D’Olivier Bault dans Présent :
La Cour d’appel de Victoria a confirmé le 20 août la condamnation à six ans de prison du cardinal australien George Pell pour des faits d’abus sexuel sur mineur de moins de 16 ans. En principe, Mgr Pell ne pourra demander sa libération anticipée qu’au bout de trois ans et huit mois de prison.
Affaire conclue, donc ? Pas tout à fait…
Tout d’abord, le cardinal n’a cessé de clamer son innocence et il a 27 jours pour déposer un ultime recours devant la Haute Cour. Ses avocats ont fait savoir qu’ils avaient l’intention de le faire. Le porte-parole du Vatican a signalé que le Saint-Siège prenait acte du rejet de l’appel de son ancien trésorier, exprimant son respect pour le système judiciaire australien et pour les victimes de crimes pédophiles, mais attend l’épuisement de toutes les voies de recours avant de tirer des conséquences définitives vis-à-vis de son évêque.
Ensuite, la décision de la cour d’appel a été prise à deux juges contre un. Or, ainsi que le fait remarquer le chroniqueur du journal Herald Sun Andrew Bolt (qui avait déjà très durement critiqué les conditions du procès en première instance), le juge Weinberg, qui est ce juge dissident, est celui des trois juges qui avaient la plus grande expérience en matière pénale. Ainsi, la présidente de la Cour Anne Fergusson expliquait le 20 août qu’elle-même et le juge Chris Maxwell avaient estimé que le jury du tribunal de première instance avait pu statuer sur la culpabilité du cardinal « au-delà de tout doute », avec à ses côtés un juge Weinberg rempli de doutes, lui. La présidente Fergusson a eu beau assurer que le plaignant – victime présumée du cardinal – n’était « clairement pas un menteur », ni un « fabulateur », le problème est que ses témoignages recueillis depuis sa première dénonciation du cardinal Pell il y a quatre ans pour des faits qui auraient été commis sur lui-même et un autre enfant de chœur dans une cathédrale pleine de monde après la messe du dimanche, alors qu’il était archevêque de Melbourne en 1996, et aussi pour des attouchements alors qu’il était debout au milieu d’une chorale d’enfants, n’ont été confirmés par aucun témoin. Au contraire, plusieurs témoins ont assuré que l’archevêque n’avait pas pu se trouver seul avec ses deux victimes présumées au moment des faits qui lui sont imputés, juste après une procession dominicale. Et la deuxième victime supposée, décédée d’une overdose en 2014 à l’âge de 30 ans, aurait même assuré à sa mère avant de mourir n’avoir jamais été victime d’abus sexuels.
Face aux témoignages à décharge et aux contradictions du plaignant, le juge Mark Weinberg s’est dit contraint d’exprimer un avis divergent. En effet, a-t-il écrit, « la particularité de ce procès est qu’il reposait entièrement sur l’acceptation au-delà de tout doute de la crédibilité et la fiabilité du témoignage du plaignant », et « il a été demandé au jury d’accepter ses allégations sans que celles-ci ne soient confirmées par aucune source indépendante ». Or en ce qui concerne les dépositions du plaignant, remarque le juge Weinberg, celles-ci « pourraient à bon droit faire l’objet de critiques » car elles contenaient « des incohérences et des contradictions, et plusieurs de ses réponses n’avaient tout simplement aucun sens ».
Selon le journaliste américain catholique Michael Warren Davis, directeur du site Crisis Magazine, le cardinal Pell est victime d’anticléricalisme.
Mais selon un prêtre italien, le tribunal australien n’est que le bras armé d’accusateurs au sein de l’Eglise, qui lui reprochent d’avoir voulu mettre de l’ordre dans les finances du Vatican.
Néanmoins, le cardinal est serein et vit cette dure expérience comme une épreuve à offrir à Dieu. Depuis son entrée en prison, il a maigri, mais son état de santé est bon, il reste isolé pour des raisons de sécurité et se félicite de l’existence d’un vaste mouvement d’opinion convaincu de son innocence. Toutefois, il ne peut toujours pas célébrer la Sainte Messe, mais il se sent encouragé par la conscience des nombreuses prières récitées pour lui chaque jour.
Il est possible d’écrire au cardinal Pell :
George Pell
Melbourne Assessment Prison
317-353 Spencer Street
West Melbourne, VIC 3003
Australie
Il est obligatoire que sur l’enveloppe ne figure que « George Pell » en suscription, sans rien d’autre. Mais dans votre courrier, l’administration pénitentiaire acceptera l’appel « Éminence ».