L’exécution de James Foley, Steven Sotloff et David Haines par l'Etat Islamique (EI) pose la question du traitement des prises d'otages pour chaque pays. Lu ici, un entretien avec David Hornus, PDG de Corpguard, spécialisé dans l'assistance et la gestion des risques à l'international.
"Dans le traitement des otages, on dit souvent que la France paie tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni ne négocient pas.
Il faut être prudent sur les déclarations intempestives. La France continue à dire qu'elle ne donne pas de rançon et c'est important qu'elle garde cette posture.C'est vrai que les Anglo-saxons ne vont même pas parler avec les terroristes. Ils partent du principe que chaque ressortissant qui va dans une zone dangereuse doit gérer sa propre sécurité.
Comment les gens peuvent-ils veiller à leur sécurité dans ces zones ?
Ceux qui peuvent s'assurer font appel à des négociateurs comme moi qui s'occupent d'eux en cas de kidnapping, pour les localiser, et entamer des négociations avec les ravisseurs.
Nicolas Hénin (ex-otage français en Syrie) a déclaré que les États-Unis avaient complètement lâché James Foley alors qu'il avait un négociateur que je connais bien. Il a essayé jusqu'au bout de le sortir de là, lui et les autres. Je m'étais moi-même occupé de James Foley en Libye, les négociations n'avaient duré que 44 jours, mais ça a été plus complexe avec l'Etat Islamique (EI). Pour ceux qui n'ont pas d'assurance, ce sont nos impôts qui payent.
Quel est le coût de ces négociations pour les États européens ?
En Europe, ce sont 125 millions de dollars qui ont été donnés aux ravisseurs. L'Italie et la France ont payé des sommes exorbitantes pour leurs otages. Quand la France paye 18 millions d'euros pour quatre Français, nous, les négociateurs, arrivons avec des enveloppes de seulement 400, 500 000 euros. Nous ne sommes plus en mesure de négocier. L'attitude française est indirectement responsable du sort de Steven Sotloff et James Foley.
Faut-il parler des otages ou au contraire se taire ?
En France, les médias en parlent et les humanisent, ce qui est bien, mais en même temps cela augmente considérablement la valeur financière de l'otage.
Au contraire, les otages au Royaume-Uni ou aux États-Unis restent dans l'ombre, ce qui fait chuter leur valeur. On n'avait peu entendu parler de Steven Sotloff avant son exécution, alors que cela fait 16 mois qu'un négociateur s'occupait de son cas." […]