Minute constate que le directeur de cabinet de Florian Philippot a fait pire que François Hollande :
"La fiche argumentaire produite par les services de Florian Philippot après l’attentat de Berlin, adressée à tous les élus et cadres du Front national, a laissé plus d’un destinataire perplexe. En fin de semaine dernière, l’un d’eux nous confiait même, atterré : « Là, c’est à se de- mander si l’anti-européisme n’est pas une maladie grave, de celles qui métastasent et montent au cerveau »…
Datée du 22 décembre, ce qui a donc laissé 48 heures de réflexion à son rédacteur, elle est signée, comme à l’habitude, par Joffrey Bollée, le directeur de cabinet de Florian Philippot qui est aussi son assistant au Parlement européen. Il y pourfend, à juste titre, l’accueil inconsidéré des « migrants » et le refus de remettre en cause la libre circulation dans l’espace Schengen, « alors qu’il n’est plus à démontrer que l’absence de frontières nationales facilite les attentats via l’action des réseaux qui les perpétuent ». Jusque-là, tout va à peu près bien, même s’il n’est plus à démontrer que la confusion entre les verbes perpétuer et perpétrer peut être source de malentendus…
C’est la suite qui laisse pantois, avec l’utilisation du « camion polonais » comme nouvel avatar du célèbre « plombier polonais », le héros de la campagne française sur le traité constitutionnel européen, en 2005. Bollée enchaîne en effet en ces termes :
« De ce point de vue, l’attaque de Berlin est même un exemple cruellement “symbolique“ puisque c’est un camion polonais qui a été utilisé, habitué à passer les Etats sans contrôle ni surveillance particulière. »
C’est sûr que si Anis Amri, le djihadiste tunisien, n’avait pas trouvé un camion polonais sur une aire de parking berlinoise, il n’aurait pas pu dégoter un autre véhicule pour accomplir son massacre. C’est bien connu : il n’y a pas de camions en Allemagne. D’ailleurs, Mercedes Benz n’en fabrique pas…
Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Le camion utilisé est certes immatriculé en Pologne mais il était aussi de marque Scania. Un fabricant suédois dont la branche camions a été rachetée par Volkswagen. Ce serait-y pas la mondialisation la vraie coupable ? C’était bien la peine de vilipender François Hollande qui, au soir de l’attentat de Berlin, avait publié un communiqué incriminant l’arme du crime (« un camion a provoqué de nombreuses victimes ») plutôt que le criminel. Grâce à l’inspecteur Bollée, on sait maintenant la vérité : c’est le « camion polonais » le meurtrier."