Lu dans Présent :
"Les élections municipales des 23 et 30 mars prochains se doubleront d’un enjeu que beaucoup d’électeurs ne perçoivent pas toujours très clairement : celui du contrôle des agglomérations et de l’ensemble des structures intercommunales, « lieux de pouvoir aussi importants que méconnus ». Entre le 31 mars et le 2 mai prochains, seront pourtant désignés les exécutifs des 2 145 structures intercommunales.
Dans plusieurs grandes villes, spécialement à Lille, Bordeaux, Marseille, Amiens, Reims, Saint-Etienne, Angers, l’UMP et ses alliés spéculent sur un PS en recul pour prendre la direction de communautés urbaines qui leur paraissent gagnables. Par exemple, dans le Nord-Pas-de-Calais, si le candidat de l’UMP et de l’UDI parvient à s’emparer de Tourcoing, comme certains sondages en indiquent la possibilité, Martine Aubry, même confortablement réélue dans sa ville, perdra néanmoins la présidence de la communauté urbaine de Lille.
A Marseille, prévient Jean-Claude Gaudin, l’élection du 30 mars « donnera les clés de la ville, de la communauté urbaine et, dès 2016, de la grande métropole ». Votée par les parlementaires fin 2013, la création de cette métropole Aix-Marseille réunira 93 communes et 1,8 million d’habitants.
Comme le notait récemment un journaliste politique : « La place prise par l’intercommunalité dans le débat public, quasi nulle, est inversement proportionnelle à son importance dans les politiques locales. Depuis plus d’un siècle, les lois successives de décentralisation ont transféré des compétences essentielles des mairies vers les regroupements de communes, notamment le développement économique, l’aménagement du territoire, l’organisation des transports urbains, l’habitat, l’assainissement de l’eau. »
Autrement dit, les scrutins locaux sont un peu comme les élections européennes : les pouvoirs de décision ne se trouvent pas exactement là où beaucoup d’électeurs le croient. Ces derniers votent de plus en plus souvent pour des coquilles vides. Ou, du moins, de plus en plus vidées de leur substance décisionnaire. […]
Dans les municipalités, comme à Bruxelles, de transferts de souveraineté subreptices en transferts furtifs de compétences locales, le pouvoir politique s’anonymise… […]"