Guillaume Bernard, maître de conférence à l’ICES (Institut catholique d’études supérieures), analyse pour Famille chrétienne le mouvement né de la contestation à la loi Taubira :
"Il y a six mois, en novembre 2012, le mouvement a démarré avec
des militants, ceux qui étaient le plus politisés, au sens général,
dans des associations. Mais au fil des mois, toute une catégorie de
personnes, non politisées au départ, le sont devenues au point de
s’engager d’une manière ou d’une autre dans une action politique.
Globalement, cela correspond aux classes moyennes de droite, celles qui
habituellement ne descendent pas dans la rue. Or, en sociologie
politique, ce type de militantisme correspond à un degré élevé
d’engagement. Il y a donc là quelque chose de nouveau qui ne peut
qu’inquiéter l’exécutif, parce que si la mobilisation dure, c’est cet
effet « boule de neige » qui aura le plus d’influence sur la vie
politique à l’avenir.Les élections municipales de 2014 seront-ils un bon test de cette nouvelle donne ?
Pas
forcément, car il y aura 36 000 élections, soit autant que de
communes en France ! Il sera donc difficile d’en tirer une règle
générale et de dégager un mouvement d’ensemble à partir des résultats.
Il me paraîtrait donc dangereux, pour le mouvement actuel, de s’engager
dans une campagne pour les municipales, au risque d’être dilué dans un
grand nombre de situations locales.Quel autre avenir politique pour ce mouvement ?
Si le mouvement perdure, deux options sont possibles.
La
première, c’est de se constituer en parti. Mais cela me semble
dangereux car en France, un parti politique ne peut pas être
monothématique. Au-delà du mariage et de l’adoption, sur les autres
questions politiques, le risque serait celui de la division, voire celui
de caricaturer la doctrine catholique.La seconde
option est celle du groupe de pression ou d’influence, du lobby.
C’est-à-dire appeler à faire battre, ou à faire gagner des candidats,
mais aussi proposer des argumentaires et rédiger des propositions de
loi. Le tout afin de peser sur les partis et sur le vote des lois.L’idée de lobby n’est-elle pas taboue en France ?
Ce
n’est pas le cas à l’étranger. À Bruxelles, auprès de la Commission
européenne, ce sont des techniques d’intervention politique qui sont
institutionnalisées. Aujourd’hui en France, les catholiques représentent
environ 15 % de l’électorat au maximum, 4 % pour les pratiquants. Avec
ce type d’organisation, ils sont donc susceptibles de faire basculer une majorité.
Même si ce mouvement n’est pas confessionnel et mise davantage sur le
droit naturel. Car sinon, il y aurait le risque de tomber dans
l’augustinisme politique, c’est-à-dire de transposer des questions
morales ou dogmatiques dans le domaine politique.Concrètement, comment fonctionne un lobby ?
Cela
suppose une professionnalisation du militantisme politique. À titre
d’exemple, le principe est de ne lancer un argumentaire que si on est
capable de le décliner à différents niveaux : livres universitaires,
synthèse pour les décideurs, proposition de loi, tract, slogan… Cela
suppose une coordination de l’action, pour segmenter et toucher les
différents publics. Pour former un lobby, il faut donc trois
éléments : une base de militants et de donateurs – la Manif pour tous
semble bien pourvue de ce côté –, des leaders d’opinion qui incarnent ce
mouvement dans différents secteurs : les médias, la politique,
l’université ; et enfin une ligne, une stratégie.Que pensez-vous de la comparaison avec les Tea-parties aux États-Unis ?
Ceux-ci sont nés au sein du parti républicain américain,
dans un système bipartisan, et n’ont pu se développer que dans ce cadre
très monolithique. En France, la mobilisation est « transcourants »,
elle peut faire pression sur les différents partis. C’est sa force. Dans
La Manif pour tous, il y a principalement des membres de l’UMP, de la
démocratie-chrétienne et du FN. Pourquoi n’exister qu’au sein d’une
seule tendance ? Ce serait suicidaire. Ce qui inquiète l’exécutif, c’est
justement que différentes tendances se sont unies, et que désormais le
mouvement se politise : de « non à la loi Taubira », on est passé à « Hollande démission »… […]"
Bertrand
Dans la Manif pour Tous, il y a surtout des personnes attachées à la défense de la famille et du droit des enfants.
Les partis tentent de se mettre à la remorque de ce mouvement qui les dépasse totalement.
D’ailleurs, dans ces partis, tout le monde ne défend pas notre combat
LB
L’idée de lobby n’est pas taboue en France, puisque ce sont des lobbys que l’on ne peut nommer qui gouvernent. Le plus important étant même une société secrète, comment la démocratie peut-elle tolérer cela ?
Guillaume
La manif pour TOUS peut devenir un lobby légitime et efficace si et seulement si ce mouvement ne tombe pas dans le piège d’une récupération partisane par l’UMP, mais reste indépendant et ouvert à TOUS.
Tristan
Un lobby catholique ? Mais ça existe déjà ! et ils ne demandent qu’à se développer de plus en plus! à commencer par l’institut Civitas et il n’est pas le seul (ichtus…)!
Ne réinventons pas l’eau chaude en créant de multiples petites structures consommatrices en temps, argent et énergie sachant qu’il existe déjà des structures expérimentées avec de nombreux cadres formés selon la doctrine sociale de l’église et compétents.
Il y en a pour toutes les sensibilités! A moins qu’une sensibilité ne soit pas représentée…
merlin pimpin
C’est exactement ce qui se passe pour moi. J’ai la cinquantaine: j’ai découvert la politique sous Giscard puis au fil des ans je me suis laissée portée par une droite à gauche et une gauche à droite: cela me convenait parfaitement. Aujourd’hui j’ai repris le flambeau de la politique et je me rends compte qu’un gouvernement peut faire n’importe quoi en 2013 sous couvert d’idéologie soixanthuitarde… que je croyais bien loin derrière moi!
Je n’avais pas réalisé que ceux de mai 68 se retrouvaient aujourd’hui à des postes politiques importants….
Aujourd’hui je milite et j’initie à défendre des idées mes 3 enfants. Mes parents m’ont appris à être acteur pour faire avancer les choses et ne pas râler en se croisant les bras.
aujourd’hui la donne st différente: être acteur ne suffit plus, il faut être militant de chez militant….
voilà comment arrive la radicalisation des idées!
merci Mr Hollande d’avoir réveillé ma fibre patriotique!il était temps… surtout en ayant des enfants à qui transmettre cette fibre.
chadi
Merci cher Hollande de nous avoir donner la possibilite de reveiller notre amour de la famille on s’est tous unis enfants petits enfants pour nous defendre et a 68 ans on s’ECLATEN!ONLR
laurent
Faire un lobby catholique ??
Mais ICHTUS existe déjà et la Fondation de Service politique a essayé de faire cela en finissant lamentablement en structure annexe à l’UMP.
Il existe l’excellent Institut de formation politique d’Alexandre Pesey qui fait du très bon boulot.
Dans le domaine de l’Ecole ne parlons même pas des succès extraordinaire de la Fondation pour l’Ecole.
La Manif pour tous en lobby !? ridicule, c’est déjà un mouvement totalement récupéré par l’UMP je ne vois pas ce que cela apporterait…
Freddie
Je n’ai pas d’enfant et je suis athée, donc je n’ai rien à défendre personnellement sauf ma conscience et je manifeste, je manifeste, je manifeste… A bientôt au 26 mai.
Jeanne
Le lobbying devient obligatoire et n’est pas exclusif.
Les fdesouches l’ont négligé : on voit où cela nous a menés.
Nous avons laissé le champ libre aux “infiltrés-harceleurs” de tous bords qui noyautent l’oligarchie et détricotent la France et ses valeurs à la vitesse grand V.
La diabolisation ambiante atteint autant certains principes identitaires “Travail, famille, patrie”, que l’ensemble des patriotes. Il faut les remettre au goût du jour “courtoisement” pour être entendu.
Petite question subsidiaire : comment envisagez-vous l’avenir commun des “laïcs catholiques” et des “laïcs tout courts” ?
Don Camillo et Peponne, le retour ?
Aube
La manif pour tous a en effet les caractéristiques pour devenir un lobby efficace, puisqu’elle a su rassembler des tendances partisanes divisées (civitas, ichtus, le PCD, le bloc identitaire, etc.).
A seule condition de ne pas oublier ce qui fait son âme : le rattachement, le cramponnement à la Vie, à la Vérité, et à la voie qui y mène…
Son universalité est là.
François desvignes
Ce qu’il y a de bien avec les experts de notre futur c’est que leurs prédictions sont le négtif exact de notre avenir.
En fait, à la lecture de leurs prédictions, nos devins de la sociollogie politique nous prédisent exactement ce qui NE SE PASSERA JAMAIS EN AUCUN CAS.
Donc en aucun cas, notre mouvement ne deviendra un simple lobby, ou une force de contestation dans le système.
Mais tous ses inverses : au groupe de pression, une force révolutionnaire agissante, et pas dans le système mais contre le système.
En fait pour bien comprendre notre monde moderne, il suffit de lire les articles de nos experts avec des lunettes de dyslexique.
CA marche à tous les coups !