmes (57 000 en 2017, selon l’Assurance maladie), l’Androcur est aujourd’hui soupçonné de multiplier par 7 à 20 le risque de méningiome selon la durée du traitement. L'ANSM reconnaît que depuis 2009,
"l’acétate de cyprotérone fait l’objet d’une surveillance particulière suite au signal émis par la France au niveau européen sur le risque d’apparition de méningiome. L’évaluation de ce signal par l’Agence européenne des médicaments (EMA) a conduit à faire figurer ce risque dans la notice du médicament en 2011".
Selon une nouvelle étude pharmaco-épidémiologique, le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement. Des chiffres qui seraient largement sous-estimés selon le Dr Isabelle Yoldjian, chef de pôle des médicaments en endocrinologie à l'ANSM.
"Ces chiffres reposent sur l'analyse des seuls cas opérés. Or les médecins ne retirent pas toujours les tumeurs, car elles régressent souvent spontanément après l'arrêt du traitement. Et certaines peuvent aussi passer longtemps inaperçues."
Selon l’étude de l’Assurance maladie, plus de 500 femmes prenant de l'Androcur ou un de ses génériques ont subi une intervention pour un méningiome entre 2007 et 2015.
Le scandale risque d’être d’autant plus important que les risques concernant le médicament sont connus depuis 2008. C’est un neuro-chirurgien qui a donné l’alerte. Le Pr Sébastien Froelich, de l’hôpital Lariboisière à Paris, explique :
"J'ai commencé à me poser des questions le jour où j'ai vu en consultation deux patientes sous Androcur atteintes de méningiomes multiples, dont l'une était sur le point de devenir aveugle".
D’où la surveillance particulière dont fait l’objet l’Androcur depuis 2009. La question est donc aujourd’hui de savoir pourquoi il a continué à être prescrit à des patientes sur le long terme.