Dans Présent daté d'aujourd'hui, Jeanne Smits a interrogé le Pr Josef Seifert, de l'Académie pontificale pour la vie, sur la fameuse affaire de Recife. On y lira d'intéressantes réflexions sur l'excommunication, la charité, la doctrine de l'Eglise à propos du respect de la vie. En voici un avant-goût :
"J’aimerais vous soumettre l’argument d’un journaliste catholique français –que je précise ne pas partager– qui s’est montré très en colère à propos du geste de Mgr Cardoso Sobrinho : il a soutenu que tous ceux qui applaudissent l’archevêque participent d’une hérésie « vitaliste » qui exprime un respect excessif de la vie humaine biologique. Comment réagissez-vous à ce type de raisonnement ?
Je crois que l’hérésie vitaliste constitue un danger quasi nul dans l’Eglise aujourd’hui. Je crois que c’est bien plutôt l’hérésie de ce que Jean-Paul II appelait la «culture de mort» qui menace. Je ne comprends pas bien ce que veut dire ce journaliste mais s’il appelle le fait d’insister sur la dignité sublime et le caractère moralement contraignant de la dignité de chaque personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort une hérésie, il s’agit d’un emploi totalement abusif de ce terme. Et c’est spécialement cela que l’encyclique Evangelium vitae déclare – de façon dogmatique, puisque le pape invoque l’autorité de Pierre et de ses successeurs – très clairement : que la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort, doit jouir d’un entier respect sans exception, et que toute mise à mort directe d’une vie innocente est clairement un crime. De ce point de vue, je pense que toute déclaration qui relativise cette affirmation, comme le fait de dire que l’avortement thérapeutique est acceptable, ou qu’il y a incertitude sur le fait de savoir qu’il est permis ou non, est en réalité une hérésie «de mort» à la lumière de la déclaration dogmatique d’Evangelium vitae.
On peut bien sûr parler d’hérésie «vitaliste» dans le cas d’écologistes pour qui aucune forme de vie, même de vie bactérienne, ne doit être tuée. Si nous parlons d’un droit absolu de chaque organisme vivant, animaux ou plantes, alors il peut être question d’une «hérésie vitaliste» – comme quand on fait avec Brigitte Bardot un énorme scandale parce que des moutons sont abattus pour la plus grande fête religieuse des Musulmans au Maroc. Mais je crois que c’est un abus de langage choquant que de qualifier le respect entier et inconditionnel de chaque vie humaine d’hérésie. Il ne s’agit pas seulement d’un point de vue de l’éthique naturelle que Socrate a pu affirmer même en dehors du contexte de la Révélation, mais d’une doctrine de l’Eglise clairement affirmée, notamment dans Evangelium vitae."
Paul
Excellent!
clem
Merci pour ces infos ! Je commençais à avoir des doutes sur la position de l’Eglise à propos de l’avortement thérapeutique et cela devenait plutôt déstabilisant…
BELIN Y.
Dommage qu’il égratigne BB au passage (qui a fait du scandale sur la forme d’abattage particulièrement cruelle des moutons)…
BB, c’est aussi l’image de notre douce France des années 50…
Oxxident
Pouvez vous éventuellement faire un peu moins d’article sur les avortements ?
(suggestion de plusieurs lecteurs )
[Non. C’est un sujet suffisamment tabou dans ce pays qu’il est hors de question de faire l’impasse. 200 000 morts par an, cela ne mérite pas le silence. MJ]
Jacques
Cet article est intéressant mais ne sert à rien. Je constate que l’on ne parle plus que de ça chez les catholiques. Alors que nous avons un gouvernement qui mène la France à sa perte, les catholiques ne parlent que d’avortement, euthanasie, etc… Certes, le sujet est important mais il y a d’autres problèmes. On sait très bien que l’avortement est un meurtre. La question à se poser est donc: comment supprimer l’avortement? La réponse est: en supprimant la loi Veil de 1975 et en pratiquant une politique nataliste. L’avortement est donc une question politique et les catholiques devraient donc s’intéresser un peu plus à la politique. C’est par la politique que l’avortement sera supprimé et non pas par des marches pour la vie qui ne servent à rien (voir la situation aux Etats-Unis où le gouvernement impose l’avortement alors que la marche pour la vie rassemble des dizaines de milliers de personnes). Nous sommes tous d’accord sur le plan moral: l’avortement est un meurtre. Agissons sur le plan politique et nous pourrons alors supprimer l’avortement.
Gérard
La censure est devenue incontournable, même chez les cathos que j’avais quittés il y a un demi-siècle (je comprends mieux pourquoi), c’est pitoyable !
Jean-Marc
Cet article me semble intéressant et très utile, puisqu’il permet de poser le problème d’une soi-disant “hérésie vitaliste”. C’est une question fondamentale qui ne doit pas être négligée et sur laquelle insistent bien plus les végétariens que les écologistes en général, une question directement posée par un prix Nobel de la Paix, Albert Schweitzer avec le “respect de la vie”; ne disait-il pas :
“Je viens de tuer un moustique qui voletait autour de moi à la lumière de la lampe. En Europe je ne le tuerais pas, même s’il me dérangeait. Mais ici, où il propage la forme la plus dangereuse du paludisme, je m’arroge le droit de le tuer, même si je n’aime pas le faire. Le plus important, c’est que nous nous mettions tous à réfléchir à la question de savoir quand il est permis de nuire et de tuer… un grand pas sera franchi quand les hommes commenceront à réfléchir et parviendront à la conclusion qu’ils ont le droit de nuire et de tuer seulement quand la nécessité l’exige”.
(Lettre inédite d’Albert Schweitzer du 4 mai 1951 in Le respect de la vie – Bernard Kaempf)
voir aussi :
http://www.tribunal-animal.com/consciences/conscients/schweitzer.htm
http://www.avortementivg.com/article-25896491.html