Un lecteur, que je remercie, nous a traduit l'article de Mark Regnerus évoqué ici pour les lecteurs du Salon Beige :
Les médias s’extasient sur une nouvelle étude, qui montre seulement que les parents de même sexe sont plus irrités avec leurs enfants.
Par Mark Regnerus, le 15 avril 2016
La science sociale sur les ménages de même sexe n’est pas tranchée (réglée). Elle est tout simplement en suspens.
Une nouvelle étude sur les enfants de 6 à 17 ans des ménages de même sexe féminin a été publiée et fait actuellement la une des magazines spécialisés, qui proclament que les études sociales [sur le sujet] sont désormais totalement, entièrement, véritablement et définitivement fixées. Le problème est que cette étude n’a pas vraiment accomplit ce que ses admirateurs en disent. En réalité, cette étude porte même atteinte à leur désir d’un consensus reconnu.
Voici ce que la nouvelle étude proclame : Aucune différence n’a été observée entre les différentes formes de familles sur les relations familiales ou les résultats des enfants.
Et voici ce que cette même étude signale vraiment (et il n’est pas besoin d’un doctorat (PhD) pour le voir) : les parents de même sexe féminins font état de plus grandes colère, irritation et de plus de frustration vis-à-vis de leurs enfants (lorsque ceux-ci semblent mal se comporter) en comparaison avec les parents de sexe opposé.
L’étude en question a été publiée récemment dans le Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics, et est basée sur des données du National Survey of Children’s Health récoltées entre 2011 et 2012 à partir d‘enquêtes menées auprès de 96 000 parents en ménages avec un ou plusieurs enfants en dessous de l’âge de 18 ans.
Parmi les bonnes qualités des études, cette étude-ci en présente plusieurs, et je suis heureux de les reconnaître là où elles sont présentes. Premièrement, l’étude se focalise sur les ménages en « couples stables », qui étaient très rares dans mon étude de 2012 (lien vers l’étude en format pdf : http://www.markregnerus.com/uploads/4/0/6/5/4065759/regnerus_july_2012_ssr.pdf) sur les réponses d’adultes entre 18 et 39 ans aux réponses données aux questions sur les ménages où ils avaient grandis. C’est optimal [les données de la nouvelle étude], aucun doute là-dessus.
Deuxièmement, elle se base sur des échantillons représentatifs au niveau national – un autre plus. Toutefois, lorsque vous commencez avec des données récoltées sur des dizaines de milliers de cas éligibles [pour l’étude] puis que vous en sélectionnez un certain nombre afin de pouvoir comparer 95 ménages de même sexe féminin avec 95 cas de ménages de sexes opposés, vous arrivez rapidement à un point où la signification statistique est assez compliquée à trouver. (En effet, réduire toujours et toujours plus la taille de l’échantillon en provenance de mon étude est exactement la manière par laquelle les analystes en sont venus à proclamer [lien : http://www.thepublicdiscourse.com/2015/05/14978/] qu’il n’y avait, après tout, aucune différence statistique réelle). Fondamentalement, la taille (de l’échantillon) compte. Ici, la taille de cet échantillon est plus de deux fois supérieure à celui de l’étude sur les modèles appariés de Charlotte Patterson et Jennifer Wainwright (liens vers deux études: http://www.the7eye.org.il/wp-content/uploads/2015/07/lgbt-parents4.pdf et http://people.virginia.edu/~cjp/articles/wp08.pdf) qui étudiaient 44 ménages de même sexe en comparaison avec 44 ménages de sexes opposés.
Localiser un vaste échantillon de ménages de même sexe avec enfant(s) dans les études basées sur la population reste un défi, même en mettant à part les estimations gonflées sur leur nombre réel au sein de la population. Par conséquent, il est encore compliqué de trouver à peu près partout et au hasard des ménages de même sexe stables et avec enfant(s), sauf dans les journaux et à la télévision. Malgré ces limitations, cette étude semble constituer une amélioration. En revanche, elle échoue lamentablement à prouver ce qu’elle proclame, et il n’est pas exagéré de le dire ainsi. Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons, dont la première est assez étonnante.
Bien qu’affirmant le contraire, les mères des couples de même sexe présentent un problème sur un facteur de l’étude que les auteurs ont bizarrement décidé d’appeler « stress parental ». Ainsi (probablement), les mères de même sexe présentent, de manière notable, un « stress parental » supérieur aux couples de sexes opposés. La bizarrerie dont je parle est la décision d’appeler ce facteur « stress parental » en premier lieu. Ce n’est pas une mesure du stress, et il n’est nul besoin de faire appel à un psychomotricien pour le voir. Chaque parent répondant s’est vu demander combien de fois durant le mois précédant ils ont :
- Ressenti qu’il était plus difficile de s’occuper (de prendre soin) de leur enfant qu’il ne l’est pour la plupart des enfants du même âge
- Ressenti que leur enfant faisait des choses les dérangeant particulièrement
- Ressenti de la colère à l’encontre de leur enfant.
Les auteurs ont donc appelé « stress » ce qu’il convient d’appeler un index à trois facteurs sur l’irritation et la colère. Pourquoi les mères de même sexe sont-elles plus en colère contre leurs enfants que les parents de sexes opposés ? Je l’avoue : je l’ignore. Mais cette étude révèle involontairement qu’elles le sont [plus en colère]. La différence, d’ailleurs, est « modérée », ce qui signifie qu’elle n’est pas insignifiante.
Les auteurs font même une ouverture en blâmant l’absence du père comme cause de l’irritation que les parents de même sexe féminin ressentent envers le comportement de leurs enfants. Ils ne citent pas ouvertement son absence, cependant. (Cela ne peut pas compter, n’est-ce pas ?). Néanmoins, ils questionnent ses gènes inconnus [ceux du père] et leur possible influence sur le comportement des enfants.
Le NSCH (National Survey of Children’s Health) n’a pas collecté d’informations sur la provenance du sperme utilisé dans la conception des enfants des mères de même sexe. Il est possible qu’il puisse y avoir des différences dans les relations familiales, dans le stress parental et les résultats des enfants suivant que le donneur de sperme soit connu (qu’il soit un ami ou une connaissance de la mère) ou inconnu.
En réalité, nous ignorons complètement si ces enfants sont issus d’une technologie de reproduction assistée. Pas plus que nous ne savons si les femmes s’identifient elles-mêmes comme des lesbiennes ou même si elles sont dans une relation amoureuse de même sexe. (Au moins, mon étude a vérifié ce dernier point). Nous devons présumer qu’elles sont dans ce cas.
Plutôt que de reconnaître que les parents de même sexe sont plus souvent irrités et en colère contre leurs enfants que ne le sont les parents de sexes opposés, les auteurs ont présenté cette découverte en notant simplement que les parents de même sexe reconnaissent plus de « stress parental » que les parents de sexes opposés. Cela sonne plus noblement.
Additionnellement, les auteurs emploient des modèles régressifs, cherchant à affranchir les ménages de même sexe de toute responsabilité dans les problèmes de santé, les difficultés émotionnelles, les comportements d’adaptation et les habitudes pour le travail à la maison de leurs enfants. Pour être sûr, ils n’ont trouvé aucun effet direct selon le « type » de ménage. Ce qu’ils trouvent, bien qu’ils n’en expliquent aucunement les implications, est un fort effet délétère de « stress parental » sur chacun de ces sujets [comportements des enfants] excepté les problèmes de santé. Cela, dans le monde des sciences sociales, est appelé un effet indirect (négatif) des ménages de même sexe féminins sur le bien-être de l’enfant par l’influence [traduction incertaine ici : former’s influence] du prétendu « stress parental ».
Voilà le résultat clé d’un effort d’amélioration modeste dans l’évaluation des effets des ménages de même sexe sur leurs enfants. Plusieurs autres choses sont aussi à retenir.
Premièrement, le reste des mesures qu’ils emploient semblent tout sauf soigneusement sélectionnées. Le rapport du NSCH, disponible en ligne (lien : http://www.cdc.gov/nchs/data/slaits/2011nschquestionnaire.pdf) sur le site du CDC (Center for Disease Control and Prevention), présente un grand nombre de mesures pour évaluer le bien-être des enfants. Mais la lecture de cette étude ne se fait qu’à travers un petit nombre, incluant une mesure sur la santé générale (Pourquoi la moyenne des enfants de 8 ans des ménages de même sexe serait-elle en mauvaise santé ? Je n’en ai pas la moindre idée. Ni même de ce qui ferait sens pour l’évaluer.) Les auteurs négligent les mesures sur le progrès scolaires, les problèmes à l’école, la participation aux sports et aux activités récréatives, le volontariat, le sommeil, l’exercice [physique], la consommation des médias, la lecture, la dépression, les comportements d’intimidation, et toutes sauf une des cinq mesures de l’épanouissement. Une bonne question est : pourquoi donc n’ont-ils pas inclus toutes ces mesures dans l’étude ?
Deuxièmement, malgré les améliorations l’étude reste du petit côté, présentant des résultats de « non différences » sur les comportements d’adaptations (quand, selon les parents, l’enfant reste calme et sous contrôle devant une situation de défi).qui sont, si vous regardez la Table 3 de l’étude, assez différentes de valeurs nominales. Mais quand vous n’avez que 95 sujets d’études [95 couples], le « pouvoir » [comprendre « capacité »] de détecter des différences significatives dans la population est limité. En d’autres termes, vous pouvez voir qu’il y a une différence (et dans presque toutes les études que je connaisse, cela va dans des directions bien plus nuisibles). Mais tant que vous ne disposez pas d’un échantillon suffisamment important, vous êtes impuissant, capable seulement d’affirmer qu’il n’existe pas de différence statistiques significative.
Les observateurs des études sur les ménages de même sexe ont été martelés depuis une dizaine d’année par ce stratagème intelligent. Les juges et les législateurs ont été nourris à la cuillère avec [cette recette] et ont été amenés à croire que les statistiques ne pouvaient pas se tromper. Or, elles le peuvent, et c’est pourquoi je signale toujours en premier les associations de base. (Il faut porter au crédit des auteurs de l’étude qu’ils l’ont eux aussi fait.)
Troisièmement, la pratique de longue date de discerner les résultats des enfants en parlant à leurs parents se fait vieille. Plutôt que de questionner les enfants eux-mêmes (ainsi que je le fis dans mon étude de 2012, et en dehors de la présence de leurs parents), nous [comprendre « les chercheurs »] continuons à aller voir leurs parents comme leurs référents. Je suis un fervent partisan de l’interrogation des sources indépendantes – soit, en l’occurrence, des enfants – et de le faire de manière anonyme.
Les enfants d’un ménage divorcé, le divorce étant légal aux Etats-Unis depuis maintenant plusieurs décennies, n’ont jamais parus comparables – en moyenne – aux enfants d’un ménage stable et intact. (Il en va de même pour l’adoption). Leurs avocats [défenseurs] n’ont pas insistés pour que nous reconnaissions qu’ils soient comparables. En réalité, il y a des enfants qui passent par toute sorte de diversité et de bouleversements familiaux et qui finissent par vivre une vie productive et émotionnellement saine en tant qu’adultes. Ces enfants ont vécus dans des ménages hétérosexuels et homosexuels, tout aussi bien que dans des ménages riches et pauvres, blancs et noirs.
Aucun érudit assidu que je connaisse n’a jamais soutenu que les parents de même sexe fassent uniformément de mauvais parents dont les efforts d’éducation étaient voués à l’échec. Non, ce qui est nouveau ici n’est pas la révélation de la différence ni qu’un couple marié, stable, aimant et composé d’un père et d’une mère reste un scénario optimal. Ce qui est nouveau, c’est que nous apprenons ici que la légalisation du mariage civil des personnes de même sexe n’est pas suffisante. Nous devons [note du traducteur : en anglais, l’expression « have to » a une valeur très forte, équivalente à une obligation] reconnaître que « les enfants vont bien ».
Les gens pensent que j’ai des griefs contre la (les) communauté(s) LGBT. Il n’en est rien. J’ai des griefs contre une science qui refuse de procéder honnêtement, et contre les groupes privilégiés et protégés – comme cela se fait aujourd’hui – avec une coquille protectrice d’administrateurs, de décideurs et d’éditeurs. Par conséquent, le « bashing anti-Regnerus » (lien : http://www.slowlyboiledfrog.com/2016/04/yet-another-study-demonstrates-that.html) continuera jusqu’à nouvel ordre. Il doit en être ainsi. Je serais peut-être impopulaire – il y a bien des choses plus importantes dans la vie – mais je ne me trompe pas sur les avantages comparatifs des couples mariés et stables formés d’un père, d’une mère et d’enfants. Il faudra plus que de la fumée, des miroirs et de la rhétorique sournoise pour défaire cette vérité empirique.