La réalisatrice Cheyenne Carron revient pour FigaroVox sur son film L'Apôtre, qui raconte la conversion d'un jeune musulman au christianisme. Extraits :
"Les occidentaux de culture catholique se convertissant à l'islam font la une des journaux. Mais le parcours inverse semble assez occulté. Est-ce une réalité tabou en France? Pourquoi?
On en parle moins parce que c'est interdit en Islam. Dans un Hadith il est dit: «Celui qui quitte sa religion, tuez-le». Mais heureusement en France, cela n'arrive pas. Et je crois que beaucoup de musulmans sont tolérants quant aux conversions de leurs frères vers le Christianisme.
Avez-vous l'impression que la difficulté pour les musulmans d'accepter la conversion de certains de leurs frères a tendance à s'accentuer?
Je n'en sais rien. Mais j'ai le sentiment au contraire que les choses bougent, et que la tolérance est en train de gagner peu à peu. Et si L'Apôtre peut aider à cela, alors j'en serais très heureuse.
Votre film est à petit budget, n'est diffusé que dans très peu de salles. Avez-vous rencontré des difficultés à le financer et des résistances à le diffuser? Pensez-vous que ce soit à cause du thème du film?
Je n'ai qu'une seule salle! J'ai eu effectivement beaucoup de mal à trouver un distributeur à cause du thème, alors j'ai fini par prendre mon film sous le bras et j'ai frappé au seul cinéma qui est fidèle à mon travail depuis toujours. Le cinéma le Lincoln dans le 8ème arrondissement de Paris.
«Pourquoi les chrétiens acceptent-ils que leurs frères se convertissent à l'islam, et pas les musulmans quand leurs frères se convertissent au christianisme?» demande votre héros à son père alors qu'il est rejeté après sa conversion par une partie de sa famille. Cette phrase n'est-elle pas caricaturale? Sinon, avez-vous une réponse à cette question?
Dans le Christianisme, la Bible ne condamne pas à mort celui qui quitte sa religion. Mais il est vrai que pour une famille Chrétienne, de voir l'un de leur se convertir à l'Islam c'est aussi une véritable déchirure."