Partager cet article

Culture de mort : Avortement

L’avortement, une responsabilité collective ?

Interrogé par VoxGalliae, Yves-Marie Adeline, président d’Alliance Royale, parti royaliste, rappelle que Jacques Toubon, après avoir qualifié de "loi scélérate" la loi Neiertz (qui punit le délit d’entrave à l’IVG) votée en 1993 par la gauche, s’est servi de cette même loi lorsqu’il fut ensuite garde des sceaux après 1995 pour faire appel contre le Dr Dor qui venait d’être relaxé.

Yvesmarie_adeline Mais, le plus important dans cet entretien, c’est lorsque Adeline considère que l’avortement est le fruit d’une responsabilité collective : ce n’est pas Simone Veil qui a fait l’avortement (et sa culpabilisation par "l’extrême droite" sur ce sujet relèverait d’un "antisémitisme latent" !), ni même le président Giscard ou le premier ministre Chirac, car l’avortement était déjà dans la mentalité générale. Et il en donne pour preuve l’absence de réaction des évêques de France (la comparant un peu rapidement à la réaction récente des évêques portugais).

S’il est vrai que l’opposition à l’avortement a été quasi-nulle durant les années précédant sa légalisation (et donc que les catholiques -clergé comme laïcs- portent une grave responsabilité), il faut rappeler à Adeline que la loi crée le droit et que, en 1974 la majorité des Français était opposée au crime de l’avortement. Enfin, parler de responsabilité collective dédouanne un peu rapidement les 284 députés qui ont voté cette loi (à droite, 105 députés sur 310, dont 26 centristes sur 52, 55 gaullistes (UDR) sur 174, 17 républicains indépendants sur 65 et 7 non-inscrits sur 19. La gauche avait fait bloc mais, minoritaire, elle n’aurait rien pu faire sans la droite parlementaire). Ajoutons que c’est cette loi qui a probablement coûté au président Giscard sa non-réélection.

A noter que sur le site de l’Alliance Royale, la famille et la liberté de l’éducation (propositions 10 & 11) sont conformes aux principes non négociables. Mais le problème du respect de la vie (avortement, bioéthique, euthanasie) brille par son absence. Yves-Marie Adeline n’aurait-il pas de projet dans ce domaine ?

Michel Janva

Addendum : Pierre Nicolas me fait justement remarquer que le concept de responsabilité collective est douteux en lui-même. En tout les cas, ce n’est pas une idée que l’on retrouve dans la théologie catholique. Dernier exemple en date, le Saint Père à Auschiwtz qui a clairement refusé toute responsabilité collective au peuple allemand pour les horreurs du nazisme. MJ

Partager cet article

13 commentaires

  1. Royaliste légitimiste, je pense que Yves-Marie Adeline (que je connais un peu pour avoir refait le monde avec lui le temps d’un dîner il y a quelques années)se fourvoit complétement en voulant faire progresser l’idée royale (qui est bien plus qu’une idée) par le vote démocratique… C’est incompatible avec la Monarchie française.
    Quant à cette idée d’une responsabilité collective des maux “légaux” que nous subissons, on pourrait dire, en tout cas, que nous avons les gouvernants et les représentants (qui votent ces lois) que nous méritons (ou tout du moins qu’une “majorité” aurait choisis et donc mérités)

  2. Ainsi donc, la société était “prête” pour l’avortement (pour son malheur) ? Il me semble que l’analyse d’Yves-Marie Adeline pèche sur plusieurs points : elle passe sous silence les intenses campagnes d’agit-prop qui précèdent ce genre de bouleversements révolutionnaires, avec leur cortège de manipulations et de mensonges.
    Elle me paraît trop imprégnée du positivisme juridique et de la vision sociologique de la norme qui veut que le droit se contente de suivre le fait, alors que la loi (juste ou injuste) favorise le fait, oriente les conduites.
    Il se trouve que Simone Veil a voulu être la figure emblématique du combat pour “l’ivg” sur le plan législatif : c’était son choix, et elle y reste aussi attachée (dans tous les sens du terme) que Martine Aubry aux 35 heures.
    Ceux qui changent les sociétés sont les minorités agissantes. Sans leur mobilisation, croyez-vous vraiment qu’un nombre croissant de Français aurait fini par croire (avant ou après la loi) que l’avortement est un droit ?

  3. Dans le lien auquel vous renvoyez sur l’opposition à l’avortement, ce passage concernant l’année 1973 m’a particulièrement frappé :
    “(…)l’association « Laissez-les vivre », créée par le célèbre professeur Jérôme Lejeune, fait signer 17000 médecins, 12000 élus et 10000 juristes pour la défense de la vie. Mais la presse donne plus d’écho aux 331 médecins et aux 343 femmes (favorables à l’avortement) qu’à ces 40000 signataires.”
    Le mot clé que je retiens, c’est “la presse”. Si les journalistes le veulent, l’avis de 331 médecins à plus de poids que celui de 17000 médecins. On a le même problème aujourd’hui avec les parlementaires pro-homoparentalité qui ont 10 fois plus d’audience que les 300 signataires de J-M Nesme.
    C’est incroyable comme des journalistes peuvent devenir les vecteurs principaux des choix familiaux et éthiques, alors qu’ils ne sont pas formés sur ce sujet. Et surtout, pourquoi “la presse” est-elle toujours composée d’hommes et de femmes qui vont majoritairement dans le même sens. Comment s’est composée cette micro-culture des rédactions, très homogène et hyper-influente sur les choix de société ? Et pourquoi se reproduit-elle toujours à l’identique ? Pourquoi, si souvent, journaliste = progressiste en matière de moeurs ? Cela mériterait une étude approfondie(dont évidemment personne ne parlera dans la presse…).

  4. Une fausse manipulation m’a empéchée de terminer mon commentaire.
    Les gouvernants tirent leur legitimité de leur aptitude à vouloir le bien de ceux qu’ils gouvernent, qu’ils “dirigent” vers ce bien commun.
    La loi doit donc être un gouvernail pour ceux qui sont sur le bateau France et non le résultat d’un vouloir populaire manipulé.
    Jeanne Smits a tout à fait raison de dire que ce sont les minorités agissantes qui sont le plus aptes à faire changer les choses et cela doit fonctionner dans les deux sens : agissons !

  5. La notion de responsabilité collective est vaseuse, c’est une des notions chéries des progressistes, ou de ceux qui ne se donnent pas la peine de rechercher les causes. Il est tout à fait étonnant de la voir invoquée par un homme qui se dit monarchiste, ce qui, en France, semble être associé à une pensée plutôt catholique et traditionnelle. De quel “collectivité” parle-t-il, il ne le dit pas, et pourtant la question est bien celle-là. Quelle est cette “mentalité générale”? Cette homme a une pensée très floue. Il paraît qu’il a écrit des livres, ses propos ne poussent pas à les lire!

  6. Il y eut une forte opposition à la loi sur l’autorisation de l’avortement. Je peux en témoigner.
    Sans doute, Monsieur Adeline veut-il dire que l’avortement se pratiquait, en fait, dans bon nombre de familles. C’est certain.
    En effet, selon moi, sauf rares exceptions, il s’agit de couples mariés, de grand’mères, de grand pères qui incitent, voire qui organisent et de femmes mariées qui consentent avec plus ou moins de liberté, plus ou moins de détermination, selon les cas pour elles-mêmes ou pour leurs filles. Il s’agit bien de familles avorteuses.
    Cette loi a fait changer les mentalités et a élargi le cercle des avorteurs, des familles avorteuses.

  7. Il n’est pas très honnête de sous-entendre que YMA ne pense rien de l’avortement, voire qu’il pourrait être pour. Il rappelle lui même dans l’entretien sur Vox Galliae qu’il a été condamné pour avoir participé à une action avec le docteur Dor. Un programme présidentiel est en cours d’élaboration qui devrait lever les doutes s’il est besoin.
    [Pardonnez-moi mais je n’ai pas écrit qu’il ne pense rien mais qu’il n’a pas de projet politique dans le domaine du combat pro-vie, ce qui est bien différent. En effet, il n’y a rien actuellement ni dans les positions exprimées sur le site d’AR qui ne soit du domaine pro-vie ni dans l’entretien donné à VG. Nous attendons donc le programme présidentiel. MJ]

  8. Sans vouloir donner raison à Yves Marie Adeline (il va sans doute trop loin en ce qui concerne la responsabilité collective), mais il est hélas vrai que l’opposition à la loi Veil a été un peu trop “molle”.
    Un exemple est frappant : en 1984, lors de la tentative par la gauche de légiférer sur l’école libre, les partisans de l’école privé ont organisés la plus grande manifestation de l’histoire de France et le gouvernement a reculé. Cette manif était essentiellement composée de catholiques, le clergé en tête et des hommes politiques de droite s’y sont mélé (il y avait même Simone Veil…).
    Pour l’avortement en 75 il n’y a pas eu cette mobilisation…seul quelques mouvements (prof Lejeune etc…) ont réagit mais ils n’étaient pas assez nombreux. C’est malheureux à dire, mais quand on touche à des institutions comme l’école libre on est capable de faire reculer un gouvernement très à gauche par des manifs géantes…Or pour les droits des foetus il n’y a guère de monde et un gouvernement de droite qui a un électorat en grande partie catho est capable de faire passer un texte pareil.
    Dans ce cas il faut bien reconnaître que les chrétiens ont une large part de responsabilité dans ce carnage…

  9. Il serait peut-être utile de demander clairement à Yves-Marie Adeline s’il souhaite abroger la loi Veil… Alors si le MPF, le FN, et YMA se débinent… où ira-t-on ? Il manque un parti politique à l’appel !

  10. Quand bien même il y aurait eu une sorte d’acceptation de l’avortement dans de nombreux milieux, cela ne justifie rien.
    Pascal le disait dans une bonne formule : “Il y a loin d’avoir des mœurs corrompues à corrompre la règle des mœurs.”

  11. 1 – Noël dit “C’est incroyable comme des journalistes peuvent devenir les vecteurs principaux des choix familiaux et éthiques, alors qu’ils ne sont pas formés sur ce sujet. Et surtout, pourquoi “la presse” est-elle toujours composée d’hommes et de femmes qui vont majoritairement dans le même sens”.
    Ce qui est moins croyable est de voir chez quelles publication on envoi les SUBVENTIONS…
    2 – Au lieu de nazisme, ne pourrait-on pas parler de National SOCIALISME et au lieu d’IVG, ne pourrait-on pas revenir au terme d’AVORTEMENT. Dans le domaine de la sémantique, nous jouons le jeu de nos adversaires.

  12. Pour répondre à la remarque de Michel Janva (rappel : “sur le site de l’Alliance Royale, la famille et la liberté de l’éducation (propositions 10 & 11) sont conformes aux principes non négociables. Mais le problème du respect de la vie (avortement, bioéthique, euthanasie) brille par son absence. Yves-Marie Adeline n’aurait-il pas de projet dans ce domaine ?) je vous invite à aller regarder la rubrique “questions fréquentes” du site de l’Alliance Royale où la position par rapport à l’avortement est clairement exprimée : La dignité absolue de la personne humaine est une donnée préalable au politique. Il n’est pas de son domaine de l’atténuer, il est par contre de son devoir de la protéger.etc (plus d’infos. sur le site).

  13. Nous sommes au fond quasiment tous d’accord avec Yves Marie Adeline sur la question de l’avortement. La polémique vient malheureusement de la confusion qui règne autour du terme de « responsabilité collective ». On la confond un peu facilement avec la « faute collective » qui suppose que nous ayons tous commis la même faute, ce qui est évidemment idiot. La « responsabilité collective » signifie pour moi tout autre chose, elle signifie que nous sommes responsables à notre niveau, à notre époque et là ou nous nous trouvons des dérives de la société dès l’instant où nous sommes capables « collectivement » de nous y opposer. C’est le sens de l’engagement des Chrétiens dans la politique. Le contre-sens fait bien entendu le jeu de tous les maniaques de la repentance collective : il n’y a repentance que s’il y a faute. Benoît XVI, d’ailleurs, sauf erreur de ma part, ne conteste pas explicitement la notion de responsabilité collective. Il se contente de nier celle du peuple allemand dans la Shoah, celui-ci ayant été « utilisé et abusé » par des « criminels ». Pour revenir à l’avortement, nul ne conteste que les vrais fautifs sont ceux qui ont voté ou influencé la loi Veil. Mais évitons de nous laisser abuser par les termes, et, sous prétexte qu’il n’y a pas de « faute collective », de nous dédouaner de toute « responsabilité collective» sur des boucs émissaires. Notre responsabilité face au scandale de l’avortement demeure tant que nous sommes capables d’agir, aujourd’hui et collectivement. Yves-Marie Adeline n’a-t-il pas assumé cette responsabilité en militant pour la vie, ce qui lui a valu d’être condamné avec le Dr Dor, et en fondant un parti politique qui repose la question institutionnelle en vue du bien commun ?

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services