Dans cet entretien à Paris Match, le pape François déclare :
"Il est en train de se passer sous nos yeux à tous une tragédie humanitaire qui nous interpelle. Pour nous, chrétiens, les paroles de Jésus, qui nous a invités à le voir dans les pauvres et les étrangers appelant à l’aide, restent un commandement. Il nous a enseigné que chaque geste de solidarité envers eux est un geste envers lui. Mais dans votre question, vous abordez aussi un autre sujet très important : nous ne pouvons pas nous résigner à ce que ces communautés, aujourd’hui minoritaires au Moyen-Orient, soient contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs terres, leurs tâches quotidiennes. Ces chrétiens sont citoyens de plein droit de leur pays, ils y sont présents comme disciples de Jésus depuis deux mille ans, totalement insérés dans la culture et l’histoire de leur peuple. Face à l’urgence, nous avons le devoir humain et chrétien d’agir. Nous ne pouvons cependant oublier les causes qui ont provoqué cela, faire comme si elles n’existaient pas. Demandons-nous pourquoi tant de gens fuient, pourquoi tant de guerres et tant de violences. N’oublions pas qui fomente la haine et la violence, et également qui spécule sur les guerres, tels les trafiquants d’armes. N’oublions pas non plus l’hypocrisie de ces puissants de la terre qui parlent de paix mais qui, en sous-main, vendent des armes. […]
Le capitalisme et le profit ne sont pas diaboliques si on ne les transforme pas en idoles. Ils ne le sont pas s’ils restent des instruments. Si, en revanche, domine l’ambition déchaînée de l’argent, si le bien commun et la dignité des êtres humains passent au deuxième voire au troisième plan, si l’argent et le profit à tout prix deviennent des fétiches qu’on adore, si l’avidité est à la base de notre système social et économique, alors nos sociétés courent à la ruine. Les hommes et la création tout entière ne doivent pas être au service de l’argent : les conséquences de ce qui est en train d’arriver sont sous les yeux de tous !"