Les Etats-Unis passent, à juste titre, pour un pays où le mouvement pro-vie est particulièrement florissant. Mais leur régime en matière d’avortement est le plus extrême parmi les pays occidentaux : il y est autorisé pendant les neuf mois de la grossesse, et pour n’importe quel motif. La Cour suprême américaine en a décidé ainsi en 1973 par l’arrêt Roe contre Wade, qui n’a pas seulement dépénalisé ou autorisé l’avortement mais en a fait un droit constitutionnel.
C’est pourquoi même les plus marginales des mesures législatives pro-vie peuvent être contestées devant les tribunaux. Aujourd’hui, le Planning familial américain demande à la Cour suprême de déclarer inconstitutionnelle une loi du New Hampshire qui requiert simplement que soit averti un des deux parents d’une jeune fille mineure subissant un avortement (v.o.). Une grande majorité des Américains serait favorable à cette loi (69% contre 28).
La décision de la Cour suprême permettra de faire un état des forces en présence : la vraie question n’est pas de savoir si les parents pourront continuer à recevoir un faire-part de la mise à mort de leur petit-enfant, mais si une majorité se dessine pour casser la monstruosité juridique qu’est l’arrêt Roe. Et peut-être d’y voir plus clair dans la philosophie des récentes désignations de Bush à la Cour : John Roberts et, s’il est confirmé par le Sénat, Samuel Alito.