Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, est interrogé par Minute sur l'opportunité de faire intervenir l'armée dans les banlieues, selon le voeu d'une élue socialiste de Marseille :
"Je n’y suis pas favorable… du
moins pas encore, dans la mesure où
toutes les solutions n’ont pas été
mises en oeuvre du côté des forces
de police et de la justice. Je crois
qu’en l’état actuel des choses, ce serait une solution trop facile pour
masquer nos insuffisances, nos incohérences
et nos lâchetés à ce sujet.
In fine, nous devrons peut-être nous
y résoudre, mais ce n’est pas encore
le moment.
En attendant, comment
rétablir l’ordre et
décourager l’économie
informelle, qui rapporte
beaucoup plus que le travail
honnête ?
La question est délicate, car dans
le trafic de drogues, il y a peu de trafiquants
et beaucoup de bénéficiaires.
Passé un certain seuil de bénéficiaires, une omerta s’installe et il devient difficile d’agir… car les pouvoirs
publics seraient accusés de déstabiliser une économie qui repose
entièrement là-dessus.Ce que vous dites
est terrible…
Oui, mais c’est la vérité. Quand la
police fait trop bien son travail, les
petits délinquants et les mamas receleuses
ne sont plus payés. Les loyers
ne sont plus réglés, les vols à l’étalage
se multiplient et les bailleurs ou
commerçants se plaignent. Je ne dis
pas qu’il ne faut rien faire, mais il convient d’agir avec prudence, par paliers progressifs, pour assainir le tissu
social.
Si en revanche, le tissu social est
encore sain, la fermeté peut payer,
car les habitants osent notamment
donner du renseignement opérationnel, ce qui permet d’éradiquer
les trafics en coupant le criminel de
la population. C’était heureusement
le cas à Montfermeil. Pour être franc,
je ne sais pas si cela sera possible à
Marseille."