Extrait de sa réaction dans La Vie :
"Habemus Papam peut paraitre un film agressif, mais en fait il m'a plu. J'y ai vu une belle démonstration par l'absurde que l'Église, sans Jésus, n'est rien. Tout comme la foi, sans la vie éternelle. Nanni Moretti ne retient de l'Église que l'institution. Dans la première partie de son film, il nous montre un cardinal en pyjama qui s'adonne à une réussite, un autre qui se prépare un café, un groupe d'autres empressés de sortir du Vatican pour visiter une exposition et déguster une glace… Il n'y a là rien de scandaleux, mais c'est bizarre d'insister sur ces détails et de vider totalement la vie d'un cardinal de ce qui en est l'essence.
En entrant dans le conclave qui a élu Benoit XVI, je me suis confessé pour être dans la grâce de mon baptême au moment de l'élection, et j'imagine que je ne suis pas le seul à l'avoir fait… Au début, les cardinaux échangeaient sur une foule de sujets, les séminaires, l'oecuménisme, la situation en Chine ou en Afrique… Puis, ces débats épuisés, il ne nous restait plus qu'à nous tourner vers Dieu. Nous sommes entrés dans le silence et chacun, dans sa prière, demandait à Dieu de lui montrer celui qui serait le plus apte pour occuper ce poste. Chaque fois que je me rendais à la chapelle, elle était pleine.
Mais Moretti ne montre jamais un cardinal en prière. Quand vous videz notre vie de ce qui en fait le coeur, que reste-t-il, quel sens peut-elle avoir ? […] À la fin du film, le pape apparait au balcon, sur la place Saint-Pierre, et appelle à une réforme de l'Église. Et la foule applaudit. Certains y verront de l'audace de la part de Moretti ! Moi, je trouve cela plutôt risible. Qu'il faille réformer l'Église, c'est bien entendu ; que ceux qui en ont la responsabilité le tentent, tant mieux ; qu'un pape le dise, au premier moment où il apparaît en public, oui. Et encore, dans ce cas, mieux vaut attendre de faire que de dire. Mais, surtout, comment peut-on imaginer que le successeur de Pierre s'adresse aux fidèles sans parler de Jésus ? C'est absurde ! Comparez ce discours de Melville avec les premiers mots de Benoît XVI : « Je suis un humble ouvrier dans la vigne du Seigneur », ou avec le beau cri de Jean Paul II « Ouvrez toutes grandes les portes de votre vie au Christ. » Dès la première minute, le pape parle de Jésus ou cite l'Évangile, dont il est pétri !"
Marc
Excellent texte de Mgr Barbarin.
lulu
Habemus cardinalem !
XC
Analyse fine, pertinente et intelligente.
Merci Mgr, et merci au SB de nous le faire partager.
lebourg
la verité vous rendra libre
Irène
“Moretti ne montre jamais un cardinal en prière” dit le Cardinal Barbarin…
Mais les cardinaux n’ont-ils pas un peu trop surinterprétés la formule “quand tu pries, retire-toi dans la chambre”…
Les voit-on tant prier, ces cardinaux?
Par exemple, j’avais regardé sur KTO la venue de Benoît XVI à Lourdes. Après avoir écouté le Saint Père s’adresser à eux dans un amphi, les évêques français reviennent sur la prairie pour l’adoration eucharistique… Revisionnez les images… Combien se sont agenouillés, inclinés en passant devant le Saint Sacrement exposé?
Très peu.
Ca s’est amélioré après qu’un évêque (Mgr Castet de mémoire) ait fait une génuflexion. Revisionnez la vidéo, le Cardinal Bertone qui les suivait en a alors un sourire de soulagement, comme s’il pensait “tiens quelques uns de ces évêques quand-même croient à la Présence Réelle et font acte de vénération”.
Alors s’il en est en Italie des cardinaux, comme des évêques de France, il est normal que Moretti ne filme pas de cardinal en prière.
cyril Brun
Je voudrais répondre à Irène et à tant d’autres sur Internet ou peut-être serai-je plus avisé de dire derrière Internet. C’est tellement facile de jeter du fiel en permanence sur les personnages publics qui ne sont pas assez ceci ou trop cela. Tellement facile de le faire confortablement assis derrière son ordinateur et tellement, pardonnez-moi de laisser tomber l’expression, tellement lâche de le faire sous un psuedo anonyme.
La vérité n’a de poids que dans la lumière, sinon elle est utilisée par le démon. Et madame ou Monsieur Irène, vous êtes si nombreux à faire le jeu du démon par ce biais.
Entrez dans la lumière, au grand jour et au risque de votre vie, de votre situation, de votre réputation, allez prendre un de ces évêques par la main et mettez le avec vous à genoux devant le Saint Sacrement. Ce sera tellement plus utile et fructueux que ce fiel que l’on croirait issu de la bouche de Golias !
Messieurs et Mesdames les Irène, sortez donc de sous le boisseau, venez nous rejoindre et avec nous en prendre plein la figure, dans les tribunes, à l’Assemblée Nationale, au Sénat ou à l’épiscopat ! Mais vous ! seul, nominativement, comme toutes ces personnes que vous désignez par leur nom. Pas vous perdu dans la foule toujours anonyme, fût-elle battant le pavé des manifestations.
Pardon de sortir de la réserve que m’impose mes fonctions, mais un peu de courage et de lumière nous aiderait bien davantage.
Cyril brun