Dans Présent, Olivier Bault a interrogé Lidia Lelle Meuwissen, 24 ans, militante pro-vie hongroise au sein de ProLife Hungary. Extrait :
La Constitution hongroise votée par la coalition Fidesz-KDNP en 2011 protège le caractère sacré de la vie dès la conception. Cela veut-il dire que l’avortement est interdit ?
La Constitution hongroise dit que la vie de la personne humaine est protégée à partir de la conception. Mais c’est la loi qui définit ce qu’est une personne, et la loi nous dit que le bébé est une personne à partir de 12 semaines de grossesse. Et donc jusqu’à la 12e semaine de grossesse, vous avez le droit en Hongrie de tuer votre bébé. En fait, il y a quatre conditions qui autorisent à avorter en Hongrie : quand la vie de la maman est en danger, quand le bébé est gravement malade ou handicapé, quand il a été conçu par viol, et, jusqu’à la 12e semaine, quand la femme est dans une situation économique ou sociale difficile ou dans toute autre situation rendant plus difficile l’accueil de l’enfant. Personne ne pose de questions à la femme souhaitant avorter si elle invoque cette quatrième condition.
Il n’empêche que le nombre d’avortements a bien baissé au cours de la décennie écoulée. Les gouvernements Fidesz-KDNP ne sont-ils pas malgré tout pro-vie ?
Non, je ne pense pas qu’ils soient pro-vie. Ils ne touchent pas à cette question. Les lois aujourd’hui sont les mêmes que celles avant 2010. Certes, le nombre d’avortement est en baisse, mais c’est toujours plus d’un enfant conçu sur quatre qui est avorté en Hongrie. En une année, nous avons environ 90 000 enfants et encore plus de 25 000 avortements. Par ailleurs, s’il y a moins d’avortements, c’est aussi parce qu’il y a moins de femmes en âge de concevoir. Mais comme les femmes hongroises veulent avoir des enfants de plus en plus tard, ce sont souvent des personnes de mon âge qui veulent avorter, par exemple quand elles sont encore à l’université. Il faut certes reconnaître que les politiques pro-famille, natalistes, du Fidesz ont un impact positif sur les personnes qui pourraient vouloir avorter pour des motifs économiques.
Pourquoi ne restreint-on pas la possibilité d’avorter comme l’a fait la Pologne en 1993 ? Le parti chrétien-démocrate KDNP notamment n’est-il pas ouvertement hostile à l’avortement ?
En fait, je n’ai pas de doute que, même au Fidesz, la majorité et aussi les leaders sont contre l’avortement. Mais c’est un sujet très sensible et ils ne veulent pas prendre de risques. Ils savent que s’ils touchent à cette question, ils pourraient perdre les prochaines élections. […]